Au moment de se mettre à table le capitaine d'un paquebot transatlantique, dit un jour aux passagers qui dînaient avec lui: “Le baromètre baisse, le mauvais temps a l'air de nous menacer.” Une dame demanda avec quelque anxiété: “Y aura-t-il une tempête? Pensez-vous qu'il y ait du danger?” “Il y aura peut-être une tempête,” répondit le capitaine, “mais il n'y a aucun danger. Nous sommes toujours prêts pour ce genre de choses.” Cela fut dit avec une calme assurance, et la passagère fut aussitôt soulagée de sa crainte.
L'incident ci-dessus pourra servir à illustrer l'élimination de la crainte par l'assurance d'une préparation convenable. Inutile de dire que ce fut la paisible confiance du capitaine qui amena un sens de sécurité. L'étudiant de la Science Chrétienne pourra puiser dans cette illustration une leçon utile, d'accord avec le Principe divin, grâce à laquelle il acquerra la qualité de pensée conforme au titre de cet article. Ne devrions-nous pas faire chaque jour l'inventaire de nos défenses mentales, pour voir dans quel état elles sont, savoir si elles sont imprenables et peuvent soutenir la fureur du mal lorsqu'il les assaille? A bord du vaisseau en question, le capitaine faisait chaque jour inspecter à fond tous les départements. De plus, à tout moment du jour et de la nuit une garde vigilante était montée, dans certaines parties du vaisseau, et la première chose exigée de la part de ceux qui montaient la garde était l'obéissance au devoir.
La Découvreuse et la Fondatrice de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, a écrit dans Miscellaneous Writings (p. 117): “Dieu est la source de la lumière, et Il illumine le chemin lorsqu'on est obéissant.” Le premier pas donc, et le plus important, pour être prêt à affronter les tempêtes de l'entendement mortel pendant notre voyage vers l'Esprit, c'est l'obéissance au Principe divin. Il est bon de toujours nous souvenir de cela, car en obéissant avec amour aux demandes de la Vérité, notre sentier est illuminé, nous discernons plus clairement les obstacles qui paraissaient nous assaillir, et par conséquent il nous est plus facile de nous prémunir contre eux. Ce qui donne le plus à faire, c'est invariablement l'erreur qui se cache; et la nature subtile de l'erreur est telle que, sans l'illumination spirituelle que donne une stricte obéissance à la loi divine, le mal pénètre souvent dans la conscience sous le masque du bien. Un faux sens de sécurité peut être ainsi entretenu, et le voyageur inconsidéré s'étonne parfois de ce que ses progrès soient lents, douloureux peut-être. De plus, à moins que cette phase d'erreur ne soit discernée et détruite, on peut être cause que d'autres trébuchent et tombent.
L'étudiant sincère de la Science Chrétienne apprend bientôt que l'illumination spirituelle, qu'apportent la compréhension des lois du Principe divin et l'obéissance à ces lois, nous donne le pouvoir non seulement de discerner la nature des erreurs qui prétendent se présenter à nous, mais encore de prouver leur néant. La prémisse dont toutes les conclusions scientifiques sont tirées dans la Science Chrétienne est la totalité de Dieu. Dieu, le bien, étant Tout-en-tout, comment le mal peut-il avoir de la réalité? Comment peut-il avoir une existence, occuper une place quelconque? Il ne le peut pas. Cette logique est irréfutable, et peut toujours se démontrer dans la Science Chrétienne. Le mal étant une négation, le contraire supposé de Dieu, du bien, il peut seulement tromper, ou sembler être quelque chose, parce qu'on ignore la vérité au sujet de sa nature illusoire, de même qu'un mensonge peut tromper si l'on ignore la fausseté de ce mensonge. Cependant, jusqu'à ce que le monde soit prêt à remplacer son mode de penser matériel par le mode spirituel, vrai et pratique, enseigné par la Science Chrétienne, le mal continuera ses tentatives de tromper le genre humain par ses fausses prétentions. Il incombe donc à ceux qui comprennent dans une certaine mesure la vérité de l'être de se tenir toujours en éveil et d'être prêts à démontrer que la vérité vivante est la seule et unique réalité. C'est là une responsabilité qu'il faut accepter joyeusement.
Le marin à son poste accepte sa responsabilité sans hésitation, et d'habitude avec un sentiment de fierté relativement à l'accomplissement de son devoir. Ne devrions-nous pas, ayant reçu les ordres de celui qui a dit: “Ce que je vous dis, je le dis à tous: Veillez!” être tout aussi assidus en ce qui concerne notre devoir, nous tenir sur nos gardes contre les nombreuses prétentions erronées du mal? Sûrement, nous devrions être toujours si bien préparés que, lorsque le mensonge appelé mal semble menacer, non seulement dans des cas individuels, mais encore dans les affaires sociales, politiques et religieuses; quand ce mensonge paraît hébéter le penser de nombreux citoyens du pays, en temps de crises, soit civiques soit nationales — périodes où le penser intelligent et juste est tout à fait indispensable — nous soyons prêts, par l'illumination spirituelle que donne une obéissance docile, à faire pleinement notre part du grand travail qui consiste à démontrer le néant du mal, à cause de la bonté et de l'amour omnipotents de Dieu.
Cette vigilance exige que nous soyons toujours préparés. La domination que Dieu nous a donnée se trouve dans cette voie. Le penser juste, chrétiennement scientifique, communique un pouvoir incommensurable, et c'est le privilège de l'homme à la ressemblance de Dieu de refléter et d'exprimer ce pouvoir sans limite. Nous pouvons, et nous devrions, nous préparer à accomplir les œuvres “plus grandes” dont Jésus a dit qu'elles seraient faites par ceux qui croient en lui. Dieu est prêt à ce que nous les fassions. Jusqu'à quel point sommes-nous prêts — ou en voie de nous préparer? “La Divinité est toujours prête. Semper paratus est la devise de la Vérité,” écrit notre Leader à la page 458 de Science et Santé avec la Clef des Écritures; et plus loin, elle déclare à la même page: “Le Scientiste Chrétien dirige sagement sa course, et, honnête et conséquent, il se laisse guider par l'Entendement divin.” Cela nous met carrément en face d'une opération éminemment nécessaire, savoir, un fréquent inventaire de notre honnêteté et de notre consistance. La devise de la Vérité étant “Semper paratus,” pouvons-nous vraiment dire que nous sommes des Scientistes Chrétiens conséquents à moins d'avoir cette devise toujours devant nous lorsque nous prétendons être les enfants de Dieu, les reflets de la Vérité? Le monde a besoin de nous comme travailleurs consacrés et conséquents dans la vigne de Dieu. Ne différons pas alors en disant simplement que nous essayerons d'obéir au Principe, mais adoptons sans équivoque la devise de la Vérité, et résolvons de penser seulement aux choses qui sont vraies, honorables, justes, pures, aimables et de bonne réputation: nous serons ainsi toujours prêts à vaincre — en voyant le mal comme irréel et la Vérité comme bien omnipotent, omniscient et omniprésent.
“Semper paratus” devrait être la devise et le mot d'ordre de chacun de nous. Sans cela nous ne pouvons aller loin dans notre voyage vers le ciel; sans cela, nos démonstrations ne peuvent être que spasmodiques, la complète domination que Dieu nous a donnée ne saurait être revendiquée. Un strict attachement à cette devise nous permettra d'escalader les hauteurs et de surmonter pas à pas toute croyance de limitation. Le chemin est droit et resserré; mais quelles belles œuvres, quelle joie sans pareille peuvent être les nôtres si seulement nous voulons y marcher!