Les Scientistes Chrétiens pourront étudier avec profit l'histoire des premiers temps de l'église chrétienne. Pendant cette période il y eut des persécutions, même jusqu'à la mort, lesquelles poussèrent les Chrétiens au plus grand dévouement et à la plus grande consécration au Christ. Ils se défaisaient volontiers des biens matériels, et les soidisant bonnes choses de la vie matérielle étaient considérées comme un piège. Selon toute apparence, le but de ces premiers Chrétiens était d'obtenir la richesse de la spiritualité. D'après les récits que nous lisons sur leur compte, nous pouvons supposer qu'il doit en avoir été ainsi de la plupart d'entre eux.
Constantin, empereur romain d'Orient, publia deux édits de tolérance en faveur des Chrétiens. Cependant, on se demande s'il favorisa réellement la Cause du Christianisme lorsqu'il la mit sous la protection de l'État. Sans nul doute, la protection de l'empereur accordée à cette époque aux imitateurs du Maître fut considérée comme une faveur merveilleuse, car il leur était permis de vivre en paix et d'adorer Dieu sans crainte. Mais il y avait précisement du danger à s'adonner à la paix physique et à la richesse dont jouit aussitôt l'église. A mesure qu'augmentait la richesse, les Chrétiens se détachèrent de la spiritualité, si bien que l'église fut réduite à une simple forme d'adoration et que le pouvoir de guérir les malades et de ressusciter les morts disparut.
Puisque l'avancement de la Cause de la Science Chrétienne repose sur la spiritualité de ses adhérents et de leur démonstration du Principe divin, nous pouvons tirer une leçon de ces faits historiques et ne pas permettre que l'histoire se répète. Mrs. Eddy nous prévient contre le danger d'aimer les richesses terrestres et la popularité, car l'entendement mortel tient beaucoup à être aimé par son propre monde hypothétique.
Il n'est que juste que nous soyons riches, nous et notre église, à la condition que nous soyons riches de la bonne manière. Mais il faut chercher les vraies richesses dans la spiritualité, dans les qualités telles que: humilité, douceur, bienveillance, intelligence, pouvoir de guérir; et nous devrions toujours avoir ces qualités devant nous. La pauvreté et le manque ne manifestent pas la spiritualité, et le travail de la Science Chrétienne est de les détruire. Mais c'est peut-être une plus grande erreur, du moins c'est plus préjudiciable à la croissance spirituelle, d'avoir ou de chercher des choses matérielles, croyant que ce sont des richesses.
L'amélioration physique devrait toujours suivre la croissance spirituelle. Si tel n'était pas le cas, notre sens spirituel faiblirait et nous lâcherions prise. Le gain matériel ne doit pas nous frustrer des biens spirituels. Nous ne voulons pas dire par là que l'homme d'affaires ne doit pas être actif et faire avancer ses affaires, que la maîtresse de maison ne devrait pas apporter de l'amélioration dans son foyer; mais il faut avant tout considérer le gain spirituel, et puis l'amélioration matérielle sera donnée par-dessus. Ceci fera du commerçant un meilleur homme d'affaires, et la maîtresse de maison sera plus à même d'apporter au foyer la vraie atmosphère qui crée un chez soi.
A la page 138 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mrs. Eddy a écrit: “Je ne peux être une Scientiste Chrétienne à moins de tout quitter pour le Christ.” Pour accepter cette norme d'action élevée, nous devons savoir qu'il ne faut pas mesurer le progrès à l'accumulation des richesses matérielles, mais plutôt à l'avancement de la compréhension spirituelle, par laquelle nous devenons semblables au Christ et sommes capables de guérir les malades plus rapidement. On pourra facilement juger de ce progrès et de ses résultats en s'examinant pour voir si l'on se donne entièrement au service de Dieu ou si l'on cherche simplement à en tirer tout ce que l'on peut.
Tout quitter pour le Christ c'est se dévouer et se consacrer à Dieu, le bien divin. C'est renoncer, aussi vite qu'il est sage de le faire, au prétendu bien dans la matière. Il n'est pas difficile de désirer se libérer des douleurs de la chair, mais il est difficile de se détourner des plaisirs qu'elle est supposée donner. Le bien-être dans la chair n'est pas, du moins, il ne devrait pas être le but du Scientiste Chrétien; et il y a là un danger dont tout étudiant qui fait sa démonstration doit prouver l'irréalité. Seuls l'amour de Dieu et l'obéissance à Dieu nous feront passer par delà les séductions de la chair qui ont entraîné le désastre de plus d'une carrière qui promettait.
Notre amour du bien nous rend naturellement dévoués à la pratique du bien. Pareil dévouement est spirituel en ce que nous cherchons, trouvons et possédons le bien que Dieu nous donne. Le dévouement consiste à être fidèles à Dieu dans notre acceptation de Sa bonté. Il élève notre désir audessus des pots de viande d'Égypte et nous fait entrer dans le domaine où le désir trouve ces dons célestes naturels et où l'espoir n'est pas déçu.
Jésus dit nettement qu'on ne peut honnêtement servir deux maîtres; et de même, on ne saurait à la fois se livrer à la chair et se dévouer à l'Esprit. Bien qu'il ne soit pas nécessaire de se faire martyr, il faut cependant vaincre l'erreur, non l'entretenir en transigeant avec elle de quelque façon. On ne fait pas l'ascension d'une montagne en prenant ses aises dans un hamac dans quelque vallée agréable. Nous luttons avec la chair, et nous ne pourrons réussir que dans la mesure où nous consacrerons notre vie à Dieu et où nous porterons la croix de la dénégation.
L'homme sage voyage confortablement, car il refuse de se charger d'un pesant bagage matériel. Le Scientiste Chrétien doit viser à acquérir les choses spirituelles, les choses du sens spirituel, non du sens matériel. Voici une question fort à propos: Que faisons-nous de la Science Chrétienne? Nous en servons-nous simplement pour être physiquement bien portants et pour éviter les difficultés financières? Le cheval bien nourri dans son étable en a tout autant. La Science Chrétienne ne nous enseigne pas à rechercher le lieu où tous les besoins physiques sont remplis, mais plutôt le royaume des cieux, où l'activité spirituelle domine toutes les prétentions de la matière.
Notre opportunité est riche en possibilités non complètement réalisées aujourd'hui. Les Scientistes Chrétiens possèdent une compréhension du Principe démontrable, par lequel les malades sont guéris, les pécheurs sont réformés. Leur responsabilité est pleine d'inspiration, et demande les œuvres aussi bien que les paroles. Nous nous sommes déclarés en faveur de la suprématie du bien, et nous trouvons notre opportunité en obéissant à ce bien.
Tout Scientiste Chrétien devrait répondre de bon gré à l'appel qui demande du secours; car la guérison chrétienne ne doit pas se borner à une seule classe. La crainte ne sera jamais vaincue tant qu'on s'y soumettra à cet égard; et le seul moyen de se perfectionner dans l'œuvre de la guérison c'est de pratiquer cette œuvre.
L'excuse que nous alléguons concernant un foyer, un bureau ou le temps qui nous manque, n'est vraiment pas une excuse. A la page 92 de notre Manuel de L'Église Mère, Mrs. Eddy écrit: “La guérison des malades et des pécheurs par la Vérité démontre la justesse de nos affirmations sur la Science Chrétienne, et rien ne saurait remplacer cette démonstration. Je recommande à chaque membre de cette Église de faire tous ses efforts pour démontrer par sa pratique que la Science Chrétienne guérit les malades promptement et complètement, prouvant ainsi que cette Science est en réalité tout ce que nous affirmons qu'elle est.” Ce Statut ne dispense aucun membre de L'Église Mère d'être un praticien de la Science Chrétienne.
Il y a deux genres de pensées,—la pensée de Marie et celle de Marthe. Marthe s'occupait de petites choses, sa vie était entourée de besoins insignifiants et avait un horizon resserré; elle ne voyait que les objets matériels et se perdait dans les anxiétés qu'ils entraînent. Marie, au contraire, était assise aux pieds du grand Maître et apprenait ce qu'était le Christ. Sa pensée tendait à s'élever et se donnait aux choses qui en valaient la peine. Sans nul doute, Marie devint une meilleure ménagère parce qu'elle s'occupait du message divin, tandis que Marthe était une moins bonne Chrétienne parce qu'elle n'avait pas le temps de penser à ces choses.
L'argument de l'entendement mortel dirait volontiers que nous devons être libérés de la souffrance, du manque de tout genre, et qu'alors nous pourrons nous servir de notre liberté, nous contentant d'un état purement physique. La guérison par la Science Chrétienne a une double nature. A mesure que les états erronés sont vaincus, il faut qu'il y ait une amélioration spirituelle égale, alors même qu'elle ne se montrerait pas immédiatement. Sans la bénédiction spirituelle la guérison de la Science Chrétienne ne serait pas meilleure que celle d'un système matériel quelconque. Chaque fois que nous avons renoncé à quelque croyance erroné, nous avons avancé d'un pas spirituellement; car nous nous sommes séparés d'un fardeau irréel.
Ne sommes-nous pas reconnaissants de ce que notre Leader ait refusé de se laisser prendre dans le piège des choses insignifiantes que bien des gens considèrent comme importantes? Mrs. Eddy eût-elle été une grande Leader si elle avait vécu une vie moins désintéressée? Elle se réveilla du rêve de la matière et répondit à l'appel de la spiritualité et à ses opportunités. Les campagnes sont déjà blanches pour la moisson; il en est beaucoup qui travaillent à la récolte; mais les faucilles ne sont peut-être pas tranchantes. Pourquoi permettre à une chose que nous continuons à aimer matériellement d'émousser les outils au point que nous ne puissions faire la récolte qu'en partie? Les échecs devraient nous réveiller et nous montrer la nécessité d'être plus humbles et de faire de plus grands efforts.
Il faut un plus grand dévouement, une plus grande consécration au travail pour le bien de l'humanité. Il ne faut pas nous livrer à nous-mêmes, car cela nous empêche de nous vouer à la cause du désintéressement. Se donner entièrement à la Cause de la Science Chrétienne c'est recevoir en retour une compréhension démontrable de la totalité de Dieu. Le dévouement au bien appelle la dénégation de tout mal; il appelle la spiritualité accrue et il exige la nouvelle naissance, qui porte chaque jour une empreinte plus profonde du ciel.
Les bénédictions seront assurément abondantes pour tout Scientiste Chrétien qui se rappelle et qui suit cette instruction impérieuse du Maître: “Et, sur votre route, prêchez et dites: Le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, nettoyez les lépreux, chassez les démons: vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement!”
Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Je ne suis pas venu appeler à la repentance les justes, mais les pécheurs.—Luc 5:31, 32.
