Pour pouvoir aider les autres, il faut commencer par se préparer soi-même. Cette logique se trouve exprimée dans la Prière quotidienne du Manuel de L'Église Mère de Mrs. Eddy, où nous demandons une bénédiction premièrement pour nous-mêmes, et ensuite pour l'humanité: « “Que Ton règne vienne”; que le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins soit établi en moi, et élimine de moi tout péché; et puisse Ta Parole enrichir les affections de toute l'humanité et la gouverner ! » Man., Art. VIII, Sect. 4;
Notre étude de la Science Chrétienne est inséparable de la recherche de notre propre individualité réelle. Les écrits de Mrs. Eddy éclairent le lecteur, le bénissent et ainsi l'incitent à s'occuper du bien-être des autres. Jésus lui-même nous conseille ainsi: « Ote premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. » Matth. 7:5;
Les appréciations morales traditionnelles font une très grande différence entre l'égoïsme et l'altruisme; or, ces deux tendances contiennent la même erreur. Elles séparent les hommes en deux groupes: moi, et les autres — la première concentrée sur le « moi » et la dernière sur « les autres ». Une telle discrimination n'est pas scientifique puisqu'il n'y a qu'un seul Entendement que nous reflétons tous.
Vouloir aider les autres sans égard à notre propre progrès spirituel et à nos propres nécessités peut cacher un sens subtil de propre justice ou un sens pratique déficient. Comment pouvons-nous aider, dans le sens le plus profond, si nous n'avons préalablement préparé notre pensée à une vue spirituellement juste de la situation ?
Dans la pratique de la Science Chrétienne il est considéré normal que les praticiens reçoivent de leurs patients une juste rémunération pour leur travail. Cette question pratique a aussi une base scientifique: celle de disposer le patient à la nécessité et à la joie de donner selon ses propres possibilités.
Il est certainement juste de penser à soi, si nous nous y prenons intelligemment. Faire des plans pour notre carrière, diriger notre vie, choisir une voie juste, rendre pratique notre compréhension de l'abondance, tout cela est légitime. Nos actions profiteront à d'autres quand nos plans sont basés sur le fait que toute réussite réelle — celle qui se reflète aussi bien dans la santé et le bonheur que dans la prospérité — est celle qui multiplie les bienfaits en en faisant largement part à ceux prêts à les recevoir.
En fait, nous ne sommes pas des enfants insoumis, susceptibles d'abuser de nos droits. Nous pouvons nous attendre à savoir comment faire une distinction juste entre la recherche raisonnée du progrès individuel et l'égoïsme. La recherche raisonnée aide à l'avancement de l'humanité. L'égoïsme, en voulant exiger avec obstination ce qui est censé être un avantage personnel, sans rien vouloir donner en retour, entrave le progrès personnel. Mrs. Eddy commente ainsi ces méthodes égoïstes: « C'est contre soi-même que réagit le plus fortement le mal que l'on fait à un autre... Croyez bien “qu'il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d'une aiguille,” qu'il ne l'est pour vous de vous faire du bien en faissant du mal aux autres. » Science et Santé, p. 449;
La fraternité des hommes exprime la paternité de Dieu. Il nous faut démontrer notre unité avec nos semblables, non pas nous séparer d'eux et essayer de nous enfermer dans une tour d'ivoire. Une telle attitude conduirait à la solitude, à l'apitoiement de soi-même et à d'autres erreurs de ce genre — sentiments qui sont souvent la cause de problèmes physiques. Penser à soi de cette façon est en fait une maladie du sens mortel dont il importe de nous guérir rapidement avant qu'elle puisse produire un effet néfaste dans notre existence.
S'il nous arrivait de souffrir de cet attachement mesmérique à la croyance à un moi personnel, nous pouvons savoir qu'il est possible de nous en libérer. Chaque prière dirigée vers ce but, chaque effort humble et sincère qui tend à obéir aux conseils de Mrs. Eddy, chaque recherche consacrée de la Vérité nous rapprochent du jour où nous pouvons échanger le sens personnel contre la confiance en la direction infaillible de Dieu et Sa tendre sollicitude. Cette réalisation se manifestera quand il deviendra évident que chaque individu, y compris nous-même, dépend complètement de Dieu.
Christ Jésus prenait le temps de prier. Il passait beaucoup de temps à se préparer lui-même. Les quarante jours de la tentation dans le désert relatés dans le chapitre 4 de l'Évangile de Matthieu furent une expérience individuelle d'où toute autre personne était exclue, quoi que son impact depuis lors n'ait cessé de bénir l'humanité. « Sa mission fut à la fois individuelle et collective. Il fit bien l'œuvre de la vie, non seulement pour être juste envers lui-même, mais aussi par miséricorde pour les mortels, — afin de leur montrer comment faire la leur, mais non de la faire pour eux, ni de leur épargner une seule responsabilité », ibid., p. 18; écrit Mrs. Eddy.
Il se peut que la lecture superficielle des Évangiles nous fasse penser que Jésus a agi exclusivement pour les autres, sans aucun égard pour lui-même. Mais cette conclusion ne peut être retenue que si nous jugeons la vie de Jésus d'après le critère de notre propre expérience humaine et de nos propres croyances limitées, en ayant égard seulement aux opportunités humaines qu'il a abandonnées. En réalité l'accomplissement de sa mission devait être pour lui une source constante d'inspiration et de joie. Même l'expérience amère sur la croix lui apporta la bénédiction de la certitude du travail bien accompli et de l'ascension qui en résulterait et il refusa d'accepter la suggestion qu'il devait les échanger contre une solution de facilité et l'abandon éventuel de sa mission. Cette dernière réalisation nous amènera à considérer tout don spirituel comme une occasion de nous réjouir, et tout sacrifice d'éléments et de croyances mortels à une idée juste comme un pas progressif dans la voie que le Maître a tracée.
C'est un axiome en droit qu'on ne peut être en même temps juge et partie. Mais ceci s'applique évidemment au sens mortel, borné et limité par une conception personnelle et matérielle des choses. Il est demandé à chacun de juger soigneusement chaque jour ses pensées pour assurer son propre progrès. Si nous prenons en considération la promesse biblique contenue dans le verset suivant, cela nous aidera à accepter la condition requise: « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent... afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux. » Matth. 5:44, 45.
Le désir ardent d'être plus conscient de notre qualité d'enfants de Dieu nous guidera à voir dans l'injonction « Aimez vos ennemis » une bénédiction supplémentaire à laquelle nous pourrons nous soumettre avec joie. Nous serons ainsi mieux à même de diminuer les différences illusoires entre nos avantages et ceux des autres et entre notre bonheur et celui des autres et de voir que notre propre bien, comme le bien d'autrui, ont tous deux leur source en Dieu. C'est le moyen scientifique pour chacun d'être toujours plus clairement conscient de l'intégralité de son identité spirituelle individuelle.
Ne devez rien à personne,
si ce n'est de vous aimer les uns les autres ;
car celui qui aime les autres
a accompli la loi.
Romains 13:8
