Nous connaissons tous ces paroles de Madame Roland que l'on entend si souvent répéter: “O Liberté! que de crimes on commet en ton nom!” Étant donné que l'homme doit s'élever à la liberté, qui est l'autonomie, par sa plus haute nature, il est évident que la criminalité n'a aucun rapport avec la liberté. Qu'est-ce qui produit alors chez les hommes un tel sentiment, sinon le fait que leur entendement avide et criminel les pousse à se servir du nom de la liberté comme d'un masque pour cacher leurs méfaits? C'est diffamer ce mot que d'en faire un tel usage, car la mauvaise conduite est l'expression de la licence, non de la liberté. Burke, dans son livre intitulé “Réflexions sur la Révolution en France,” dit: “Mais qu'est-ce que la liberté sans la sagesse et sans la vertu? C'est le plus grand de tous les maux; car c'est la folie, le vice et la fureur, sans tutelle et sans frein.” On peut dire avec justice, qu'en dehors du Christianisme on ne sait véritablement pas ce qu'est la liberté. Aussi est-il de la plus haute importance pour l'humanité que l'on comprenne bien les conseils et les enseignements du Nouveau-Testament, afin que les hommes apprennent à être libres sous la tutelle de Christ Jésus.
Le mot grec que l'on a traduit par liberté se rattache à un ancien verbe dont le futur signifie “venir.” L'homme libre peut dire: Je viendrai; de sorte que le mot “libre” indique littéralement “quelqu'un qui peut aller où bon lui semble.” On saisit plus clairement le sens de ce mot, quand on se rappelle ce qu'était la servitude. L'esclave était si opprimé dans ses faits et gestes qu'en aucune façon il ne se sentait libre de réaliser ni ses souhaits ni ses désirs. Jésus explique la chose d'une manière extrêmement claire dans son enseignement du huitième chapitre de l'Évangile selon St. Jean. Sa discussion avait décidé beaucoup de gens à croire en lui, et il leur dit: “Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples; vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira.” Comme ils étaient Juifs, ils affirmèrent immédiatement qu'étant la postérité d'Abraham ils n'avaient jamais été les esclaves de personne. Alors, Jésus leur indiqua quel est réellement l'ennemi de la liberté, en disant: “Quiconque commet le péché est esclave du péché.” Lorsque nous pensons à un “serviteur,” nous pensons à la sollicitude et à la bienveillance, et aux gages qui sont la récompense du travail accompli; mais le mot grec employé dans ce cas signifie “esclave.” La vie d'un esclave ne comportait pas de récompense; il était contraint à travailler et il était perpétuellement en danger d'être puni. Jésus continua son enseignement en leur montrant que, par la filialité qu'il leur révélait comme Fils de Dieu, ceux qui demeuraient dans sa parole seraient “réellement libres.” Nous sommes ainsi à même de comprendre la déclaration de St. Paul: “Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté.” Cependant, il convient d'observer attentivement, que Jésus parlait d'une attitude d'acceptation permanente concernant son enseignement, parce que l'expérience montre ce que beaucoup d'hommes sages ont dit: que la vigilance perpétuelle est nécessaire à la préservation de la vraie liberté.
Non seulement les opérations que la grâce divine opère dans le cœur, et au moyen desquelles la liberté Chrétienne se développe, délivrent le mortel des conséquences du péché, mais encore elles accomplissent un affranchissement en vertu duquel son vrai moi se manifeste. Par une continuité dans le sentiment du bien, il s'affranchit d'influences étrangères et prend de l'empire sur le péché, qui, par ses tentations, cherche à l'asservir. Cremer, dans son analyse du mot grec traduisant liberté, dit de cette liberté qui est Chrétienne, que “par elle l'homme redevient lui-même, redevient son propre maître, indépendant de tout pouvoir étranger à sa plus haute nature,— indépendant du péché sous toutes ses formes et conséquences,— et elle lui garantit la possession d'une vie sans entraves et une liberté d'action conforme à son vrai moi.”
En nous rappelant alors la nécessité de la continuité dans le sentiment du bien, nous voyons que l'attitude du Chrétien est admirablement exprimée dans l'exhortation suivante: “C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis; demeurez donc fermes.” Lorsque nous comprenons la liberté du point de vue Chrétien, voyant qu'elle implique la délivrance des conditions contraires qui empêchent la jouissance du bien, la délivrance du contrôle des croyances erronées et des diverses formes du mesmérisme qui obscurcissent la pensée, nous sommes d'autant plus à même de comprendre de quelle manière ceux qui trompent l'humanité se servent du mot “liberté.” De semblables docteurs sont des loups en habits de brebis. C'est la licence qu'ils ont en vue, quand ils crient liberté. Ils visent à l'oppression tout en parlant de liberté à leurs victimes. Ces agitateurs, se donnant divers noms, ont, de tous temps, séduit les gens en leur promettant des choses impossibles. De nos jours, ils sont occupés à critiquer la Bible, présentant à leurs victimes tous les plaisirs sensuels dont il est possible de jouir, en enfreignant les Commandements. Ainsi, par exemple, ils encouragent la convoitise et promettent à leurs victimes qu'en se débarrassant des gens rangés, des gens qui obéissent à la loi, de ceux qui pensent et de tous ceux qui sont intelligents et sages, ils seront à même de satisfaire leur convoitise et de posséder les choses qu'ils désirent. Ils s'en prennent à la vie de famille, disant qu'elle est un obstacle à ce qu'ils appellent la liberté. Craignant que les enfants n'y apprennent l'amour et la bienveillance fraternelle, selon leur théorie il faudrait les ravir à leurs mères, dès leur bas âge, et les élever comme des animaux égoïstes, comme des anarchistes, ce qui constitue un danger pour eux-mêmes et pour la race humaine. Les nations ont souffert de ces enseignements erronés; et même de nos jours, une foule de gens périssent par suite de théories qui considèrent le meurtre comme légitime et bravent la bienséance et la loi.
Nous nous détournons de ces choses avec soulagement vers le message du Christianisme et principalement vers la Science Chrétienne, qui est le Christianisme progressif et pratique, dans lequel revivent, pour notre siècle, les faveurs divines des jours de notre Seigneur,— bénédictions qui, durant longtemps, avaient été perdues. En vérité, le monde a grand besoin, à l'heure actuelle, de prêter l'oreille aux paroles inspirées de Mrs. Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne,— paroles que nous trouvons à la page 224 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures”: “La vérité apporte les éléments de la liberté. Sa bannière porte cette devise inspirée par l'Ame: ‘L'esclavage est aboli.’ La puissance de Dieu apporte la délivrance aux captifs. Aucune puissance ne peut résister à l'Amour divin. Quelle est cette prétendue puissance qui s'oppose à Dieu? D'où vient-elle? Qu'est-ce qui lie l'homme avec des chaînes de fer au péché, à la maladie et à la mort? Tout ce qui asservit l'homme est contraire au gouvernement divin. La Vérité affranchit l'homme.”
Dans l'église que Mrs. Eddy a fondée, on peut jouir du sens le plus satisfaisant de liberté et de fraternité. Ceux qui deviennent membres ne sont pas liés par une profession de foi ou par une longue liste d'articles formulés. Ils sont unis par l'acceptation de certains articles de foi. Les membres soutiennent ces déclarations de vérité et en retour ils sont soutenus par elles. L'enfant qui est novice, en acceptant ces articles de foi, est d'accord avec celui qui a passé toute sa vie à en acquérir la compréhension. S'apercevant que les êtres humains ne se détachent pas promptement des méthodes politiques et arbitraires, Mrs. Eddy a stipulé que les églises branches auraient leurs formes individuelles de gouvernement. Le gouvernement s'effectue politiquement à l'aide de deux ou plusieurs partis, dont l'un est au pouvoir et fait face à la résistance et à la critique de ceux qui font de l'opposition. De ce débat entre les partis naît généralement un peu de progrès; et dans les églises branches, pendant les premières périodes de leur existence, les affaires sont souvent conduites au moyen d'arguments et d'une divergence d'opinions. Mais dès que la vraie signification de la Science Chrétienne commence à poindre dans la pensée des membres, ceux-ci arrivent à discerner un sens plus élevé de gouvernement, en vertu duquel chacun s'harmonise avec l'unique Entendement. Lorsque les membres d'une église agiront selon cette conception, ils se surprendront parfois, en dirigeant leurs affaires intérieures, à prendre des décisions presque unanimes. Ceux qui ont cette vraie conception de la direction harmonieuse d'un grand nombre par un seul Entendement, sont prêts pour la liberté de l'autonomie que leur accorde la qualité de membre de L'Église Mère. Les membres de cette église acceptent le Manuel comme étant la constitution qui doit guider leur penser, comme étant la norme qui indique quels doivent être la conduite et les actes d'un Scientiste Chrétien. L'Église Mère n'est pas une organisation soumise aux statuts d'une nation ou d'un État; c'est une association volontaire de Chrétiens ayant pour but la charité,— c'est-à-dire la bienfaisance, la paix et la bienveillance envers les hommes et parmi les hommes. Le pouvoir qu'exercent ses membres dans le sens du bien est l'effet de leur caractère. A certaines époques critiques de l'histoire, c'est souvent grâce au caractère qui s'était développé chez quelque individu que s'est produit un changement d'événements tendant à établir la justice et la victoire de la vérité. En favorisant le caractère du Scientiste Chrétien, les membres de L'Église Mère de toutes les localités constituent un levain de bénédiction. Ils sont comme une lumière luisant dans un lieu obscur.
La liberté implique une instruction convenable et de l'empire sur soi-même, bien que les êtres humains aient à tort traduit la pensée de la liberté en licence. Dans certaines localités, à l'Ouest des États-Unis, tout homme portait dans les premiers temps une arme pour sa défense personnelle. Néanmoins, les gens sans scrupules établissaient ce qu'on peut appeler un règne de terreur, et cédaient à leurs caprices, ainsi que l'avaient fait les tyrans de l'histoire, en menaçant leurs semblables de mort instantanée. La première manifestation d'ordre dans ces localités fut l'organisation d'un comité de vigilance, se composant d'un certain nombre de personnes qui se groupaient afin de pouvoir réprimer, par un déploiement de forces, ceux que l'on qualifiait de méchants hommes. Au bout de très peu de temps, cependant, ces localités acceptèrent la restriction de la loi, qui, en modifiant l'action communale, mit les membres individuels à même de vivre sans crainte d'agression et d'intervention arbitraire. Grâce à l'opinion publique de toute la municipalité qui appuyait la loi, l'ordre se rétablit, de sorte qu'il suffisait d'un agent de police ou deux lorsque, de temps à autre, il y avait lieu d'arrêter un malfaiteur.
En maintes circonstances, cependant, on avance cette théorie, qu'une personne ne jouit d'aucune liberté, s'il ne lui est pas permis de faire ce que, personnellement, elle aime à faire, sans égard aux conséquences que cela peut avoir pour ses voisins. C'est là, évidemment, un des problèmes qui se présentèrent à l'église dans les premiers temps. L'Apôtre Pierre le discute avec courage. Il avertit ceux auxquels il écrit que, de même qu'il y eut anciennement “de faux prophètes,” il y aura de leur temps de “faux docteurs,” et il prédit que “plusieurs les suivront dans leurs dérèglements; et la voie de la vérité sera calomniée à cause d'eux.” Il dit d'eux qu'ils méprisent l'autorité souveraine, le gouvernement, et qu'ils sont présomptueux et arrogants, “injuriant ce qu'ils ignorent.” Il dit aussi qu'avec succès ils “séduisent les âmes mal affermies.” Il dit d'eux qu'ils prononcent des “discours pompeux et vides” et séduisent leurs victimes en “leur promettant la liberté, alors qu'ils sont eux-mêmes esclaves de la corruption; car on est esclave de ce qui vous a vaincu.”
Dans L'Église Mère, des dispositions ont été prises pour assurer la discipline, en sorte que ceux qui ne désirent pas manifester la nature du Scientiste Chrétien ne peuvent avec avantage en prendre le nom pour cacher un enseignement pernicieux. A la lumière du Christianisme, il est manifeste que c'est la vérité qui soutient la liberté Chrétienne. La vie de l'homme libre doit, par conséquent, toujours se conformer à la vérité. Puisque l'on s'attend à ce que le Scientiste Chrétien rende témoignage à la vérité, ce qu'il dit est considéré comme étant l'expression de la vérité. Supposons, alors, que quelqu'un, sous le couvert de cette réputation, cesse d'observer le neuvième commandement et porte de faux témoignages contre son prochain,— ne convient-il pas qu'il y ait des règlements disciplinaires pour corriger pareille inconséquence? Par exemple, si un praticien profite des relations confidentielles et amicales qui s'établissent entre lui et le patient qui vient lui ouvrir son cœur pour obtenir le secours spirituel, et qu'il mésuse de cette confidence et de cette confiance, de façon à violer un autre commandement, n'est-il pas juste que ce séducteur soit corrigé? St. Pierre admet que la liberté existe, mais il n'admet pas qu'au nom de la liberté on soit un malfaiteur. Aussi conseille-t-il à ceux à qui il écrit de s'employer assidûment à faire le bien seulement, “comme des hommes libres, non pas comme des hommes qui se font de la liberté un voile pour couvrir leur méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu.” Lorsque Daniel Webster dit: “La liberté existe en proportion d'une restriction salutaire,” il s'autorise de cette pensée que l'on rencontre du commencement à la fin des enseignements de l'Écriture.
Le Scientiste Chrétien devrait non seulement soutenir ce que St. Paul a si admirablement décrit comme étant “la liberté glorieuse des enfants de Dieu,” mais il devrait encore se rappeler l'avertissement que donne Mrs. Eddy à la page 96 de Science et Santé, où elle dit: “Pendant ce conflit final, les esprits pervers s'efforceront de trouver moyen d'accomplir plus de mal; mais ceux qui discernent la Science Chrétienne mettront un frein au crime. Ils aideront à expulser l'erreur. Ils maintiendront la loi et l'ordre, et attendront joyeusement la certitude de la perfection ultime.” Pour faire cela, il faut qu'il y ait continuité dans la réalisation du bien, et une activité incessante à surmonter le mal par le bien. St. Pierre dit que si ceux qui ont une fois échappé au mesmérisme de l'impureté “se laissent vaincre en s'y engageant de nouveau, leur dernière condition devient pire que la première.” Quiconque a accepté le Manuel et promis fidélité aux exigences Chrétiennes qu'il renferme, se fait tort à soi-même quand il s'en détourne; mais il peut en outre être coupable de dévoyer les autres. Nous devons continuer à exercer le bien et ne jamais cesser de le faire, afin de jouir de la liberté. St. Jacques nous rappelle que “celui qui aura plongé ses regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui l'aura contemplée avec persévérance, n'étant pas un auditeur oublieux, mais un fidèle observateur de ses préceptes, celui-là trouvera son bonheur dans son obéissance.”