La vieillesse est comme un bandeau mental sur les yeux: nous devrions refuser de le porter. Il est tissé de la pensée mortelle appelée temps. Nous nous l'imposons nous-mêmes. Quand nous percevons le simple fait que la décrépitude est une illusion, nous commençons à nous élever au-dessus d'elle par la juste compréhension de Dieu et de l'homme.
Puisque Dieu, le bien, est infini, Tout, et que nous sommes Son expression parfaite, Il ne nous condamne à aucune sorte de maux. Seul l'entendement mortel, la croyance à un entendement en dehors de Dieu, prétend le faire. Les idées peuvent-elles vieillir ? Le zèle, la joie, la véracité et l'amour, toutes qualités de Dieu, donnant la Vie, peuvent-elles s'user ou s'amoindrir ? Elles ne le peuvent pas; et par conséquent nous ne le pouvons pas non plus, parce que c'est seulement en les exprimant en tant que reflet infaillible de leur source que nous vivons. Donc en surmontant la croyance au vieillissement, nous devons constamment et d'une manière conséquente cultiver et exprimer ces qualités de l'Entendement divin qui donnent la Vie. C'est cette médecine-là qui guérira la décrépitude.
L'entendement mortel gouverne l'action de chaque partie du corps mortel, produisant de bons ou de mauvais résultats. « Vous dites: “Je me suis brûlé le doigt” » fait remarquer Mrs. Eddy. « Voilà qui est parfaitement juste, plus juste que vous ne le supposez; car c'est l'entendement mortel, non la matière, qui le brûle. » Science et Santé, p. 161; Elle raconte un cas de mort imposé par l'imagination: « Un criminel sur lequel certains étudiants anglais firent des expériences, s'imagina qu'on le saignait à blanc, et cette croyance occasionna sa mort, quoique l'on eût simplement laissé couler un filet d'eau chaude sur son bras. » ibid., p. 379;
L'homme « s'imagina qu'on le saignait à blanc » alors qu'en réalité il n'en était rien, et c'est cette fausse croyance qui gouvernait entièrement la situation, y compris ses fonctions corporelles. N'est-ce pas là le drame tragique que joue tôt ou tard tout le genre humain ? Aveuglés par la croyance mondiale à l'âge, les mortels s'imaginent qu'ils déclinent après avoir atteint un certain âge. Cette imagination peut graduellement devenir une conviction solide en dépit du fait que c'est seulement une illusion imprimée sur le corps, un état d'hypnose produit par soi-même. Les années solaires ne sont rien pour Dieu, l'unique Entendement éternel. Elles ne sont rien pour l'homme, l'expression de l'Entendement en dehors du temps. Même humainement, elles constituent simplement une mesure pratique permettant de tenir compte de la rotation de la terre autour du soleil. Elles ne produisent aucun effet par elles-mêmes sur l'entendement ou le corps. Mais la croyance chronique à la vieillesse a besoin d'être corrigée activement et avec persistance.
Comment peut-on commencer à se libérer de ce bandeau sur les yeux, que l'on impose à soi-même, cette conviction qu'ayant dépassé la prime jeunesse il nous faut, dès maintenant, aller en déclinant ? En comprenant que cette conviction est basée sur l'illusion de la naissance matérielle.
Si nous fûmes jamais nés dans la matière et son élément de temps, nos vies doivent parcourir toute la gamme de la croyance mortelle: croissance, maturité, décrépitude. Mais nous ne sommes pas des mortels nés dans un rêve des sens physiques. Nous sommes des idées spirituelles nées de Dieu, Esprit, et par conséquent sans âge, immortelles. Il ne peut pas y avoir de naissance matérielle, donc pas de mort pour l'image et la ressemblance spirituelle de Dieu. Seule, la croyance peut vieillir. La conscience spirituelle ne le peut pas.
S'élever au-dessus des croyances à l'âge, c'est s'élever de toutes les manières dans la conscience spirituelle. La Science Chrétienne réclame de nous plus que simplement nous réveiller de l'ensorcellement du sens de l'âge. Il est nécessaire de nous élever vigoureusement au-dessus de l'esclavage de traits de caractères irréels, d'une absorption dans les problèmes et intérêts personnels qui voudraient nous aveugler devant les exigences plus larges de l'amour universel. Nos efforts vers la conscience spirituelle doivent être une affaire d'habitude, de persistance, d'intransigeance. Nous ne pouvons pas permettre de nous installer complaisamment devant des problèmes non résolus, nous laissant entraîner à la dérive par les courants de l'entendement mortel et de sa croyance universelle au changement et à la décrépitude. Si nous acceptons ces erreurs, nous en supporterons les conséquences.
Est-ce Dieu qui nous dit qu'il est temps de nous replier sur nous-mêmes, de ralentir nos activités normales ? Nous parle-t-Il de l'accumulation des années, des facultés qui disparaissent, des intérêts qui déclinent ? Non; ce n'est que l'œuvre de l'entendement mortel, c'est le « diable », le mal, que Christ Jésus appelait menteur et meurtrier — qui « ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. » Jean 8:44;
Jésus déclarait aussi qu'il nous faut nous mettre d'accord rapidement avec notre adversaire pendant que nous sommes « en chemin avec lui ». Matth. 5:25; On ne doit pas permettre aux fausses prétentions de la décrépitude de croître dans notre pensée. Mrs. Eddy nous donne ce conseil dans Science et Santé: « Au lieu de vous soumettre aveuglément et tranquillement à la maladie, qu'elle soit à une période naissante ou avancée, révoltez-vous contre elle. » Science et Santé, p. 391;
Voici un appel aux armes que nous pouvons appliquer à chaque insinuation émanant de la croyance au vieillissement. Qu'importe si le monde entier croit que soixante-dix années constituent le seuil du déclin de vieillesse ? Cette croyance ne peut pas nous mesmériser à moins que nous croyions que c'est chose vraie. La compréhension de son irréalité au moyen de la totalité de Dieu nous libère.
Pourquoi persisterions-nous à accepter le modèle mortel pour notre vie, une fois que la Science Chrétienne nous a ouvert les yeux sur la nature mensongère de l'existence mortelle ? Pourquoi persister à coopérer avec des croyances meurtrières quand nous avons appris que notre véritable moi n'est pas mortel mais spirituel et éternel ?
Nous pouvons nous « révolter contre » ces croyances chroniques de propre destruction. Nous pouvons avoir une anticipation joyeuse d'activité et d'utilité accrues. Nous pouvons savoir que si nous remplissons notre rôle, cette promesse de Dieu sera accomplie: « Les adolescents se fatiguent et se lassent, et les jeunes hommes chancellent; mais ceux qui se confient en l'Éternel renouvellent leur force... Ils courent, et ne se lassent point, ils marchent, et ne se fatiguent point. » Ésaïe 40:30, 31.
