Après avoir entendu parler des guérisons accomplies par Jésus, beaucoup commencèrent à le suivre. Mais dès qu’ils découvrirent ce que signifiait « se charger de la croix », ils renoncèrent ! (Voir Marc 10:17-22, par exemple)
Comme l’apprend vite tout disciple fervent de Christ Jésus, on n’est pas chrétien uniquement quand tout va bien. Le disciple chrétien ne se contente pas de porter sa croix chaque jour, il boit aussi de la coupe de Jésus, comme notre Maître le dit. Ces deux obligations peuvent sembler redoutables, mais j’ai appris ceci : une fois que l’on a ressenti le Christ – la présence, la puissance et l’activité de la Vérité et de l’Amour divins qui animaient Jésus et lui permettaient de guérir – obéir aux commandements de Jésus est non seulement possible, mais également naturel. On éprouve un véritable désir de croître spirituellement. Cette croissance est inspirée, autorisée, soutenue et récompensée par Dieu.
A chaque croix sa couronne, sa récompense spirituelle. Peu de personnes l’ont aussi bien compris que Mary Baker Eddy, la découvreuse de la Science Chrétienne, qui a écrit ce qui suit pendant une période de grande affliction : « J’embrasse la croix, et m’éveille à la conscience d’un monde plus radieux. » (La Chaire et la Presse, p. 18) Non seulement elle s’est chargée de la croix de la haine et de l’envie à l’exemple de Jésus qui aimait ses ennemis et leur pardonnait, mais elle l’a « embrassée » ! Alors que je venais de lire une biographie la concernant, et que je connaissais les difficultés extrêmes qu’elle rencontrait à l’époque où elle a écrit ces vers, je me souviens avoir pensé : « Comment a-t-elle pu dire cela et le penser vraiment ? » Puis j’ai compris qu’elle aimait les leçons spirituelles que lui avaient enseignées les nombreuses croix qu’elle avait portées, et qu’elle reconnaissait les victoires qu’elle leur devait. Elles l’ont éveillée à un monde meilleur et plus radieux.
Dans un premier temps, je dois admettre qu’à l’idée de porter la croix et de boire la coupe de Jésus, j’étais découragée. Mais je savais une chose : les lueurs du Christ, la Vérité (si pure, si certaine), que j’avais perçues dans mon étude naissante de la Science Chrétienne, et les guérisons qui avaient suivi, avaient semé en moi le désir sincère de tout faire pour être une disciple dévouée. Je me suis donc efforcée d’apprendre ce que signifie aujourd’hui porter la croix (et même l’embrasser) et boire la coupe de Jésus.
Tout d’abord, j’ai regardé dans la Bible et les écrits de Mary Baker Eddy tout ce qui concernait le fait de suivre les commandements de Jésus. Force m’a été de constater que la joie était souvent au rendez-vous. Par exemple, en préparant ses disciples à son départ, avant son crucifiement, sa résurrection et son ascension, Jésus dit : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j’ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jean 15:10, 11) De même, malgré les persécutions que les apôtres subirent en se chargeant de leur croix, ils exprimaient toujours de la joie (voir Actes 5:40, 41). Même après avoir été battus de verges, la première chose qu’ils firent fut de se réjouir d’être « jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus ».
Comme je n’avais pas associé la joie à l’épreuve de la croix, cela m’a réconfortée et fortifiée. Les paroles de Jésus m’ont fait prendre conscience de la joie que nous procure la conscience de notre domination sur tout mal, comme il le démontra lors de sa résurrection. De toute évidence, il ne nous promit un chemin bordé de roses si nous le suivions, puisqu’il déclara : « Vous aurez des tribulations dans le monde. » Mais il ajouta également : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16:33) Pour moi, cela revient à dire : « Et je vous ai donné tout ce dont vous avez besoin pour y parvenir aussi. » Il avait déjà donné cette assurance à ses disciples : « Je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. » (Jean 15:15)
En réfléchissant pour apprécier tout ce que Christ Jésus m’avait montré au sujet de Dieu – Sa bonté, Son omniprésence et Sa toute-puissance, Son unicité et Sa totalité – j’ai réalisé que c’est aussi ce qui donne à chacun la capacité et le pouvoir de suivre l’instruction biblique : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. » (Romains 12:21) Je n’ai pu m’empêcher de penser à ses apôtres qui, après avoir reçu l’illumination spirituelle du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, comme le leur avait prédit Jésus, ne renoncèrent jamais et ne perdirent pas leur joie, malgré toutes les épreuves et les persécutions qu’ils rencontrèrent. Ils ne cessèrent d’aller de l’avant, progressant en tant que disciples et guérissant de nombreuses personnes tout au long de leur chemin.
Cette déclaration de Mary Baker Eddy m’a été particulièrement utile dans mes recherches : « Si vous lancez votre barque sur les eaux toujours agitées mais salutaires de la vérité, vous affronterez des tempêtes. On dira du mal du bien que vous faites. C’est là la croix. Prenez-la et portez-la, car c’est grâce à elle que vous gagnerez et porterez la couronne. » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 254) J’y ai vu l’assurance qu’il était possible et enrichissant de se charger de la croix, et cela m’a rappelé qu’en la portant, je ne devais pas perdre de vue la couronne, ou victoire sur le mal, qui en résulte.
En lisant toutes ces références, j’ai compris peu à peu que le fait de porter la croix et de boire la coupe de Jésus implique un certain nombre de choses, notamment :
- La volonté et l’empressement (voire le désir) de surmonter les difficultés, au lieu d’essayer d’y échapper ou de les éluder.
- Le courage de rester au cœur de la bataille, sans vaciller, sans se sentir dépassé ni même troublé par les problèmes, mais en faisant face à toutes les prétentions de la matérialité, en restant calme, fort de la suprématie et de la souveraineté de Dieu.
- L’attachement à comprendre chaque jour plus clairement l’irréalité du mal et de la matérialité, et la réalité de la bonté et de la spiritualité. L’Amour, l’Esprit, communique cette compréhension, et notre sens spirituel la saisit.
Oui, les difficultés éprouvent notre foi en Dieu. Mais en portant notre croix, nous comprenons peu à peu que notre foi en Dieu est en réalité Sa fidélité envers nous (et tous Ses enfants) qui se reflète vers Lui. Nous ressentons Sa fidélité lorsque pas à pas nous marchons avec Lui, et que nous affrontons les problèmes comme autant de dénégations de Sa bonté ou de Son omnipotence.
Prenons l’exemple de la maladie. Puisque Dieu est la seule cause comme cela nous est certifié dès le premier livre de la Bible, et que tout ce qu’Il crée est bon, accepter la réalité de la maladie revient à dire : « Dieu a fait une erreur », à Le blâmer pour quelque chose qu’Il n’a pas pu ou voulu faire (soit une dénégation de Sa bonté), soit à dire : « Il doit donc y avoir une autre cause, un autre pouvoir, un autre esprit » (soit une dénégation de Son omnipotence). Mais si l’on s’en tient à la vérité spirituelle selon laquelle Dieu, le bien, est la seule cause, on comprend que la matérialité, ou mensonge de la vie dans la matière, n’est qu’une suggestion et non un fait, une tentation et non un état, une erreur et non une vérité. Mary Baker Eddy écrit, en citant l’apôtre Jacques : « “Heureux l’homme qui supporte patiemment [surmonte] la tentation ; car, après avoir été éprouvé [prouvé fidèle], il recevra la couronne de la vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment.” (Jacques 1:12) » (Science et Santé, p. 276)
Jésus a certainement dû garder la couronne en pensée pendant qu’il était sur la croix.
Sachant que la coupe, tout comme la croix, indique les problèmes et les persécutions à surmonter, lorsque je réfléchissais à l’avertissement de Jésus à ses disciples : « Buvez-en tous » (Matthieu 26:27), je croyais toujours qu’ils devaient « boire » des afflictions. Imaginez ma joie lorsque j’ai lu que « le breuvage que but notre Maître et qu’il engagea ses disciples à boire » était « l’inspiration de l’Amour » (Science et Santé, p. 35) ! Il n’est pas question d’afflictions !
J’ai pensé aux persécutions de Jésus et au fait que, au cœur même du supplice et de l’agonie, il vit la présence et la puissance de l’Amour, Dieu, remplir sa coupe (épreuve douloureuse) ; c’est pourquoi il s’imprégna de l’inspiration de cet Amour. En d’autres termes, il l’absorba. Cela lui permit de remporter la victoire. Même sur la croix, il fut habité par la « réalité et la royauté conscientes de son être » (Mary Baker Eddy, Non et Oui, p. 36). Il reconnut que le Christ, son identité spirituelle en tant que Fils de Dieu, ne pouvait pas souffrir. En gardant la couronne à la pensée, en faisant confiance à la Vérité pour remporter la victoire, et en sachant que la volonté divine est forcément aussi bonne que Dieu, il remporta cette couronne. On se rappelle qu’il pria ainsi : « Que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. » (Luc 22:42) Le crucifiement n’était certainement pas dû à la volonté divine, mais la résurrection (la victoire) l’était bel et bien. Jésus s’attacha à ce point précis.
Peu de temps après cette recherche sur la coupe, la croix et la couronne, qui m’avait tant éclairée, mon entreprise a connu une réorganisation, entraînant des difficultés sur le plan professionnel, financier, physique et émotionnel. Je me souviens m’être dit : « Je suis tellement bien armée maintenant que je vais traverser cette épreuve sans problème. » Eh bien, cela n’a pas été le cas ; ce fut une lutte acharnée. Après le déménagement, chaque membre de la famille avait du mal à trouver sa place, sa raison d’être et la sérénité dans cette nouvelle aventure.
Je me souviens avoir pensé : « Cela ne va vraiment pas de soi ! » Pourtant, je savais que la prière devait être joyeuse, pleine d’entrain. J’allais apprendre une autre facette de ce qu’implique « boire la coupe du Christ » ou « se charger de la croix », savoir la lutte et la joie que cela procure. Je me suis souvenue d’une phrase de Mary Baker Eddy que je n’avais jamais aimée : « Le chant de la Science Chrétienne est : “Travaille… travaille… travaille… veille et prie.”» (Message à L’Eglise Mère de 1900, p. 2)
Au début, ces trois parties de travaille ont semblé rendre les problèmes encore plus graves. Mais j’ai compris que j’avais besoin d’apprécier ce travail sacré et d’inspiration divine. Selon mon dictionnaire, un « chant » est un « hymne chanté dans la joie ou la gratitude ». Peu à peu, j’ai compris que la lutte n’a rien à voir avec un travail laborieux. S’efforcer, c’est simplement garder toutes ses pensées axées sur Dieu, rester vigilant, actif et éveillé à Sa présence permanente et à Son gouvernement plein d’amour, tout en s’en réjouissant, indépendamment du témoignage des sens physiques. Il ne s’agit pas seulement d’un cheminement mental mais aussi d’un réveil de chaque instant, lequel s’accomplit avec joie. Tandis que je laissais les pensées de Dieu devenir mes pensées, et ce de façon consciente et permanente, mon travail était stimulant et prometteur. Peu de temps après, nous avions tous trouvé notre place dans notre nouvel environnement, et nous étions heureux, satisfaits et en bonne santé.
Au fil des ans, j’ai rencontré de nombreux problèmes et il y en aura encore beaucoup d’autres. Mais je continue à progresser spirituellement car je suis plus disposée à les affronter au lieu de tenter d’y échapper, j’en retire les leçons de l’Amour, je m’attache fermement à ce que je sais déjà au sujet de Dieu et, comme Jacob dans la Bible, je ne lâche pas prise jusqu’à ce qu’Il me bénisse, je garde à l’esprit la grandeur de mon Dieu et non la difficulté du problème. Je constate que toutes les leçons apprises de Dieu ne cessent de m’enrichir, et Ses bienfaits se manifestent dans tous les domaines de ma vie. Pour finir, je peux moi aussi dire en toute sincérité : « J’embrasse la croix, et m’éveille à la conscience d’un monde plus radieux. »