En assurant à ses fidèles disciples qu'il y a dans la maison de son Père beaucoup de demeures, le Maître bien-aimé voulait évidemment leur rappeler leur héritage spirituel. Ils étaient arrivés à un tournant où selon le témoignage des sens physiques, les perspectives comportaient peu d'espoir ou de joie. Bientôt la haine que le monde avait pour la Vérité s'abattrait sur leur cher Maître, dont les directions personnelles leur feraient défaut. Aussi leurs pensées étaient-elles sans doute remplies d'appréhension. Mais selon son invariable coutume, Jésus ne pensait qu'aux grands faits spirituels qu'il allait démontrer — d'où sa déclaration positive concernant la demeure de l'homme, éternellement harmonieuse.
Le remarquable pouvoir que le Christ Jésus exerçait sur le péché, la maladie et la mort ne fut pas généralement mis en œuvre à son époque, mais ses enseignements et les grandes œuvres qu'il accomplit n'ont pas été perdus. Ils préparèrent la conscience humaine pour la révélation finale de la Vérité, qui devait venir par une femme à la pensée spirituelle. Mrs. Eddy rétablit la religion chrétienne sur une base scientifiquement démontrable, indiquant aujourd'hui à quiconque veut l'apprendre comment on trouve les demeures célestes, c'est-à-dire un sens de vie plus large et plus satisfaisant.
Les Écritures ne contiennent guère de passages où la tendresse et la compassion se fassent mieux sentir qu'au chapitre quatorze de l'Évangile de Jean, et en particulier dans ces deux premiers versets: « Que votre cœur ne se trouble point; croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père; si cela n'était pas, je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. »
Faute de comprendre la loi divine sur laquelle reposent ces paroles, nombre de chrétiens ont conclu qu'il leur fallait attendre jusqu'après la mort pour avoir part à cette promesse réconfortante. Mais Jésus ne faisait point allusion à la mort comme devant préparer un meilleur sens de vie. Tout au contraire! Le Maître indiquait la possibilité de vivre ici même et dès maintenant dans les célestes demeures du penser spirituel et non dans les taudis des croyances matérielles. En disant: « Je vais vous préparer une place » — il pensait non pas à sa mort, mais au triomphe de la résurrection et de l'ascension. Il allait prouver cette chose qui éclairerait d'abord ses disciples, puis le monde entier: la Vie triomphe de la mort, l'Amour maîtrise la haine, non seulement dans l'au-delà mais sur le plan même où nous sommes.
« Que votre cœur ne se trouble point, » disait le Maître. Cet ordre peut sembler étrange à tels d'entre nous, qui demanderont: Comment puis-je n'être pas troublé quand je vois alentour tant d'afflictions et de souffrances? Ah! mais les paroles qu'ajoute le Maître nous montrent la marche à suivre: « Croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » S'il arrive que faute d'avoir compris l'infinie bonté de Dieu enseignée par la Science Chrétienne, on se trouve dans la peine, le remède consiste à tourner ses pensées vers Dieu et à les maintenir avec le Père. Jésus prouvait constamment le pouvoir de Dieu; aussi lorsqu'il disait: « Croyez aussi en moi, » il entendait sans doute qu'il nous faut utiliser comme lui-même le faisait le pouvoir du bien — la puissance du divin Entendement — pour vaincre toutes les formes du mal ou de l'affliction.
Si nous acquérons un domaine matériel, nous voulons que notre titre de propriété soit inattaquable; de même les disciples qui cherchent les demeures célestes reconnaissent la nécessité d'un titre authentique concernant leur héritage spirituel. Ils refuseront donc toujours d'écouter les faux prophètes qui s'étendent sur le pouvoir du mal, qui déclarent que les occasions de progrès sont limitées et que le pouvoir spirituel s'affaiblit. Ils refuseront également de permettre que les doctrines de la fausse psychologie, du mesmérisme, de l'hypnotisme et d'autres méthodes dites mentales obscurcissent la perception bien nette de leur vraie demeure. Les phrases pompeuses ne sauraient égarer les disciples qui distinguent le prétendu entendement mortel ou charnel d'avec l'Entendement divin, et qui voient clairement que les qualités de l'un sont en tout point contraires aux fausses caractéristiques de l'autre. Pour la rédemption, ces disciples ne comptent que sur le pouvoir de l'Esprit, de l'Entendement; ils s'efforcent sans cesse de purifier leurs pensées et de rendre plus claire leur compréhension spirituelle. Ils se rappellent ces paroles de notre Leader (Miscellaneous Writings, p. 140): « En ce qui concerne le champ de Dieu, nos titres de propriété seront inattaquables lorsque nous pourrons “saisir clairement ce qui nous donne droit” aux demeures célestes. »
Jésus savait que la foi des disciples allait bientôt subir une redoutable épreuve. La croix prendrait de grandes proportions, la mort et la haine sembleraient avoir vaincu la Vie et l'Amour. Ils seraient assaillis par les tentations de l'amertume et du découragement. L'assurance que le Maître leur donnait concernant les demeures célestes était nécessaire pour qu'ils ne cédassent pas au désespoir.
Par moments, le magnétisme animal veut faire croire aux Scientistes que le bien subit une défaite, et cette tentation ouvrirait la porte aux pensées d'amertume et d'espérances frustrées. Toutefois, ils se souviennent que si le mal semble posséder du pouvoir, ce n'est que d'après le faux témoignage du sens matériel; dès lors, agissant avec sagesse, ils se tournent vers les célestes demeures et prouvent que la Vérité triomphe. On a souvent posé cette question: Les Scientistes Chrétiens doivent-ils lutter contre le mal, ou feignent-ils de l'ignorer? A ceci, l'on pourrait répondre qu'ils ont parfois de grandes luttes à soutenir, et qu'ils remportent la victoire dans la mesure où leur vie exprime l'Amour divin. Il ne s'agit pas néanmoins de combats aveugles où nous lutterions sans espoir contre une inflexible réalité. Les Scientistes Chrétiens décident de maintenir leur réalisation de l'unité qui subsiste entre l'homme et Dieu, car ils savent qu'un rayon de soleil chasse l'obscurité sans aucune lutte, simplement grâce à son unité avec le soleil. Donc si leur cœur est rempli d'humilité, de joie, de reconnaissance, ils sont toujours sûrs de la victoire; en effet, le Psalmiste ne nous a-t-il pas donné l'assurance que nous entrerons « dans son temple avec des actions de grâce, dans ses parvis avec la louange »?
Quiconque entrevoit le vrai concept de la santé comme qualité de l'Esprit, ne désire pas revenir à la fausse notion de la santé en tant que condition corporelle, avec les craintes dont elle s'accompagne. S'il a goûté la vivante joie qui prend sa source dans l'Entendement éternel, le disciple ne songe point à retourner dans la triste ambiance où gouvernent les appétits blâmables. S'il connaît la paix et l'unité émanant du divin Amour, il refuse de se plonger à nouveau dans les discords et les conflits qu'entraîne la fausse croyance à plusieurs entendements.
Trouvons-nous notre foyer peu attrayant, nos affaires ingrates, notre tâche monotone, nos expériences au sein de l'église parfois décevantes? Rappelons-nous les célestes demeures où nous attendent d'incomparables occasions jointes à un pouvoir sans bornes pour parvenir à la véritable destinée de l'homme — où Dieu et non le sens matériel gouverne la pensée. Le manque de travail, la pauvreté, la crainte, la haine ne sauraient nous y suivre; aucun danger ne nous menace, aucune peine ne nous afflige; en effet, nous sommes en voie d'apprendre la leçon que nous donne notre Leader dans ce passage inspiré, qui se trouve à la page 3 de Pulpit and Press: « Ce qui constitue notre sécurité, c'est la certitude que nous habitons vraiment dans la Vérité et l'Amour, demeure éternelle de l'homme. Cette assurance céleste met fin à la guerre et fait cesser le tumulte, car le bon combat que nous avons soutenu s'est achevé, et l'Amour divin nous donne le vrai sens de la victoire. »
