Les Évangiles synoptiques rapportent que notre Maître, le Christ Jésus, après avoir enseigné le peuple sur le rivage de la mer galiléenne, voulut vers le soir passer à l'autre bord. La Bible nous dit qu'il entra dans une barque et que ses disciples le suivirent. Mais il s'éleva sur la mer « une grande tourmente. » Le bateau était couvert par les vagues, et le danger paraissait imminent. Fait remarquable, les vents et les flots en fureur ne troublaient pas la sérénité du grand Maître, qui dormait paisiblement à la poupe de l'embarcation. Le divin Entendement, dont l'amour est sans bornes, l'Entendement qui était « en Jésus-Christ, » se trouvait être, comme en toute autre occasion, le meilleur « abri contre la tempête; » en effet, lorsque les disciples réveillèrent Jésus en s'écriant: « Seigneur, sauve-nous, nous périssons! » — le Maître se leva, « il imposa silence aux vents et à la mer; et il se fit un grand calme. »
Dans l'existence humaine, la fureur de l'entendement charnel prétend quelquefois se manifester par les vents et les vagues — par un frénétique effort pour nous terrifier, ou nous ravir la paisible maîtrise que donne la conscience de l'Amour présent et puissant. Mais ces tentatives échouent lorsque le disciple est sûr qu'il a tout près de lui un port de salut. Notre rempart infaillible, c'est la réalisation de ce qu'est la loi divine, universelle, jamais en défaut; ainsi la terreur et l'agitation font place au calme et à la confiance.
Dans le vaste univers de l'Entendement, l'ordre et l'harmonie régnent sans exception: il n'y a point d'erreurs, d'accidents, d'échecs, de calamités. Il ne peut périr cet univers de l'Esprit, parfait, substantiel, à jamais gouverné par la loi divine. Il se déroule aux regards du chercheur sincère, pour lequel il devient un refuge contre les tempêtes de l'erreur et des conflits mortels. A mesure que la pensée se spiritualise, on goûte la paix indicible qu'apporte la présence de Dieu, clairement reconnue. Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, déclare, à la page 57 de Unity of Good: « Le refuge de l'homme est dans la spiritualité, “à l'ombre du Tout-Puissant.” »
Ézéchiel cite ces paroles réconfortantes: « Moi-même je paîtrai mes brebis et les ferai reposer, dit le Seigneur, l'Éternel... Elles ne seront plus la proie des nations; les bêtes de la terre ne les dévoreront plus; elles demeureront en sécurité, sans que personne les épouvante. » Aujourd'hui comme autrefois, Dieu est le conservateur de l'homme. Voici des siècles que les chrétiens admettent cette vérité, qui trouve un écho dans leur cœur; ils l'ont affirmée, méditée; pourtant ils sont comparativement peu nombreux ceux qui, aux heures de détresse, ont reconnu qu'ils bénéficient des rapports permanents et si beaux dont parle le prophète — qu'ils appartiennent au troupeau de Dieu, objet de Sa tendre sollicitude.
Grâce à ses labeurs, à son amour désintéressé, Mary Baker Eddy exposa la toute-puissance de Dieu — Son pouvoir qui protège et sauve le genre humain — en termes assez clairs pour qu'un enfant lui-même puisse les comprendre et en faire l'application. Dans son plus grand ouvrage, Science et Santé avec la Clef des Écritures, elle déclare (p. 387): « L'histoire du Christianisme fournit des preuves sublimes de l'influence vivifiante et du pouvoir protecteur conférés à l'homme par son Père céleste, l'Entendement omnipotent, qui donne à l'homme la foi et la compréhension nécessaires pour se défendre, non seulement contre la tentation, mais encore contre la souffrance physique. »
Pas à pas, les Scientistes Chrétiens sincères apprennent à reconnaître leur nature éternellement spirituelle; ils se rendent compte qu'ils sont en réalité les idées individuelles de l'unique Entendement, présent partout, en qui ils ont « la vie, le mouvement et l'être. » Cette conception spirituelle et vraie de l'homme qui demeure à jamais dans la conscience divine et qui est à l'abri de tout mal, s'obtient ici même et dès maintenant si d'une manière humble et fidèle, on suit le Chrétien par excellence, qui vint nous montrer le chemin. Le Maître était toujours conscient du fait que le bien dont la puissance est illimitée environne constamment l'homme, le protégeant contre n'importe quelle attaque du mal; aussi pouvait-il rassurer ses disciples et les encourager en disant: « Ne craignez point; » ou encore: « N'ayez point de peur! » Ce message réconfortant est bien nécessaire aujourd'hui; ils en ont besoin à chaque heure ceux qui sont enclins à trembler devant leurs chefs, ou ceux que terrifient les suggestions mentales erronées ayant trait à la contagion, aux accidents, aux maladies, aux revers, à l'insuffisance des ressources quotidiennes.
En Science, la crainte et l'anxiété n'ont aucune raison d'être; elles sont tout à fait étrangères à la pensée spirituellement éclairée qui reconnaît que le divin Amour est impartial, universel, infaillible — qu'on peut compter sur lui en toute circonstance et dans n'importe quelles conditions. Bien des personnes se rappellent ce qui se passa il y a quelques années dans la baie de Narragansett — un remarquable exemple de protection divine. La flotte était à l'ancre lorsque éclata soudain un violent orage, que les journaux et la T. S. F. n'avaient pas annoncé. Avant qu'on ait pu développer à plein la vapeur, plusieurs vaisseaux chassèrent sur leurs ancres; ils risquaient de s'entrechoquer, et le danger devenait grave. Le principal vaisseau de l'escadre était mouillé non loin de la côte, à proximité d'énormes roches qui s'élevaient au-dessus de l'eau, dans l'axe du navire. Son commandant, qui était Scientiste Chrétien, donna l'ordre de mettre toutes les chaudières sous pression; puis sans perdre une seconde il monta sur la passerelle, fit jeter la dernière ancre et fila du câble jusqu'à l'extrême limite de ce qui était possible. Tout en prenant ces mesures humaines, il s'efforçait de réaliser la présence du divin Amour, protection assurée contre la tempête, secours infaillible à l'heure de la détresse.
L'ouragan devint toujours plus fort et le navire, rapidement poussé dans la direction de la côte, arriva tout près des grandes roches. Ce qui aggravait la situation, c'est qu'un contre-torpilleur en radoub était amarré à proximité immédiate; et les spectateurs qui se trouvaient sur le rivage crurent que les deux bâtiments étaient voués à la destruction. Un groupe de personnes s'étaient rassemblées près des roches, et l'une d'elles dit à un parent du capitaine: « Rien ne peut les sauver maintenant! » « Dieu le peut, » lui fut-il répondu avec calme; et l'on demanda de l'aide à un praticien de la Science Chrétienne. L'appel eut une réponse immédiate. Le premier lieutenant qui surveillait les sondages monta sur la passerelle et dit qu'il n'y avait plus même un mètre d'intervalle entre la coque du navire et les rochers. « Si nous chassons encore, » ajouta-t-il, « tout est perdu. » Le commandant répondit à cela par une ferme déclaration de la vérité. A l'instant même, la dernière ancre s'accrocha à un rocher au fond de la mer et tint bon jusqu'à ce que les machines fonctionnant à plein permissent de faire avancer le navire vent debout, pendant toute la durée de la tempête; puis ce fut de nouveau le calme.
Par des faits de ce genre, le Scientiste Chrétien voit augmenter sa confiance, sa compréhension, son aptitude à savoir qu'on peut absolument compter dans tous les cas sur la puissance et l'amour de Dieu, qui nous sauve. Ces preuves indiquent qu'aujourd'hui comme autrefois, Ses enfants sont protégés, que Dieu les délivre des épreuves et des dangers « grâce à sa main puissante et à la vigueur de son bras. » A la page 1 de son Message to The Mother Church for 1901, notre bien-aimée Leader écrit, concernant ceux qui travaillent fidèlement pour Dieu et pour l'humanité: « Soyez assurés que le puissant bras de Dieu ne vous fera jamais défaut tant que vous êtes à Son service. »
Aux heures d'épreuve, quand tous les moyens matériels s'avèrent insuffisants et que nos efforts humains sont inefficaces, il nous faut plus que jamais être fermes dans la conviction du pouvoir actuel de l'Amour. Rappelons-nous alors ce verset du Deutéronome, ces paroles que prononça jadis le grand législateur hébreu: « Soyez forts et prenez courage; ne craignez point, et ne vous laissez pas effrayer par eux. C'est l'Éternel, ton Dieu, en effet, qui marche avec toi; il ne te délaissera point et ne t'abandonnera pas. » Ainsi nous serons continuellement guidés par notre Conseiller plein de sagesse et d'amour, par le divin Entendement tout-puissant; à travers les épreuves, les troubles, les bouleversements terrestres, nos cœurs chanteront un hymne de louange et d'actions de grâce à notre Père céleste, notre refuge et notre rempart assuré.
« Les bras éternels de l'Amour
Nous soutiennent et nous entourent;
C'est Dieu lui-même qui nous porte,
Sa force est notre seul appui.
« La peur et les vaines alarmes
N'atteignent pas ceux qu'Il protège;
Toujours son bras nous gardera,
En Dieu nous avons un refuge. »