Si nous entreprenions de déterminer les raisons pour lesquelles toute la chrétienté célèbre la naissance du Sauveur, les réponses différeraient les unes des autres, et l'une des principales serait probablement celle-ci: Parce qu'elle marque le commencement de l'expérience terrestre de celui qui, plus que tout autre ayant vécu sur terre, a reconnu le plus complètement la paternité de Dieu et, par conséquent, la fraternité des hommes. Dieu étant le Père de tous, et tous ayant un Père commun, ils sont frères dans le vrai sens de la fraternité. Ce fait fondamental établit la vie et les œuvres de Christ-Jésus. Son ministère entier, y compris toutes ses manifestations merveilleuses et ce qu'elles renferment de précieux, tourne autour du grand fait de Dieu, le Père de tous.
“Moi et le Père, nous sommes un,” dit Jésus aux Juifs qui essayèrent par leurs sophismes de le prendre dans un piège. Et lorsqu'ils l'accusèrent de blasphémer parce que, ainsi qu'ils l'affirmèrent, il se faisait Dieu lui-même, il répliqua: “Comment dites-vous que je blasphème, moi que le Père a consacré et qu'il a envoyé dans le monde,— parce que j'ai dit: Je suis le Fils de Dieu...? Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez point.” Quelles paroles pourraient mieux exprimer la paternité de Dieu? De plus, lui que Dieu avait sanctifié, et qui connut le Père comme aucun autre ne L a connu, déclara, en maintes occasions et en bien des circonstances diverses, sa filialité à l'égard de Dieu. Mais Jésus ne limita pas la relation de Dieu en tant que Père à lui seul. Il déclara avec la même emphase la paternité de Dieu pour les autres. “N'appelez personne sur la terre votre père; car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est dans les cieux,” dit-il, s'adressant à ses disciples aussi bien qu'à la multitude. Maintes et maintes fois Jésus proclama, tant directement que par implication, la paternité commune de Dieu. De plus, il se rendait sans cesse compte du fait transcendant qu il avait été envoyé par le Père; qu'il était venu conformément à la volonté de Dieu. Il avait toujours conscience de la présence divine, et s'efforçait constamment de “vivre en la présence de Dieu.”
Jésus vécut si complètement dans la conscience du Père omniprésent et omnipotent qu'il pouvait avoir recours à l'aide divine en tout état de choses. C'est en vertu de sa réalisation de la sérénité immuable du divin qu'il apaisa la tempête; de même, c'est grâce à son assurance sans égale de l'opération de la loi spirituelle que, “sans farine ni monade,” comme le dit Mrs. Eddy à la page 90 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, il nourrit les multitudes avec quelques pains et quelques poissons. Lorsque, cette nuit fatale, sur le versant de la montagne des Oliviers, les émissaires de la loi vinrent se saisir de lui, bien qu'il se rendît sans résistance, il dit à saint Pierre que, s'il le voulait, il pourrait faire descendre des forces assez grandes pour les écraser complètement. Il se soumit à leur volonté, prévoyant les outrages qu'il aurait à supporter et la démonstration qu'il aurait à faire afin de remplir sa mission en qualité de Sauveur et de Guide de l'humanité.
Quelle est la signification de ce grand fait de la paternité de Dieu, relative à Christ-Jésus ainsi qu'à l'humanité? De même que Christ-Jésus réclama cette relation divine pour lui-même, de même l'humanité entière peut réclamer pour elle l'origine divine de l'homme, sa filialité à l'égard de Dieu! Non pas le sens mortel, matériel de l'homme! Non, loin de là! On aurait de la peine à se représenter Dieu comme créateur d'une créature si frêle et si faillible. L'homme né de la femme, dont Job dit qu'il “a la vie courte Et il est abreuvé d'angoisses,” n'a aucunes des caractéristiques du fils de Dieu. Les enfants de Dieu sont spirituels, les idées parfaites de l'Entendement,— parfaites et harmonieuses,— coexistantes et coéternelles avec Dieu. Ils possèdent par la réflexion toutes les qualités, tous les attributs, de Dieu. Que c'est merveilleux d être un fils de Dieu! Cependant, chacun peut réclamer cette filialité, non pour le faux sens matériel du moi, mais pour le vrai moi spirituel, l'homme réel.
Les paroles bien connues de saint Jean: “Nous sommes dès à présent enfants de Dieu,” n'offrent aucune limitation au précieux héritage de filialité à Son égard. Elles impliquent au contraire que l'homme, se révélant et se développant à jamais comme idée spirituelle, passe de gloire en gloire. Mrs. Eddy explique très nettement à la page 258 de Science et Santé que l'homme n est pas passif, mais qu'il révèle sans cesse la perfection spirituelle. “Dieu exprime en l'homme,” dit-elle, “l'idée infinie qui se développe à jamais, et qui, partant d'une base illimitée, s'élargit et s'élève de plus en plus.” Combien, alors, la vision de saint Jean était vraie, lorsqu'il déclara: “Ce que nous serons n'a pas encore été manifesté.” Assurément, l'infinitude de la gloire de Dieu se révèle progressivement à l'idée qui se développe à jamais.
Analysant le déroulement du sens de la Divinité en partant des premières notions des Juifs, Mrs. Eddy dit aux pages 576 et 577 de Science et Santé: “Ce sens humain de la Divinité cède au sens divin, de même que le sens matériel de la personnalité cède au sens incorporel de Dieu et de l'homme en tant que Principe infini et idée infinie,— que Père unique avec Sa famille universelle, réunis dans l'évangile de l'Amour.” Et elle termine le paragraphe par ces paroles d'une douce signification: “Dans cette conscience spirituelle divinement unie, il n'y a aucun obstacle à la félicité éternelle,—à la perfectibilité de la création de Dieu.” Quoi d'étonnant que les cloches de Noël acclament joyeusement le retour du jour de naissance de celui qui montra le chemin vers la félicité éternelle, vers la Vie immortelle, vers la perfection de l'homme, et vers la gloire immuable!