Durant le premier trimestre de mon année de Première, au lycée, je me suis rapprochée d’un garçon. Je ne savais pas si je l’aimais réellement, ou si j’aimais le fait d’être avec un garçon de Terminale car cela me donnait de l’assurance. En tous cas, à la fin du trimestre, nous étions officiellement ensemble, et j’étais sur un petit nuage.
Un soir, après un match de basket, il a voulu qu’on passe du temps tous les deux. Mon instinct me disait de rentrer directement chez moi. Je n’ai pas tenu compte de cette intuition, et je me suis dit que ça serait sympa de passer un dernier moment ensemble avant les vacances de Noël.
Mais ça n’a pas été sympa du tout. Il a commencé à me demander de faire des choses que je ne voulais pas faire. Il mettait ses mains à des endroits où je ne voulais pas qu’il me touche, et même si j’essayais de le repousser, il recommençait sans cesse. Il est allé jusqu’à prendre ma main et la placer à certains endroits de son corps qui m’ont mise mal à l’aise.
Je continuais de dire non, mais il me répondait : « Je suis désolé, mais tu es si belle ». Et puis : « Je pars demain ; est-ce que tu ne peux pas juste faire ça pour moi ? » J’ai accepté à contre cœur, me disant que ça pourrait aller parce que nous n’allions pas jusqu’au bout.
Plus tard, alors que j’étais au volant pour rentrer chez moi, la honte et le mépris de moi-même m’ont envahie, et j’ai commencé à sangloter de façon incontrôlable. Je me suis garée sur le bord de la route, et je me suis sentie accablée par le remord ; j’avais dit oui ; tout était donc de ma faute. Ma mère m’avait appris à rester ferme dans mes choix, et j’avais failli. J’ai également commencé à ressentir de la haine pour ce garçon, à cause de la façon dont il m’avait manipulée.
Lorsque j’ai été en état de conduire à nouveau, j’ai repris la route et j’ai foncé jusqu’à la maison. Je suis allée directement dans ma chambre pour que mes parents ne me posent aucune question. J’étais toujours bouleversée. Je me suis allongée sur mon lit, et j’ai soudainement été surprise par le calme qui m’a envahie. C’était un rappel de la présence de Dieu, et je me suis mise à exprimer de la gratitude. J’étais très reconnaissante pour toutes les personnes de mon entourage qui m’aimaient inconditionnellement : ma mère et mon père, mes amis, mes frères et sœurs. Penser à tout cet amour m’a assurée que Dieu était toujours avec moi, et cela m’a aidée à m’endormir.
Le lendemain, cependant, je me sentais mal chaque fois que je pensais à ce qui s’était passé. J’ai décidé d’en parler à ma meilleure amie, et elle m’a affirmé que rien de tout cela n’était ma faute. J’avais dit non, et il n’avait pas respecté les limites que j’avais fixées.
Elle m’a également incitée à lui pardonner. En fréquentant l’école du dimanche de la Science Chrétienne, j’avais appris combien le pardon est puissant, j’ai donc eu à cœur de pardonner. Je savais que ce que ce garçon avait fait était mal, et qu’il n’avait aucune excuse pour l’avoir fait. Je savais qu’un jour, d’une manière ou d’une autre, il devrait le reconnaître.
Mais je savais aussi que le pardon pourrait nous aider tous les deux, particulièrement s’il était basé sur une compréhension de notre identité en tant qu’enfants de Dieu. Lorsque quelqu’un se comporte de façon méchante ou inappropriée, cette identité spirituelle peut sembler difficile à reconnaître. Mais voir les autres et nous-mêmes de la façon dont Dieu nous voit – comme bons, aimants, purs et désintéressés – permet à cette identité réelle d’apparaître plus pleinement. Je savais que je pouvais pardonner en me basant sur cette compréhension spirituelle de mon petit ami et de moi-même.
Durant le trajet en bus pour me rendre à mon match de basket cet après-midi-là, j’ai commencé à pardonner. J’ai pardonné de tout mon cœur. Et en le faisant, un passage des psaumes est venu à ma pensée : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent ». (23:4) Savoir que Dieu était là avec moi, me guidant tout au long de cette situation – aussi sombres que les choses puissent paraître, ou aussi seule que je me sente – était un vrai réconfort.
J’ai soudain senti le besoin de dire à ce garçon ce que je ressentais. J’ai rompu notre relation, et je lui ai dit honnêtement combien ses actions m’avaient blessée, mais je lui ai aussi dit que je lui pardonnais.
Après ça, nous ne nous sommes plus parlé durant toutes les vacances, et même durant le second trimestre. Durant cette période, j’ai continué de prier, et de me sentir de plus en plus libre. La culpabilité et la honte ont été remplacées par un sentiment de paix à mesure que je comprenais que mon innocence est toujours protégée par Dieu. Bientôt, j’ai été à même de laisser cet incident derrière moi.
Parce que nous avions deux cours ensemble, nous avons finalement décidé de nous parler à nouveau. Et il a commencé par me dire qu’il se sentait coupable de m’avoir forcée à faire quelque chose que j’avais refusé de faire à plusieurs reprises. Parce que je me sentais entièrement réconfortée par Dieu, et que je ne ressentais plus ni honte ni culpabilité, je lui ai dit que je lui avais déjà pardonné, et qu’il pouvait abandonner ce fardeau. Nous sommes restés amis depuis.
Cette expérience m’a enseigné beaucoup de choses – pas seulement au sujet du pardon, mais aussi concernant le fait de suivre mon intuition pour faire ce qui est juste. J’ai appris que cette sorte d’intuition est vraiment la direction de Dieu, et qu’il est important de laisser Dieu guider mes actions et mes décisions. Je sais que, lorsque j’écoute Dieu, je suis toujours guidée sur le bon chemin.