Je vivais en Uruguay, mon pays natal. J’étais soprano et j’allais donner un récital, accompagnée par un quatuor. Trois ou quatre jours avant le spectacle, j’avais une répétition et ma fille alors âgée de quatre ans m’accompagnait. Nous sommes sorties de la maison et, au coin de la rue, je suis descendue du trottoir pour appeler un taxi. Je ne m’attendais pas à ce qu’un véhicule vienne de la gauche, car c’était une rue à sens unique, mais j’ai entendu quelqu’un crier: « Madame, attention! » Je n’ai pas eu le temps de réfléchir. J'ai brusquement senti un énorme choc comme si un mur m’écrasait. Je venais d’être renversée par un camion dont le chauffeur était en état d’ivresse.
Le cardan du véhicule était pressé contre mon sternum, me tenant clouée au sol, si bien que je ne pouvais ni parler ni respirer librement. Coincée sous le camion, je ne pouvais penser qu’à une seule chose: « Dans le royaume de Dieu, il n’y a pas d’accidents. »
J’avais de plus en plus de peine à respirer, mais je suis malgré tout parvenue à demander aux gens qui essayaient de nous aider, de faire avancer le camion. C’est ce qu’ils ont fait, et la pièce de métal ne m’écrasait plus la poitrine. On nous a retirées, ma fille et moi, de dessous le lourd véhicule. J’étais vaguement consciente du fait que ma fille était saine et sauve. Les roues étaient passées à quelques centimètres de sa tête, sans la toucher. J’entendais faiblement les gens me demander comment je me sentais. Je n’allais pas très bien, car je n’étais toujours pas capable de respirer librement, mais tout ce qui m’est venu de répondre, c’était: « Bien. »
A ce moment-là, je pensais à la femme sunamite, dans la Bible (voir II Rois 4:8-37). Quand son fils meurt, elle court vers Élisée le prophète pour avoir de l’aide. Le serviteur d’Élisée lui demande si elle et son fils vont bien, et elle répond: « Bien. »
Pendant tout ce temps, je me suis accrochée à ce que je croyais fermement être vrai, comme la Sunamite peut-être, à savoir que dans le royaume de Dieu, seule l’harmonie est réelle. Il n’y a ni accidents ni discordance, seul le bien existe dans la réalité. Presque inconsciente, je savais qu’il était essentiel que je sois pleinement consciente de ces vérités, du fait que tout allait bien et qu’il n’y aurait aucune séquelle parce que rien ne peut survenir en dehors du bien.
Quelqu’un m’a demandé comment allait ma fille, et j’ai répondu qu’elle allait bien. Quelques secondes plus tard, j’ai perdu connaissance. Quand je suis revenue à moi, ma fille et moi étions en route pour l’hôpital le plus proche. Les deux hommes, qui étaient ivres dans le camion, étaient à mes genoux, me suppliant de leur pardonner. Je leur ai souri en leur disant de ne pas s’inquiéter.
Dès que ma mère a été informée de ce qui s’était passé, elle a demandé à une praticienne de la Christian Science de prier pour nous. Cette dernière a accepté. A l’hôpital, ma fille et moi avons passé des radios. Les médecins craignaient qu’il y ait une hémorragie interne. Les prédictions étaient très sombres, mais aucune ne s’est réalisée. Plus tard, quand j’ai entendu les médecins dire que ma fille et moi étions passées par ce qui ressemblait à une nouvelle naissance, j’ai remercié Dieu silencieusement.
Je ne pouvais toujours pas respirer ni marcher normalement, mais je souhaitais rentrer chez moi. Je savais par expérience combien le traitement par la Christian Science était fiable et combien le fait de reconnaître la vérité spirituelle de l’existence a un impact sur ce qu’on vit.
Le samedi suivant, j’avais un concert très important, et lorsque mes amis ont appris ce qui m’était arrivé, ils sont venus me rendre visite et m’ont dit qu'ils allaient engager une autre soprano. Je leur ai assuré que je serai capable de donner le récital.
J’avais dit aux chauffeurs du camion de ne pas s’inquiéter pour moi, mais je leur en voulais encore. Une fois mes amis partis, j’ai eu la possibilité d’être seule pour la première fois et de réfléchir à ce qui s’était passé. J’étais si reconnaissante de voir ma fille courir, marcher, être en pleine forme que j’ai remercié Dieu et je Lui ai demandé ce que j’avais besoin d’apprendre dans tout cela. Je savais que Dieu voulait notre bien-être. Il ne veut que le bien pour Ses enfants.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « La pensée dirigée tout entière vers l’accomplissement d’une chose honnête rend cet accomplissement possible. » (p. 199) J’avais pour objectif d’accomplir mon devoir. C’est alors que j’ai senti les pensées-anges qui viennent de Dieu pour nous guider et nous protéger. Une voix intérieure m’a obligée à repenser à la manière dont je voyais les chauffeurs du camion.
Je me disais qu’ils étaient complètement inconscients et criminels, mais j’ai bientôt reconnu qu’ils étaient les enfants innocents, purs et parfaits créés par Dieu, c’est-à-dire l’homme que Dieu avait créé, l’homme parfait. Ce concept était inattaquable. J’ai compris que je devais voir ces hommes tels que Dieu les voyait. Ainsi que le dit la Bible, Dieu a les « yeux trop purs pour voir le mal » et Il ne peut pas « regarder l’iniquité » (Hab. 1:13) Pendant une demi-heure, je suis alors restée à reconnaître la bonté divine, la magnifiant, la développant, la chérissant. Bientôt, je me suis sentie en paix et j’ai cessé d’en vouloir à ces hommes.
Quelques minutes plus tard, ma fille est entrée dans ma chambre. Je ressentais tant d’amour que je n’étais consciente de rien d’autre. Je n’avais aucune crainte quant aux séquelles possibles de l’accident ou quant au fait que je ne pourrais plus chanter. Je n’avais absolument aucune crainte. Je ne ressentais qu’une grande paix intérieure et un bonheur suprême. Ma fille se tenait sur le seuil de la porte et je lui ai demandé de s’approcher. Je voulais la serrer dans mes bras et l’embrasser. J’avais apparemment oublié que jusque-là, j’avais été incapable de bouger. Quand je me suis penchée et que je me suis tournée vers elle pour la prendre dans mes bras, j’ai entendu un craquement sonore et j’ai senti quelque chose s’ajuster dans mon corps. Cela m’a coupé la respiration. Quand je me suis redressée, j’ai senti que tout était rentré dans l’ordre, que j’étais guérie. Je me suis donc levée.
Cette pensée pleine d’amour pour ces hommes, cette reconnaissance de la vérité, avait été si réelle et si puissante qu’elle avait eu un effet transformateur sur ma conscience et mon corps. J’ai pu chanter ce samedi-là, Le concert a eu du succès. Je remercie Dieu pour Sa bonté, Ses directives, Sa sollicitude.
