Nous portions tous un badge. A mesure que nous avancions dans le couloir, les portes s'ouvraient automatiquement puis se refermaient derrière nous avec un bruit métallique. Nous savions que nous étions surveillés. Si nous nous étions perdus dans le labyrinthe des couloirs incolores, une voix nous aurait aidés à retrouver notre chemin.
C'était un dimanche après-midi, et nous allions tenir un service religieux dans la prison de notre comté. Après que les gardiens eurent annoncé le service à travers les haut-parleurs, un certain nombre de jeunes gens sont entrés dans la petite salle qui faisait office de chapelle. La porte s'est refermée derrière eux. Quelques-uns se sont assis deux par deux, d'autres étaient seuls. Ils étaient très amicaux et paraissaient nous être extrêmement reconnaissants du fait que nous venions passer une partie de notre dimanche après-midi avec eux. Nous étions vraiment très heureux d'être là, et nous ressentions la présence de Dieu qui nous rassemblait comme des frères et des sœurs qui ont de l'affection les uns pour les autres.
J'étais chargée de lire la Bible. Deux autres personnes étaient avec moi. L'une allait lire Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. Ce livre nous révèle le sens spirituel et inspiré de la Bible. L'autre allait accompagner au piano le chant des cantiques. La partie musicale du service a été tout particulièrement appréciée. Chanter ensemble nous a unifiés et a élevé notre pensée.
En attendant mon tour de lire, j'ai prié, à l'écoute de Dieu. Les mots « la présence maternelle de Dieu » me sont immédiatement venus à l'esprit. Et pendant tout le service, chaque fois que ce n'était pas mon tour de lire, j'ai prié pour comprendre que chacun de ces hommes était capable de se sentir entouré de la tendre présence de notre véritable Père-Mère Dieu qui lui apportait le réconfort, le pardon, la douceur. Personne ne pouvait être séparé de l'amour maternel de Dieu, un amour constant, miséricordieux, tendre et doux. Dieu, qui est Amour, ne cesse jamais d'aimer Son enfant.
Chanter ensemble nous a unifiés et a élevé notre pensée.
Les paroles d'un cantique se sont présentées à ma pensée: Amour, si maternel et vrai,
Qui chasses le doute et la peur,
En notre esprit descend la paix
De ce message rédempteur:
L'homme est Ton fils, Seigneur. (Hymnaire de la Science Chrétienne, nº 232)
J'avais le sentiment profond que Dieu nous faisait tous prendre conscience de la présence du Christ. Dieu connaissait la sincérité de tous ces cœurs. Et Il satisfaisait les désirs sincères.
Nous avons tous ressenti les bienfaits de ce service et de nombreux « Amen » ont été prononcés comme pour appuyer la Parole de Dieu. Des pieds battaient la mesure et des corps se balançaient pendant le dernier cantique, et à la fin de la dernière strophe, une voix a crié: « Est-ce qu'on peut le chanter encore une fois ? » Bien entendu, nous l'avons rechanté. La pièce était remplie de ce sentiment qu'on éprouve lorsqu'on sait que Dieu est présent.
Après le service, un jeune détenu a demandé à me parler en privé et nous nous sommes retirés dans un coin de la pièce. Nous sommes restés là un moment sans rien dire, puis il a éclaté en sanglots. Il s'est essuyé les yeux avec le bas de son T-shirt tout en regardant avec anxiété vers la vitre pour s'assurer que les gardiens n'avaient rien remarqué. En effet, ils n;avaient rien vu.
Il m'a confié qu'il avait laissé tomber sa mère. Il l'avait déçue par ses actes. Elle lui manquait et il était triste de lui avoir fait de la peine. Que devait-elle penser de lui maintenant ?
J'ai remercié Dieu mentalement de m'avoir montré dans quel sens prier pendant ce service. Je lui ai dit que l'amour maternel était une qualité spirituelle que sa mère reflétait car elle était une idée spirituelle de Dieu. L'amour maternel de Dieu est constant et fort. Pour Dieu, « si maternel et vrai », cet homme n'était rien d'autre qu'un fils chéri, un fils parfait, créé à la ressemblance même de Dieu. Dieu n'avait jamais créé un fils capable de commettre des fautes pour le punir ensuite. Dieu le connaissait en tant que Son idée spirituelle et n'avait jamais, jamais cessé d'aimer sa vraie nature sans péché.
Cet homme n'avait peut-être pas compris que Dieu l'avait créé pour qu'il exprime la nature divine. Il n'était pas un amalgame de gènes et de chromosomes, mais une création spirituelle. Dieu est le Principe qui ne dévie pas, l'Amour qui ne chancelle pas. L'Amour divin remplit tout l'espace et prend parfaitement soin de Ses enfants. En réalité, il est impossible que la vraie nature d'une personne puisse déchoir et agir d'une façon qui ne reflète pas sa Mère parfaite ou son Père parfait, Dieu. Je lui ai assuré qu'aux yeux de Dieu, il n'avait aucune raison de craindre de peiner sa mère. Au contraire, en exprimant sa nature véritable, son fils sera pour elle une source éternelle de joie. Je lui ai dit que sa mère, en reflétant les qualités maternelles parfaites de Dieu, ne pourra jamais cesser de l'aimer, pas plus que Dieu ne cessera de l'aimer.
Les autres détenus étaient tous partis, et les gardiens sont venus le chercher. Je l'ai accompagné jusqu'à la porte en l'invitant à revenir au service la semaine suivante. J'étais reconnaissante que Dieu m'ait conduite dans cette prison qui, cet après-midi là, ressemblait vraiment à un lieu sacré.
