Il y a des années de cela, j’étais aumônier des Armées dans un bataillon du génie, au Vietnam. Un jour, notre matériel a commencé à disparaître. Nous avons pris des mesures pour faire cesser ces vols, mais cela n’a servi à rien. C’était très inquiétant, comme si des forces du mal invisibles échappaient à notre contrôle. Notre commandant risquait d’être relevé de ses fonctions. Je m’apprêtais à aller le réconforter lorsqu’il m’est apparu que je devais faire autre chose en premier lieu. Je suis allé dans mon bureau et j’ai fermé la porte.
Ce jour-là, j’ai commencé à communier régulièrement avec Dieu. Je voulais sentir la présence du bien, qui ne pouvait pas être envahi par le mal. Au bout du deuxième ou troisième jour, j’ai eu l’esprit parfaitement clair. Plusieurs éléments d’information, qui n’avaient pas semblé liés à notre problème auparavant, ont pris un nouveau sens. J’ai compris ce qui se passait, j’ai su qui était impliqué et où tout cela menait. Le matériel était vendu, et l’argent de la vente servait à mettre en place un réseau de drogue. J’ai prié avec ce nouvel éclairage à l’esprit, puis j’ai fait part de mon intuition au commandant. Il a agi en conséquence, et les vols ont cessé.
J’ai constaté que l’intuition spirituelle vient souvent à ceux qui prient, et que, s’ils en tiennent compte, cela s’avère une protection. C’est par exemple un accident qui est évité, ou bien une personne qui se sent poussée à prier pour quelqu’un de sa famille, et apprend plus tard que l’individu concerné a échappé à un danger. Ces intuitions donnent souvent le sentiment de l’imminence d’un événement indéfini. Alors, grâce à la prière, on bénéficie de la protection de Dieu. Dans le cadre de notre fidélité à Dieu, il est très important, et d’autant plus dans des périodes chaotiques, de cultiver ce phénomène a priori occasionnel, afin qu’il devienne plus régulier et serve à protéger l’humanité.
En décrivant une période de grands bouleversements, qui n’est pas très différente de l’année que nous venons de connaitre, Jésus déclara à ses disciples : « Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez. » (Marc 13:37)
En une autre occasion, Jésus dit : « Si le maître de la maison savait à quelle veille de la nuit le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. » (Matthieu 24:43)
En se basant sur ces deux passages, on peut penser que veiller implique de rester attentif à l’actualité, à la lumière des enseignements de Jésus, afin d’être prêt à servir. Ce service comprend une certaine prescience pour prévenir les événements menaçants. Cela est-il possible ?
Mary Baker Eddy, la découvreuse de la Science Chrétienne, a appris dans sa propre vie et enseigné dans ses écrits que prévoir et prévenir les événements négatifs par la prière est le résultat naturel d’une communion constante avec Dieu ; c’est la conséquence naturelle d’une vie proche de Dieu, l’Esprit divin. Elle a même souhaité que le Héraut cultive cette perception spirituelle. Mais cela demande un effort de communier avec l’Esprit, car les sens matériels doivent être réduits au silence, ce qui n’est pas toujours facile à faire. Ce que l’on voit, entend et ressent avec les sens physiques paraît si convaincant, si définitif, qu’on a tendance à en oublier la conscience spirituelle et ses possibilités.
« Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte », dit Jésus (Matthieu 6:6). Dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy explique que cette action fait taire les sens matériels (voir p.15). Et dans le même livre, elle dit aussi : « Nous entendons l’Esprit, Dieu, lorsque les sens se taisent. » (p. 89)
Prévoir et prévenir les événements négatifs par la prière est le résultat naturel d’une communion constante avec Dieu.
C’est de cette communion que l’on a besoin. On ressent ainsi un peu plus la présence divine. C’est connaître Dieu, pas seulement quelque chose à Son sujet. Cela vient du cœur autant que de l’esprit. Il faut être humble et être focalisé davantage sur Dieu et moins sur soi-même. La communion peut inclure la gratitude, la louange, le chant de cantiques, la confiance, l’abandon de soi, la prière de pétition, le désir ardent, la tranquillité, l’écoute. Communier avec Dieu nous aide à devenir conscients du fait que nous ne sommes jamais seuls et que, dans toutes les situations stressantes, le combat n’est pas le nôtre, mais celui de Dieu. En maintenant cette conscience spirituelle dans la vie quotidienne, l’intuition nous souffle que quelque chose requiert notre attention, que quelque chose de caché a besoin d’être mis au jour et qu’il faut prier à ce sujet.
Au moment de ces intuitions spirituelles, bien que nous ne sachions pas toujours quelle est la menace, reconnaissons que la volonté de Dieu, le bien, gouverne tout, et constitue une loi divine d’annihilation qui s’applique à tout ce qui lui est dissemblable. Par exemple, la loi divine du bien démasque et punit les efforts visant à enfreindre secrètement le droit que Dieu a donné à l’homme de se gouverner lui-même. Cette loi désamorce les situations explosives. Cette intelligence divine élimine ce qu’il y a de pire dans la nature humaine et le remplace par ce qu’il y a de meilleur, et elle améliore nos institutions.
Durant cette période où la volonté humaine et ses nombreuses expressions semblent d’une grande intensité, il est important de faire taire le sens matériel des choses par la communion avec Dieu, de cultiver la perception spirituelle et ses étonnantes capacités à prévenir le mal et à se défendre contre lui. Si tout cela vous paraît nouveau, et que vous ne savez pas comment communier avec Dieu, vous pourriez peut-être réfléchir à une pensée inspirée ou à l’un de vos cantiques préférés, ou encore éprouver de la reconnaissance pour le bien reçu – quelque chose qui vous touche le cœur. Alors le fait de réfléchir plus à fond à la nature de Dieu, de louer et d’adorer Dieu, élèvera naturellement vos pensées.
Rappelez-vous que vous travaillez pour acquérir une discipline durable. On peut, par exemple, commencer par communier avec Dieu deux ou trois jours par semaine pendant un quart d’heure, ou bien tous les jours pendant de courts moments. Il faut simplement être très calme et reconnaître la présence de Dieu. Les intuitions qui découlent de cette conscience spirituelle soutenue de ce qui est bon et vrai non seulement mettent au jour le mal qui était caché, mais nous assurent de sa destruction.
Jésus nous fournit sans doute l’exemple le plus dramatique de ce genre de veille lorsqu’il était avec ses disciples dans le jardin de Gethsémané, la nuit précédant son crucifiement. Il leur demanda de veiller avec lui tandis qu’il priait et veillait lui-même sur le christianisme et le monde. Ses disciples furent incapables de répondre à cette attente. Mais peu de temps après, ils virent dans la résurrection de Jésus l’incapacité absolue du mal d’entraver le dessein de Dieu. Et cela changea tout ! Ils retrouvèrent leurs racines spirituelles et exercèrent fidèlement leur vigilance durant la périlleuse formation de l’Eglise primitive, Dieu travaillant avec eux.
La rédemption, avec les bouleversements qui s’ensuivirent, inaugurée par Dieu en la personne de Jésus, se poursuit encore aujourd’hui. Comme les disciples, nous avons un rôle à jouer. Notre responsabilité n’est pas tant d’être vigilants à l’égard du mal que de témoigner, par la communion avec Dieu, que Dieu est toujours à l’œuvre et que le mal est impuissant à entraver le dessein divin.
