La croyance que Dieu demandait à Son peuple des sacrifices matériels — cette fausse conception n'a-t-elle pas persisté de siècle en siècle, cachant aux hommes la seule chose que Dieu exige de leur part? Grâce aux clartés de la vision spirituelle, le prophète Michée avait vu et déclaré le devoir s'imposant à tous; mais comme beaucoup de ses prédécesseurs ou de ceux qui devaient venir après lui, il parlait à des gens qui ne le comprenaient pas. « Ce que l'Éternel demande de toi, » proclame Michée, « c'est de faire ce qui est juste, d'aimer la miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu. » Le prophète refusait donc toute valeur aux sacrifices matériels, quelles qu'en soient l'étendue et la nature; il engageait les hommes à ne rechercher que les qualités de l'Esprit s'ils voulaient vraiment adorer Dieu.
D'après cette révélation, la justice, la miséricorde, l'humilité représentent les seules exigences auxquelles il faille satisfaire; ces qualités manifestent la nature divine, et par elles chacun peut exprimer ce dont Dieu a réellement connaissance.
Les hommes ont exigé soit d'eux-mêmes soit d'autrui des efforts ou des privations considérables, allant parfois jusqu'au sacrifice de tout ce qui leur est cher; ils y étaient poussés tantôt par la croyance erronée que cela correspondait au décret divin, tantôt par un faux sentiment du devoir. Mais à moins d'avoir pour mobiles la justice et la miséricorde, ces exigences étaient toujours bien éloignées de la sagesse et de l'amour exprimant la nature de Dieu. « La Vérité, la Vie et l'Amour sont les seules exigences légitimes et éternelles qui s'imposent à l'homme, et ils sont des législateurs spirituels, contraignant à l'obéissance de par des statuts divins, » lisons-nous à la page 184 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy. Telles sont les seules exigences que tous les hommes doivent observer, mais elles n'impliquent pas le sacrifice de ce qu'ils chérissent à bon droit; par contre, il est indispensable d'abandonner ce qui s'oppose à l'être véritable si l'on veut connaître le moi spirituel avec sa beauté sans limite et ses incommensurables richesses.
Les statuts divins sont inéluctables et semblent pénibles aux mortels, qui saisissent lentement les normes que Dieu impose; mais ces statuts, quand on leur obéit avec intelligence, apportent la santé, le bonheur, l'exemption de tous les maux assaillant l'existence humaine. Les hommes consentent à de grands sacrifices pour satisfaire aux exigences matérielles; avec quelle lenteur, avec quelle répugnance ils abandonnent la tyrannie du matérialisme pour faire place aux conditions exigées par Dieu! A ces dernières, ils ne veulent souvent sacrifier que très peu de chose. Absorbés dans les efforts qu'ils font pour obtenir un sentiment temporaire de bien-être; cherchant, mais en vain, à étayer la seule conscience qu'ils croient être à leur portée, celle où s'allient les contradictions du bien et du mal — ils ne voient pas la condition éternellement exigée par Dieu, le déroulement ininterrompu de l'idée spirituelle parfaite, créée à Sa ressemblance.
Ils s'obstinent à lutter aveuglément pour satisfaire à ce qu'exige leur prochain, quelquefois pour étouffer ces exigences et faire prévaloir les leurs; en attendant elle passe inaperçue l'exigence spirituelle qui doit affranchir la pensée captive et réveiller ce qui paraît mort. Le Christ Jésus vit que souvent les hommes manquaient de choses dont lui-même reconnaissait le caractère légitime, et sachant que c'était le bon plaisir du Père, il leur rendait ce qu'ils avaient le droit de recevoir — la santé, et l'immunité à l'égard du mal. A tous ceux qui recherchaient sincèrement son aide, il prouvait que les seules choses devant être sacrifiées étaient l'infidélité et le mal commis sciemment.
Jésus s'acquittait de tous les devoirs imposés par Dieu; il savait que « le Fils ne peut rien faire de lui-même; il ne fait que ce qu'il voit faire au Père. » Il s'attendait aussi à ce que les autres fassent preuve comme lui d'obéissance et de consécration à l'égard des exigences éternelles.
Requérant chez les hommes la foi, le Maître à plus d'une reprise s'étonna de leur incrédulité; mais outre la foi, il exigeait encore la régénération. « Ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire, » dit-il. Il savait que c'est seulement ainsi qu'on peut obéir aux exigences immuables et légitimes du Principe. Pour l'humanité, Jésus le Christ est le Conducteur, enseignant ce que demande l'Éternel; et quiconque veut atteindre aux mêmes résultats doit suivre son exemple de justice, de miséricorde et d'humilité. Comme on verra disparaître alors les fausses responsabilités, les pronostics chargés de crainte, le martyre des vains sacrifices et de la souffrance! Il en sera ainsi, non parce que les hommes s'apercevront qu'il leur est peu demandé, mais parce qu'il leur est demandé le maximum: avec une incommensurable joie, ils peuvent donner sans limites, conscients de ce qu'ils ont à donner comme idée infinie de l'Entendement. Voici de quelle manière notre Leader expose ces faits (Miscellaneous Writings, p. 16): « Le Principe du christianisme est infini: en vérité, c'est Dieu; or ce Principe infini a sur l'homme des droits infinis, lesquels sont divins, non pas humains; et l'homme tient de Dieu la capacité d'y satisfaire. »
Abandonnant un sens d'aptitudes incertain, limité, et la crainte constante de l'inaptitude, le Scientiste Chrétien apprend à compter toujours davantage sur le Principe pour l'élimination du mal et l'établissement de ce qui est juste. Grâce aux lumières spirituelles, il apprend à voir ce que Dieu requiert, à prouver avec joie qu'il s'agit de restitution plutôt que de sacrifice; il s'aperçoit en outre qu'elles sont infailliblement mises à sa portée les choses que Dieu exige de l'homme.
