« Maman, Robyn dit que mes cheveux sont moches », m’a dit en riant ma fille de cinq ans, assise sur le siège arrière de la voiture. « Ce sont des bêtises », ai-je répondu en ouvrant la portière pour que les deux filles sortent et aillent jouer. Elles ont sauté de la voiture toutes joyeuses.
Je suis restée là, impressionnée par la réaction de ma fille. Cela ne l’a pas blessée, elle n’a ni pleuré, ni blâmé son amie, elle ne s’est pas demandé si, après tout, ses cheveux bouclés n’étaient pas si beaux que ça. Elle savait qu’elle avait de beaux cheveux et elle a rejeté en riant la suggestion contraire.
Cet incident, bien que minime, m’a frappée de plein fouet. Pendant des années, j’avais accepté des propos négatifs à mon sujet au lieu de les rejeter. Non seulement je me critiquais, mais mon mari me couvrait d’invectives régulièrement. Cela me rendait triste et je me sentais inférieure. C’était pourtant un homme bon à d’autres égards, et nous avions quatre enfants adorables. J’essayais donc de comprendre pourquoi mon mari était en colère contre moi ou ce que je faisais de mal.
Grâce à mon étude de la Science Chrétienne, je savais que la guérison était possible. Désirant à tout prix me sentir aimée par Dieu et me considérer comme Son enfant bien aimée, j’ai demandé à un praticien de la Science Chrétienne de prier pour moi. J’ai considéré la situation d’un point de vue spirituel, comprenant que Dieu a créé chacun de nous comme Son idée parfaite, et le connait en tant que tel. Nos actions et nos réactions ne pouvaient donc qu’être bonnes et aimantes, tout comme celles de Dieu.
J’ai aussi décidé de rejeter la croyance au mal prenant la forme d’une personne dure et colérique. Toute forme de mal est une tentative impersonnelle d’obscurcir la bonté de Dieu et de nous priver de la paix et de la joie. Ce passage d’ Ecrits divers 1883-1896 de Mary Baker Eddy indique comment traiter la malveillance et autres maux : « Ce péché croissant doit être maintenant traité en tant que mal, et non en tant que malfaiteur ou personnalité. Il faut aussi se rappeler qu’une prétention mauvaise pas plus qu’une personne mauvaise n’est réelle, donc il ne faut ni la craindre ni l’honorer. » (p. 284)
Il m’a fallu beaucoup de temps pour saisir ce que signifie considérer le mal (y compris les paroles cruelles et les réactions pénibles) comme étant impersonnel. Je pensais être malheureuse à cause d’un homme enclin à la colère. En fait, c’était une croyance au mal qui brisait la paix et l’harmonie que Dieu m’avait données. La tentation d’accepter le mal comme étant réel prenait une forme qui me paraissait crédible, en l’occurrence la colère et la méchanceté d’une autre personne. Tant que j’admettais qu’un comportement et des propos pouvaient me blesser ou me rendre malheureuse, il en était ainsi. Dès que j’ai réalisé que la colère n’est pas une personne mais un outil du mal, lequel est lui-même irréel parce qu’il n’a pas été créé par Dieu, j’ai compris que cette colère n’avait aucune place dans ma vie ni aucun effet sur mon identité d’enfant de Dieu. Elle n’a alors plus eu aucun effet sur moi.
Cette prière et cette compréhension m’ont donné le courage d’affronter la difficulté de ma situation, tout en m’aidant à voir que la nature impersonnelle du mal n’excuse en rien les mauvais traitements. Mon mari et moi avons fini par nous séparer et divorcer, mais cela n’a pas résolu le problème. Il était toujours nécessaire de dénoncer la mascarade du mal qui se présente sous la forme d’un agresseur et d’une victime. Mais les nombreuses guérisons dont ma famille et moi avons bénéficié pendant cette période – varicelle, oxyures, verrue plantaire, séquelles d’accidents, par exemple – stimulaient mes progrès. C’est une guérison physique qui a finalement entraîné un revirement complet.
J’accrochais mes tableaux en vue d’une exposition qui était prévue le jour même où la petite amie de mon ex-mari lui organisait une fête. Chacun de nous souhaitait que notre fille (qui m’aidait) soit présente, lui à sa fête, et moi à mon exposition, ce qui a envenimé les choses entre nous. Tout à coup, ma joie a fait place au stress et à l’anxiété, et j’ai développé une affection cutanée douloureuse. Je devais porter une robe ample car je ne supportais aucun contact avec ma peau. Des amis ont vu que je pouvais à peine bouger, et ils m’ont proposé leur aide. J’ai alors ressenti l’amour inébranlable de Dieu qui s’exprimait à travers des actes pleins de bonté.
Le soir de l’exposition, mon ex-mari a appelé pour demander avec virulence quand notre fille aurait terminé. Après avoir raccroché, je pouvais à peine respirer. Puis, d’un seul coup, j’ai compris que je réagissais à une illusion du mal comme étant personnel et puissant, au lieu d’accepter la vérité de Dieu, l’Amour divin, et le fait que Ses enfants sont aimés et aimants. De même que ma fille avait ri d’un mensonge quelques années auparavant, j’ai pris conscience du ridicule de croire que le mal pouvait me nuire. Toute cette situation n’était qu’une supercherie qui nous avait trompés, mon ex-mari et moi, et je ne voulais plus en entendre parler. De même que Jésus avait répondu aux tentations du mal, je pouvais dire à mon tour : « Retire-toi, Satan ! » (Matthieu 4:10)
Quand j’ai reparlé à mon ex-mari, je lui ai dit avec fermeté que je n’accepterais pas qu’il me manque de respect et qu’il se mette en colère. Il a aussitôt changé de ton et ne m’a plus jamais parlé méchamment. J’ai été guérie de l’affection cutanée à ce moment-là.
Mon ex-mari ne m'a plus jamais parlé méchamment.
Le changement est survenu lorsque j’ai accepté la vérité de cette déclaration de Mary Baker Eddy : « Le mal n’a pas de réalité. Ce n’est ni une personne, ni un lieu, ni une chose, mais simplement une croyance, une illusion du sens matériel. » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 71) Plus loin dans le même livre, elle écrit : « Les vérités de l’Entendement immortel soutiennent l’homme, et elles annihilent les fables de l’entendement mortel, dont les prétentions, criardes et vaines, semblables aux sottes phalènes, se brûlent les ailes et tombent en poussière. » (p. 103)
Cette guérison m’a apporté une vision beaucoup plus claire du mythe du mal ou erreur. Lorsque des situations difficiles se présentent maintenant, j’identifie la prétention ou suggestion sous-jacente. Quelle que soit la forme qu’elle prend – relations inharmonieuses, maladie, perte d’emploi, etc. – chaque prétention se résume en un mensonge selon lequel Dieu, le bien, est absent. Mais Dieu, le bien infini, est Tout, donc le mal n’a ni réalité, ni pouvoir, ni influence. Lorsqu’on le comprend, peu importe combien de temps on a cru le contraire, on peut rejeter le mal comme étant erroné. Alors ses « prétentions, criardes et vaines [...] tombent en poussière. »
