Sommes-nous parfois troublés, sous pression, frustrés ? Notre univers semble-t-il à l'envers ?
Alors posons-nous cette question: A travers quelle lentille regardons-nous ? Est-ce à travers la lentille irrégulière du sens matériel qui produit des contours flous ou des images renversées ? Ou est-ce à travers la lentille à vision unique, parfaitement polie du sens spirituel, qui magnifie le bien ?
Reconnaître l'Esprit totalement bon et tout-puissant comme la cause unique, première et ultime, d'où rayonne tout effet, cela confirme que nous sommes dans la distance focale de l'infinité. Là, nous pouvons distinguer les faits de la fable. La réalité, l'harmonieuse création que connaît l'Entendement devient vivante et clairement visible. Et notre propre identité spirituelle en tant qu'expression de Dieu vient dans le champ de l'objectif.
Dernièrement j'ai réalisé une expérience intéressante à l'aide d'une loupe. J'ai orienté la loupe vers une corbeille de fruits placée sur une table voisine et j'ai regardé: l'image de la corbeille était parfaitement au point, ses contours étaient très nets et les détails précis. Quand je reculai un peu, la corbeille devint très floue, presque perdue dans une sorte de zone vague et brumeuse. Puis je reculai davantage, cette fois complètement hors du champ de la loupe. Soudain, l'image de la corbeille réapparut, parfaitement nette et au point. Mais cette fois-ci elle était sens dessus dessous !
Un moment je restai saisie. D'où sortait cette deuxième corbeille renversée ? Devais-je me précipiter pour la mettre à l'endroit ? Quel soulagement de savoir que les images renversées des objets — et de nous-mêmes et de notre univers — sont des points de vue et non des faits ! Il n'y avait jamais eu de deuxième corbeille renversée. Rien ne clochait avec la corbeille originale. Mon point de vue avait été faux. Ma position avait affecté ma vue.
Dans la Science de l'être, nous apprenons que rien de fâcheux n'arrive à l'homme originel, à l'homme impeccable de la création divine. Il n'y a pas deux hommes: un homme mortel, qui peut être malade, et un autre, spirituel, qui est toujours bien; un homme matériel, à qui le bien est souvent donné parcimonieusement, et un homme spirituel complet, à qui ne manquent ni l'abondance, ni la compagnie, ni la joie. Il n'y a qu'un homme, celui de la création de Dieu, abondamment pourvu et aimé, maintenant même. Chacun de nous peut s'identifier avec cet homme. Si les ressources semblent maigres, la santé chancelante, le bonheur vacillant, alors c'est que nous sommes, mais en croyance seulement, hors de la distance focale de l'Esprit infini.
Une position juste et une vision juste font disparaître ce faux sens limité et le lourd fardeau de fausse responsabilité qui l'accompagne, soit à notre égard soit à l'égard des autres. Un parent effrayé a peut-être l'impression qu'il doit sermonner un adolescent et tracer des plans pour lui. Ou bien l'un des conjoints, au lieu de faire des progrès en annihilant dans sa propre conscience l'erreur qu'il voit chez l'autre, persiste à le harceler obstinément pour qu'il s'améliore. Une partie de la solution consiste à voir que l'Amour divin est à l'œuvre dans chaque cœur et qu'il s'affirme de façon constructive. Le reste de la solution consiste à vivre le bien et non uniquement à en parler, et ainsi à donner à notre entourage l'idée de le vivre aussi. Le bien est contagieux.
L'homme et Dieu ne font qu'un dans l'être, et Dieu gouverne cet être. Dans la mesure où nous voyons cela — où nous le voyons réellement — nous sommes élevés au-dessus de la tâche épuisante que nous nous imposons et qui consiste à penser que nous devons jouer le rôle de Dieu à l'égard de quelqu'un d'autre. Nous refusons de nous identifier avec l'effort frénétique de tout mettre à l'endroit, alors que la création est déjà bien droite. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, qui découvrit et fonda la Science ChrétienneChristian Science: Prononcer ’kristienn ’saïennce., la Science de l'être et de la vision justes, dit: « La délusion, le péché, la maladie et la mort résultent du faux témoignage du sens matériel, qui, d'un point de vue supposé, en dehors de la distance focale de l'Esprit infini, présente une image renversée de l'Entendement et de la substance où tout est inverti. » Science et Santé, p. 301;
Quand nous étudions la vie et la mission de Christ Jésus, nous le voyons concentrer la pensée sur l'unité de l'être gouverné par Dieu et sur la filialité divine de l'homme. Il dit: « Le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres.» Jean 14:10; Dans un message à ses disciples, après sa résurrection, il parla de « mon Père et votre Père ». 20:17;
Comment pouvons-nous voir et vivre cette unité, cette éternelle inséparabilité de l'homme et de Dieu, cette filialité divine ? La réponse se trouve peut-être dans cette directive de Jésus dans son Sermon sur la Montagne: « L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est sain, tout ton corps sera dans la lumière. » Matth. 6:22 (version synodale);
Un œil sain ! Non pas une vision qui regarde dans deux directions, une vision qui va et vient entre l'Esprit et la matière. Non pas une vision dualiste qui trop souvent voit une image floue ou renversée — un homme de matière à la place de l'homme de Dieu. Mais un « œil » sain, une vision dirigée dans un seul sens, une vision pour laquelle resplendit l'image distincte de l'homme en tant qu'expression de Dieu, incorporelle et impeccable.
Quand nous le percevons, ce concept est si attirant et si complètement satisfaisant que nous nous empressons de le faire nôtre. Nous laissons sa vitalité débordante effacer toute léthargie et toute indifférence qui ont pu apparemment faire traîner nos pas. Nous laissons sa clarté briller sur une image floue ou déformée et mettre le véritable objet correctement au point. Nous commençons à voir une seule image et non deux.
La Science exige de discerner la perfection qui est déjà là, d'ajuster notre vue à la distance focale de l'Entendement infini, mais non d'aborder le problème en essayant de changer quelqu'un ou de se débarrasser de quelque chose. Quand nous voyons et vivons au sein de la totalité divine, l'image renversée est redressée. En fait, nous ne pouvons pas sortir réellement de la distance focale de l'Esprit, car elle est infinie. En dehors, il n'existe pas d'illusion de la matérialité. Autour de la totalité de l'Esprit, il ne peut y avoir une frange de néant d'où pourrait surgir le mal. Il ne peut y avoir la totalité et quelque chose d'autre.
Mrs. Eddy définit cela clairement dans son livre Non et Oui: « Dans la Science il n'y a pas d'état de l'être qui soit déchu, car il ne s'y trouve pas d'image invertie de Dieu, ni de possibilité d'échapper au rayonnement focal de l'infini.»Non et Oui, p. 17.
Il n'existe pas d'homme à l'envers, pas plus qu'un monde bouleversé. L'homme et l'univers témoignent de la totalité et de la rectitude du Principe divin illimité.
 
    
