Lorsque la pensée commence à se familiariser avec la doctrine de la Science Chrétienne, elle est saisie d’étonnement de voir l’apparente différence entre les affaires de la vie journalière et les affirmations absolues de la Vérité, qu’on approuve par intuition et qu’on désire ardemment voir se réaliser. Mais la tâche de faire accorder ces deux opposés semblera peut-être impossible. A la page 254 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, au chapitre intitulé: “Les Pas de la Vérité,” Mrs. Eddy assure au lecteur que “l’on ne peut se dispenser de faire les pas humains qui mènent à la perfection.”
Or, la question est de savoir ce que peuvent bien être ces pas humains, et comment on saura si l’on fait ou non les pas qu’on désire faire. Sous la rubrique en marge: “Qualités de transition” (id., p. 115), nous trouvons ceci: “Humanité, honnêteté, affection, compassion, espérance, foi, douceur, tempérance.” Donc, si ces qualités constituent les étapes qu’il faut faire pour traverser le golfe entre la confusion et la paix, entre l’irréel et le réel, on voit que l’affaire de traverser cet intervalle entre ces opposés est un procédé purement mental; aussi chacun peut-il y arriver.
L’ardent espoir d’avoir la preuve que le bien est le vrai, pousse la pensée à s’élever et à faire ses premiers pas incertains et chancelants vers le but de la paix et de la protection auxquelles l’humanité entière aspire. Et l’on reconnaît que dans l’ajustement ou la réconciliation il ne s’agit pas de décider si l’on fera certaines affaires ou si on ne les fera pas, si l’on changera d’occupations ou de domicile, ou si l’on restera où on est? Mais la question est celle-ci: “Précisément là où il y a du surmenage et le fardeau de grandes responsabilités, ou bien là où il y a pénurie par suite du chômage et la terrible souffrance que produit le sentiment de sembler ne pas être utile, précisément là, suis-je humain, suis-je honnête, suis-je affectueux, est-ce que je me sers en quelque mesure des “qualités de transition” qui m’apparentent aux divines?
Quelle audace j’ai, si je ne manifeste pas ces qualités célestes, de demander un bienfait en retour de la ruse, de l’avidité, de la recherche du moi, de la duplicité, de l’artifice, de la croyance à un moi en dehors de Dieu, le bien! La doctrine qui enseigne que Dieu est le bien mais que l’homme est le mal est pernicieuse. L’humanité devrait avancer joyeusement dans la vérité émancipatrice qui montre que Dieu est le bien et que l’homme est à l’image de Dieu, le bien, héritant la nature, les caractéristiques, la compétence de son créateur. Dans la mesure où cela se fera, il pénétrera graduellement dans la conscience individuelle un ajustement harmonieux des affaires. Celui qui sera surchargé trouvera un moment de tranquillité pour prier et pour étudier les Leçons-Sermons, et celui qui a paru être incapable et inutile trouvera qu’il a une place définie dans l’Entendement divin et un travail précis à faire, qu’aucun autre n’eût pu faire pour lui. Ainsi, petit à petit et pas à pas, la pensée s’élève en sortant de la fange du moi concentré en soi-même, et ne s’envole plus sur des ailes d’imaginations vaines, et, dans quelque mesure, l’ordre et l’utilité sont mis en action. Même on ne fréquentera plus les cultes principalement dans le but de recevoir et d’amasser quelque bien pour soi-même, mais le désir sera de refléter et de redonner,— donner de nouveau,— l’idée spirituelle de la Vie, qui nous montre, ainsi que le dit notre Leader à la page 17 de Rudiments de la Science Divine, que “la douceur, le désintéressement et l’amour sont les sentiers de Son témoignage et les pas de Son troupeau.”
Aussi, alors même que l’on aura fait tout le chemin à pied du Maine à la Californie, on n’aura peut-être même pas fait une seule des étapes humaines. “Jésus ... dit: Je suis le chemin, la vérité et la vie; personne ne vient au Père que par moi.”
