Être mince. Ressembler aux mannequins des magazines. C'est le but que se fixent de nombreuses jeunes femmes dans le monde entier. C'était aussi l'objectif que nous avons interviewée (et qui a demandé à rester anonyme), jusqu'à ce qu'elle se retrouve dans une situation alarmante. Elle a alors découvert ce qui rend vraiment heureux et beau.
Héraut: Est-ce qu'il y a une certaine pression au lycée, quant à l'aspect extérieur et à la façon de s'habiller ?
Oui, cela dépend avec qui l'on est, mais c'est vrai que généralement les marques de vêtements et la manière de s'habiller font souvent l'objet de jugements de la part des autres élèves. Ceux qui ne s'habillent pas d'une certaine façon ont tendance à être rejetés, et c'est la même chose pour ceux qui sont trop gros.
Héraut: Pensez-vous que lorsqu'on arrive à l'âge de seize, dix-sept ans, cette pression devient plus forte ?
Oui bien sur, car chacun essaie d'être accepté, et le moyen le plus facile pour cela est de se conformer aux normes imposées par la mode.
Héraut: Vous êtes-vous préoccupée de votre poids à certains moments?
En fait oui, car j'avais l'impression d'être grosse. Je m'étais mis cette idée dans la tête, et bien que l'on m'affirmait le contraire, je n'écoutais pas les autres. Quand je feuilletais des magazines de mode, les filles étaient tellement minces, que c'était l'idée que j'avais d'un poids normal. A la télé, les filles sont minces également, et inconsciement, ces normes de minceur deviennent un critère de beauté. D'ailleurs, si l'on veut s'habiller dans un style qui nous plaît, qui soit à la mode, il faut être mince.
Héraut: A quel moment est-ce que vous vous êtes rendu compte que vous n'étiez pas contente de votre corps ?
Cela s'est vraiment déclenché l'année dernière, en été, alors que j'encadrais des enfants lors d'un stage d'acrobatie. Les moniteurs devaient préparer un spectacle de pyramides et, étant la plus jeune et la plus légère de l'équipe, j'étais toujours désignée pour aller en haut. J'ai donc décidé d'être encore plus légère, afin de mieux accomplir mes figures. Car en fait, la pression là-bas était forte également: si j'étais au sommet, c'était pour une question de poids: si quelqu'un de plus léger que moi arrivait, il aurait pu prendre ma place et je ne le voulais en aucun cas !
Héraut: Est-ce que ce désir d'être mince a continué après le stage?
Oui, je m'en préoccupais tout le temps et de plus en plus. Faire du sport me coupait l'appétit. Donc plus je faisais de sport, moins je mangeais.
A la rentrée des classes, je devais manger à la cantine. Ce n'était pas très bon. Comme personne ne me contrôlait, je mangeais très, très peu.
Héraut: Est-ce que vous essayiez toujours de rester mince?
Au début oui, mais après je ne mangeais plus parce que je n'avais vraiment pas faim. Je ne me sentais pas bien quand je mangeais. Et je me disais qu'il ne fallait pas se forcer. J'avais peur de prendre des aliments gras.
Héraut: Donc, vous mangiez très peu et en plus vous choisissiez les aliments que vous mangiez ?
Oui, mais les premiers mois, au niveau physique, ça ne m'a rien fait. Après, j'ai commencé à être fatiguée à l'école et pendant les entraînements. Et puis je n'avais plus mes règles. J'ai du arrêter la gymnastique.
Héraut: Qu'avez-vous fait ?
Au début, je ne me rendais pas du tout compte de ce qui se passait. Ma mère a commencé à s'inquiéter. Elle me disait tout le temps: « Force-toi à manger ». Mais plus elle le répétait, plus cela me dégoûtait de la nourriture. Puis beaucoup de gens m'ont dit que j'avais beaucoup maigri. Mais moi je ne les écoutais pas, parce que je me trouvais toujours trop grosse. Et puis une amie que j'aime vraiment beaucoup m'a aussi fait la réflexion. Là, j'ai pensé qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Je me suis dit que si j'essayais de maigrir c'était pour être conforme à la mode, et mieux réussir dans le sport. Mais je me suis rendu compte que j'arrivais à l'effet inverse. J'ai donc decidé de mieux manger, mais je n'y arrivais pas.
Héraut: Vous avez essayé de vous forcer à manger ?
Voilà. Mais ça n'a pas marché. Je vomissais. Puis, j'ai reçu un e-mail d'un copain. Il me disait: « La base du bonheur c'est d'être heureux avec soi-même. » Je ne sais pas pourquoi il a envoyé ça a ce moment-là, mais cela m'a beaucoup aidée. Je me suis rendu compte que je n'étais plus du tout en accord avec moi-même et que j'étais très bien avant. C'était cette envie de maigrir qui avait gâché ma joie de vivre !!
Héraut: Donc vous vous êtes aperçue que vous vous sentiez plus heureuse avant que vous ayez envie de maigrir ?
Oui. Je me suis dit que tout cela ne m'avait servi à rien, que c'était vraiment stupide. Je voulais être en paix avec moi-même. Je désirais sincèrement retrouver le bonheur mais grâce aux qualités spirituelles que je possédais.
Quand je feuilletais des magazines de mode, les filles étaient tellement minces, que c'était l'idée que j'avais d'un poids normal.
Je ne voulais plus laisser les filles des magazines ou de la télé influencer ma vie de telle sorte. J'avais déjà en moi toutes les qualités nécéssaires pour être heureuse et rien ne pouvait me les enlever, surtout pas des images peu réalistes imposées par les médias!
Héraut: Vous vouliez retrouver votre être « réel » ?
Oui. Cependant, je n'étais toujours pas guérie. Mais j'avais changé ma pensée et j'étais vraiment prête à l'être. Donc une nuit où mon estomac ne pouvait vraiment plus rien garder, ma famille a appelé un praticien de la Christian Science pour qu'il prie pour moi. J'ai senti son soutien presque tout de suite et j'ai été guérie en trois semaines.
J'ai vraiment compris que je n'avais pas besoin de me conformer aux normes imposées par la mode pour être épanouie. Mon bonheur et ma santé ne dépendent pas de mon apparence physique. Le bonheur vient des qualités qu'on exprime comme la joie ou la bonne humeur, le sens de l'humour. Ces qualités viennent de Dieu. Nous les avons donc tous, et c'est celles-là qui rendent réellement heureux.
Héraut: Et vous mangez normalement maintenant ?
Oui, et j'ai repris la gymnastique. Maintenant après l'entraînement, j'ai faim ! Je suis en pleine forme ! J'ai également pris conscience que l'anorexie était exactement comme une drogue: Au départ, on vous promet quelque chose d'attirant: la beauté donc le bonheur. Au lieu de cela, on entre dans un engrenage dont il est difficile de sortir, et qui en plus, rend malheureux et dépendant. Comme pour la drogue, ce n'est pas quelque chose de physique qui vous apporte la joie de vivre, mais les qualités spirituelles qu'on exprime. Alors, la beauté apparaît !!
 
    
