Lorsque l'étudiant de la Science Chrétienne tâche d'échapper à l'esclavage de l'entourage mortel qui semble l'envelopper, combien le mot “ciseler” lui annonce instantanément quel chemin il doit prendre pour obtenir l'affranchissement! Il ne voit plus sa prétendue vie matérielle comme un marbre non sculpté attendant que le coup d'un pouvoir surnaturel en fasse ressortir la beauté, la perfection et la conscience de la vie réelle; il voit plutôt son propre devoir et sa capacité de manifester son vrai moi, qui a toujours coexisté avec Dieu. Lorsqu'il se rend compte de ce privilège et de cette responsabilité spirituels, il apprécie la perception claire de Mrs. Eddy, qui dit: “Nous sommes tous des sculpteurs, et travaillons à des formes diverses, modelant et ciselant la pensée” (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 248), et qui cite, en poursuivant cette idée, un certain poète (People's Idea of God, p. 7):
“Des sculpteurs de la vie, voici ce que nous sommes,
Nous avons devant nous nos vies non sculptées,
Nous attendons l'heure où au commandement de Dieu
Le rêve de notre vie passe au-dessus de nous.
Si nous le sculptons alors sur le marbre
Qui cède à maintes incisions hardies,
Sa beauté céleste nous appartiendra,—
Nos vies seront cette vision d'ange.”
Il y a une corrélation étroite entre les paroles de notre Leader et le commandement des Écritures de travailler à notre salut. L'erreur d'attendre d'être guéri au lieu de travailler à son salut, est un argument de l'entendement charnel, qui, selon la croyance, cherche toujours à entraver la croissance spirituelle. Une telle inactivité est la conséquence de ce qui s'appelle “la fausse théologie,” et est fondée sur la croyance erronée que le sacrifice de Jésus a complètement payé la peine pour le péché, et que tout ce qui est exigé des mortels, c'est de “croire.” L'histoire du paralytique qui était couché près du réservoir d'eau, s'attendant à être guéri d'une maladie dont il avait souffert pendant trente-huit ans, est un bon exemple de la différence entre la vraie activité et la fausse. Cependant il fut guéri lorsque Jésus refléta le pouvoir spirituel d'une “pensée scientifique et juste” ainsi que le disent les paroles de Mrs. Eddy à la page 9 de Rudiments de la Science Divine.
C'est précisément cette différence entre la conception que l'on a de soi-même comme marbre non ciselé et celle qu'on a comme sculpteur qui détermine l'harmonie ou la discordance. Lorsque l'étudiant de la Science Chrétienne se rend pleinement compte de l'orientation qu'il doit prendre pour procéder, il cherche aussitôt le ciseau de la compréhension spirituelle et il commence joyeusement à faire son travail. La première et grande chose qu'il faut désirer dans ce travail, c'est de toujours avoir dans la conscience le modèle parfait du moi divin et ses attributs.
Dès que l'étudiant aura acquis cette vraie notion du modèle parfait, il commencera à enlever avec son ciseau les parties déplaisantes qui obscurcissent le modèle parfait, et ainsi la forme divine, qui existait “avant qu'Abraham fût,” commencera à se manifester. Bien qu'il fasse sérieusement le travail qu'il vient de trouver et qu'il soit gouverné par un désir intense de manifester un caractère divin, il perd quelquefois de vue le modèle parfait, et un confrère-sculpteur, plus avancé que lui,— un fidèle praticien ou professeur,— appellera peut-être son attention sur quelque saillie angulaire à laquelle son ciseau aura échappé. La conclusion qu'on tirerait naturellement serait qu'une marque de tendresse fraternelle serait instantanément accueillie, et que la pensée du sculpteur serait pleine de gratitude. Mais à moins d'être bien vigilant à ce point, il se laissera peut-être manipuler par les arguments de l'entendement mortel: la propre justice, les sentiments blessés et une profonde déception de ce que l'excellent travail déjà accompli ne soit pas mieux reconnu et apprécié.
Après avoir, pendant quelque temps, fermé les yeux sur les affectueuses injonctions, et après avoir perdu beaucoup de temps et fait d'inutiles efforts, le sculpteur commence à apprécier le grand service que des amis aussi réels lui ont rendu; alors, non seulement il accueillera l'aide, mais il la cherchera vraiment. Dès ce moment-là, le travail d'enlever au ciseau les défauts qui enlaidissent le marbre sera rapide, et il se trouvera dans la position à laquelle Mrs. Eddy fait allusion lorsqu'elle parle de la joie de voir disparaître les “fausses limites” (Science et Santé, p. 324).
La différence entre le marbre non sculpté qui attend la ciselure et le sculpteur qui fait la ciselure, est simplement la différence entre la fausse théologie et la Science Chrétienne, et c'est là une différence qu'il est fort important de comprendre, attendu qu'elle porte en elle soit le succès soit l'échec. La première notion encourage l'étudiant à s'attendre à la volonté d'un Dieu personnel fini, qui, après avoir été beaucoup importuné, entreprendra peut-être le travail de ciselure, contrairement à la compréhension spirituelle acquise grâce à la Science Chrétienne,— compréhension qui permet de travailler à son propre salut, de produire le modèle dans sa perfection, et de finalement se conformer absolument au modèle “qui t'a été montré sur la montagne.”
La situation se résume entièrement par ces paroles de notre Leader (Science et Santé, p. 4): “Simplement demander que nous puissions aimer Dieu ne nous Le fera jamais aimer; mais le désir ardent d'être meilleurs et plus saints, exprimé par une vigilance quotidienne et par des efforts pour nous assimiler plus du caractère divin, nous formera et nous façonnera à nouveau, jusqu'à ce que nous nous éveillions à Sa ressemblance.” Que les dernières paroles de cette citation sont bienfaisantes: “jusqu'à ce que nous nous éveillions à Sa ressemblance”! Non seulement elles indiquent le vrai chemin du salut, mais elles renferment aussi le fait que toutes les discordances de la terre ne sont que les chimères irréelles d'un rêve mortel irréel, dont saint Paul dit si à propos que c'est un voile aveuglant, et “que c'est en Christ” qu'il disparaît “ce même voile,” ainsi qu'il le déclare.
