Je me rappelle souvent que lorsque je commençai à étudier la Science Chrétienne, j'accueillis avec enthousiasme et avec assurance ces paroles d'une personne qui s'intéressait à la Science depuis plus longtemps que moi: “Dans la Science Chrétienne nous apprenons à ne pas ignorer l'erreur, mais à y résister.” Ceci me plut immédiatement. J'y voyais quelque chose d'une grande valeur, qui réclamait mon activité, qui me donnait l'occasion de faire ma part et d'aider dans le travail de la Science comme je l'entendais. Il y avait une phase de l'erreur en particulier dont j'avais grand'peur. Je m'en étais toujours détournée, parce qu'elle me paraissait si épouvantable que je n'osais l'affronter; mais maintenant que je savais m'y prendre, j'étais prête à lui faire face et à lui résister. Je passai immédiatement en revue mes ressources de résistance, et constatai qu'elles étaient très satisfaisantes. Mon intelligence, ma volonté, l'élan qui me poussait, semblaient me promettre leur coopération. Je me blâmais d'avoir jamais eu des craintes, et me réjouissais d'avoir un ennemi si formidable à combattre; je sentais que cela valait bien la peine de lui résister.
Je n'ignorais plus cette erreur, mais me félicitais d'avoir entrepris cette vigoureuse et infatigable campagne de résistance, et de pouvoir tenir l'ennemi en échec. Le moment vint, cependant, où la lutte perdit le charme de la nouveauté; la gloire et la satisfaction personnelles s'évanouirent; ma volonté sembla s'affaiblir et mon intelligence parut exiger de nouveaux champs d'activité; il me fallut donc faire tous mes efforts pour me maintenir dans le travail de la résistance. De plus, l'ennemi paraissait gagner de jour en jour plus de force et d'activité, s'approcher de plus en plus, chercher de nouvelles portes et de nouvelles avenues pour pénétrer dans mes fortifications, et je m'attachais tellement à ma dure tâche de lui résister, que je n'avais guère le temps ni le désir de m'occuper d'autre chose. Il n'y avait dans la lutte ni joie, ni paix, ni repos, ni victoire, et je fus presque réduite au désespoir par la crainte et la fatigue sur ce champ de bataille.
Je finis par me demander ce qui clochait. Je m'étais dit que je ne pouvais échouer dans la Science Chrétienne. Je m'appliquais à bien faire; j'avais employé toutes mes forces à résister à l'erreur, mais je n'avais apparemment réussi qu'à mettre obstacle à mon bonheur et à ma paix. J'ouvris enfin “Science et Santé avec la Clef des Écritures” par Mrs. Eddy, et à la page 393 je relus le passage qui m'avait frappée comme étant la confirmation de ce que mon aînée dans la Science m'avait dit: “Élevez-vous dans la force de l'Esprit pour résister à tout ce qui est dissemblable au bien. Dieu en a rendu l'homme capable, et rien ne saurait invalider les facultés et le pouvoir dont l'homme est divinement doué.”
Alors les écailles tombèrent de mes yeux, et je réalisai en toute humilité que je ne m'étais pas élevée “dans la force de l'Esprit” pour résister, mais que je m'étais élevée dans ce que j'avais cru être mes propres forces. Je continuai à lire, pleine d'espoir, et avec une compréhension élevée je méditai ces paroles sur la même page: “Une fausse croyance est à la fois ce qui tente et ce qui est tenté, le péché et le pécheur, la maladie et sa cause. Il est bon d'être calme dans la maladie; espérer vaut mieux encore; mais le mieux de tout, c'est de comprendre que la maladie n'est pas réelle et que la Vérité peut en détruire la réalité apparente, car la compréhension de ce fait est le remède universel et parfait.”
Je me mis alors à passer en revue le combat que j'avais soutenu, et me demandai si je l'avais fait avec calme. Je m'aperçus au contraire que j'avais travaillé avec une impatience fiévreuse, m'attendant toujours à une victoire matérielle. Avais-je conservé l'espoir? Non, pas en réalité; car toutes les fois que je n'avais pas triomphé du mal, j'avais d'abord éprouvé du ressentiment, et puis du découragement. Avais-je compris, ou même cherché à comprendre, l'irréalité de l'erreur? Non, au contraire, je m'étais appesantie sur sa prétendue réalité, ses revendications au pouvoir et à la loi, j'avais observé les signes et les symptômes par lesquels cette erreur prétendait opérer, et j'avais même cherché à avoir plus de renseignements les concernant. Enfin, m'étais-je dirigée vers la Vérité pour détruire le prétendu mal? Hélas, non; je m'étais dirigée vers le moi, vers une croyance à un entendement et une volonté m'appartenant en particulier, vers mon propre sens de raisonnement et de résistance.
Je résolus encore de me conformer à la Vérité qui demande que nous n'ignorions pas l'erreur, mais que nous lui résistions. Je repris le travail en toute humilité, le cœur plein de gratitude de ce que Mrs. Eddy nous ait enseigné le moyen de résister à l'erreur. Tout d'abord je cherchai et trouvai la quiétude d'esprit comme elle nous dit de le faire, et ce calme fut aussitôt suivi d'un grand espoir. M'attendant à faire tranquillement chaque pas qui se présenterait, et appliquant le peu de connaissance que j'avais gagnée et qui me permettait de m'adresser à Dieu avec plus de constance, l'espérance se transforma graduellement en une compréhension de la totalité de Dieu, et de la sécurité éternelle de l'homme dans l'Amour divin. Je fus si remplie de joie et de gratitude pour ce merveilleux développement de la Vérité que, dans mon grand désir d'exprimer un peu de ce bonheur que j'avais gagné, j'oubliai de lutter contre l'erreur que j'avais crainte; et lorsque celle-ci me revint à la mémoire, je me rendis compte que j'avais complètement démontré cette merveilleuse déclaration que la compréhension de la Vérité est “le remède universel et parfait.” Je m'aperçus alors que cette erreur avait disparu, qu'il ne me restait plus que le souvenir d'un grand pas en avant, hors du désert des fausses croyances.
