«Que possède-t-il? » demande le passant après avoir croisé un homme connu pour riche. Et ce qu'on cite en réponse, c'est souvent une liste de choses purement matérielles; or regarder cette réplique comme juste tendrait à priver les hommes de leurs qualités spirituelles en négligeant le bien qui fait leur vraie richesse. Sous bien des rapports l'éducation reçue par les humains encourage l'acquisivité plutôt que l'habitude de donner. Jeunes et vieux cherchent à obtenir, quelquefois par des moyens peu recommandables, des choses qui sont périssables par l'usage. Et malgré la leçon que leur donne une telle fragilité, les hommes continuent leurs efforts pour acquérir ce qu'ils ne peuvent garder.
Les conditions mondiales actuelles exposent la vanité d'un faux sens de possession, n'amassant des biens que pour les voir disparaître. Nul n'est absolument sûr de conserver ces richesses matérielles, qui peuvent s'envoler d'un jour à l'autre. Du point de vue relatif, l'argent acquiert sa valeur lorsqu'on le fait circuler, qu'on le dépense. Autrement dit, il faut se dessaisir de son argent pour se procurer quelque chose par ce moyen. Tout cela est bien éphémère, et pourtant avec quelle ardeur les mortels recherchent cette prétendue substance matérielle! Quand le monde apprendra que la vraie substance se trouve non pas dans une forme de la matière, mais dans le royaume de l'Entendement, alors le problème des ressources sera résolu.
Dans un témoignage donné récemment, un Scientiste Chrétien dit avoir eu pendant des années un sens de pénurie; mais un jour qu'il voyait un écu, il se rendit compte que cette pièce avait non pas valeur intrinsèque, mais seulement la valeur qu'on lui attribue, laquelle est instable, éphémère; il comprit que la vraie valeur est uniquement dans les idées spirituelles. Aussi résolut-il d'honorer la valeur réelle et pas autre chose. S'attachant à ce vrai sens des valeurs, il vit bientôt se dissiper la croyance au manque, et trouva des ressources qui suffisaient amplement à ses besoins.
Avant de considérer les possessions véritables de l'homme, examinons certaines des erreurs qui nous trompent en nous donnant un faux sens de la richesse. S'il est sage, celui qui étudie la Science Chrétienne ne se préoccupe pas d'accumuler sans raison des choses matérielles; il démontre plutôt les ressources présentes qui lui assurent tout ce dont il a besoin. Il sait que rien ne lui manquera s'il trouve la substance dans l'Esprit, et qu'en cherchant à comprendre Dieu, à remplir son devoir envers l'église et le genre humain, il ne doit pas s'embarrasser de considérations uniquement pécuniaires. Mary Baker Eddy déclare (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 186): « Soyez certains que Celui en qui réside toute vie, toute santé et sainteté, pourvoira à tous vos besoins selon Sa richesse et avec gloire. »
Depuis quelques années, la crainte semble gouverner dans une grande mesure le penser du monde, car pendant une période critique les richesses matérielles ont fait défaut à leurs possesseurs. Parmi ceux qui étudient la Science Chrétienne, beaucoup ont vu disparaître les prétendus biens matériels; mais leur compréhension de la loi divine leur a permis de surmonter les alarmes en sachant que « l'amour parfait bannit la crainte. » Ils ont prouvé que Dieu leur donne le pouvoir de vaincre cet ennemi; ils ont refusé la suggestion d'après laquelle ils ne pouvaient résister à des attaques illusoires.
Sommes-nous satisfaits de nos possessions mentales? Comptons-les, examinons-les, voyons jusqu'à quel point la haine, l'envie, la passion, la convoitise, la dureté, la pénurie, la crainte, les critiques injustes, la maladie, le péché, la croyance à la mort, figurent parmi nos possessions irréelles; puis regardons les vraies qualités qui embellissent la vie et la rendent toujours plus utile. Le monde ne voit peut-être pas nos possessions mentales, mais nous devons les voir: il faut que nous nous en occupions pour chasser résolument celles qui sont nuisibles, pour entretenir et augmenter celles qui sont bonnes. Nous ferons bien d'aller dans le lieu où sont nos trésors pour examiner ces choses; entrons d'un cœur sincère dans toutes nos chambres mentales, écartons-en les erreurs que nous n'avons pas le droit d'entretenir; nettoyons chaque jour notre demeure mentale en notre pensée. Nous rencontrons sans doute de mauvaises habitudes mentales qu'il faut répudier, mais nous trouvons aussi dans le caractère humain de bons éléments dont nous nous réjouissons. Si nous ne faisons pas ce triage mental conforme aux enseignements de la Science Chrétienne, c'est parce que nous avons peur ou que nous désirons encore garder une faute cachée, car les erreurs commenceront à s'éloigner de nous dès que nous ouvrirons notre cœur pour les laisser partir.
Que de choses on a déjà dites ou écrites touchant les critiques injustes! C'est là une possession que nul ne devrait laisser dans son trésor mental. Y a-t-il une autre erreur dont l'effet soit plus déplorable que ce manque de bienveillance? Tout Scientiste Chrétien sincère fait des efforts pour arriver à la perfection; chaque travailleur désire naturellement l'assistance bienveillante de son prochain. Il a besoin d'encouragement et non de condamnation. Sans doute notre travail laisse encore à désirer; mais détruirionsnous, parce que son architecture n'est pas impeccable, la petite maison qui fait la joie d'un jeune enfant?
La critique destructive représente une habitude presque universelle; or nous devrions reconnaître que cette fausse possession ne mérite point d'être conservée; il ne faut pas lui permettre d'encombrer notre demeure mentale, ce qui nuirait tant à nous-mêmes qu'à notre prochain. Cette habitude entachée de pharisaïsme a si souvent blessé sans raison quelque cœur sincère! Nous devrions être charitables envers ceux qui sont accablés par de fausses croyances dont ils cherchent comme nous à se libérer. Alors dans la mesure où nos pensées deviennent vraiment constructives parce que nous voyons la vérité au sujet de l'homme, elles font du bien aux autres comme à nous-mêmes et nous attirent d'innombrables bénédictions.
L'habitude de colporter des nouvelles — acceptant et répétant un mauvais bruit au lieu d'examiner ce qu'il vaut à la lumière de la Vérité— serait une autre possession sans valeur. La Bible réprouve cette coutume: « Tu n'iras point médisant parmi ton peuple. » Elle dit également: « Le feu s'éteint faute de bois; ainsi quand il n'y a plus de rapporteurs, les querelles s'apaisent. » Quelle est notre attitude lorsque l'erreur murmure une accusation, peut-être fondée à vues humaines, contre un de ceux qui travaillent avec nous dans la vigne? Prenons-nous la lentille de la Vérité grâce à laquelle nos regards perceront l'erreur, ou aimons-nous à répéter ce que nous avons entendu? Supposons que la personne au sujet de laquelle ce bruit circule vienne chez nous en qualité de patient: comment agirions-nous à son égard et comment traiterions-nous l'erreur? Sans doute nous serions obligés de faire ressortir le néant de l'erreur et de prouver au patient qu'en réalité il est l'image de Dieu, quoique les sens physiques ne s'en rendent pas compte. Si cette attitude est nécessaire de praticien à patient, elle est essentielle entre tous les hommes.
Découvrir l'erreur ne présente pas toujours de grandes difficultés; et le travail du Scientiste Chrétien exige que l'erreur soit découverte pour que son irréalité se démontre. Si nous agissons de la sorte, nous n'accepterons pas la tentation qui veut nous induire à colporter des nouvelles; en effet, lorsque nous prouvons l'irréalité de l'erreur, il ne reste plus rien à rapporter. Nous devons donc reconnaître que le bavardage est une fausse possession.
Tout ce que nous croyons réel reste dans notre conscience et devient ainsi l'une de nos possessions. Si nous avons accumulé des choses mauvaises, nous pouvons heureusement grâce à la Science Chrétienne prouver qu'elles sont irréelles, qu'elles ne font point partie de Dieu ou de Ses dons. Le réel ne se trouve que dans le domaine de l'Esprit. Par conséquent, lorsqu'une possession mentale n'est pas d'accord avec les normes divines, nous pouvons savoir que c'est une fausse croyance; puisque nous sommes les enfants de Dieu, crées selon la ressemblance de l'Entendement, nous sommes libres à l'égard de toutes les déclarations erronées. Mais il ne suffit pas de reconnaître que telle possession est fausse: ceci représente à peine une demi-victoire. Il nous faut exposer l'erreur, en comprendre l'irréalité, et la détruire. Nous ne devons pas lui permettre de nous faire accroire que nous ne saurions la détruire par la vérité; sans accepter les prétentions d'opiniâtreté ou de résistance que l'erreur émet, nous devons entreprendre l'heureuse tâche qui consiste à chasser graduellement tout ce qui est dissemblable à Dieu.
S'il est sage de démasquer les possessions impures de l'entendement mortel, il est également sage et plus agréable d'entrer là où sont les trésors que contient le royaume du réel, pour compter les possessions qui nous appartiennent en tant qu'héritiers de Dieu, « cohéritiers de Christ. » Ce faisant, quelles merveilles s'offrent à nous! Nos pensées se transforment « à son image, de gloire en gloire, par l'action de l'Esprit du Seigneur, » comme le dit la Bible; nous voyons que l'homme est parfait, immortel; qu'il possède la joie, la compréhension, une liberté sans bornes pour vivre et pour apprécier le bien; qu'il est un avec l'unique Entendement, l'Amour infini. Ce sont là des possessions divines qu'il nous faut saisir et ne jamais abandonner. Nous devons être heureux et reconnaissants d'avoir par réflexion ces idées infinies, ces qualités du bien, que nous pouvons posséder d'une manière conscience si nos regards se détachent de la matière pour s'élever jusqu'à la présence divine. Nous devons comprendre que notre vrai moi est admirable, riche en idées spirituelles, car nous appelons Dieu notre Père-Mère. Dans le passage suivant, Mrs. Eddy expose fort bien la perfection de l'homme (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 76): « La joie impeccable,— la parfaite harmonie et l'immortalité de la Vie, possédant outre mesure la beauté et la bonté divines sans aucune douleur ni aucun plaisir corporels, voilà ce qui constitue le seul homme véritable et indestructible, dont l'être est spirituel. »
Paul a dit: « O profondeur de la richesse, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont impénétrables et ses voies incompréhensibles!... C'est de lui, et par lui, et pour lui, que sont toutes choses. A lui soit la gloire, dans tous les siècles! »