Parlant de Jésus, l'Épître aux Hébreux, chapitre douze, nous dit: « En vue de la joie qui lui était offerte, il a souffert la croix, dont il a méprisé l'ignominie ». Voici bien des années, avant de connaître la Science Chrétienne et ses grandes vérités qui changèrent le cours de sa vie, l'auteur du présent article avait appris ce verset et en admirait la beauté, la force, l'émouvante profondeur. Mais elle ne savait pas encore que tôt ou tard, ceux qui veulent suivre le chemin tracé par Jésus doivent apprendre à mépriser l'ignominie — à surmonter la tristesse qu'occasionne l'opposition du monde, hostile à la Vérité et à l'Amour.
La plupart des gens désirent que l'on ait d'eux une bonne opinion, et cette tendance se remarque déjà chez les petits enfants; aussi, à moins que la sagesse des éducateurs et les progrès spirituels fortifient leur courage moral, les jeunes gens, et même leurs aînés, risquent d'être très sensibles à la critique. Ils seront tentés de suivre la foule dans des voies mauvaises, au lieu d'obéir à ce qui est juste.
Mais à la longue il sera déçu celui qui désire avant tout se faire bien voir. Il constatera que plaire à chacun est chose impossible, et sa paix intérieure sera compromise s'il se laisse détourner du droit chemin parce qu'il se préoccupe trop de l'opinion d'autrui.
L'histoire religieuse et celle de tous les peuples offrent de tristes exemples de mondanité; en revanche, elles présentent aussi, bien des nobles caractères, des hommes et des femmes prêts à suivre coûte que coûte leur idéal le plus élevé. Nous pensons ici à Moïse, à Élie, qui d'une façon remarquable illustraient des qualités telles que le courage, la fermeté et la consécration. Notre dette envers ces précurseurs est grande, car l'étendard qu'ils élevèrent prépara le monde à recevoir cette vérité mise en œuvre par Jésus et rendue claire par la Science Chrétienne: aucun pouvoir n'existe en dehors de Dieu.
Marchant sur les traces du Maître, qui supporta sans défaillance les insultes et le mépris des humains peu prêts à comprendre son admirable carrière, Mrs. Eddy, l'auteur de Science et Santé, ne pensa jamais que la mission dont Dieu la chargeait pût être abandonnée. Bien que parfois incomprise, même en butte aux calomnies, elle avança pour obéir aux ordres de Dieu. Sachant avoir reçu de Lui une révélation inestimable concernant Sa nature, la nature de Son univers et celle de l'homme créé à l'image et à la ressemblance de l'Entendement, elle fut conduite à découvrir et à formuler clairement les règles spirituelles qui permettent d'employer cette connaissance pour résoudre les problèmes humains.
L'amour envers Dieu et l'homme, telle est la base du mouvement qu'elle fonda. A ceux qui désirent appliquer dans leur vie journalière les enseignements fondamentaux du Sermon sur la Montagne, elle donne de précieux conseils, riches en inspiration. Ainsi dans le Manuel de L'Église Mère, elle fait la recommandation suivante (Art. VIII, Sect. 3): « Si cruellement que vous soyez traité et si injustement que vous soyez dépeint par les églises ou la presse, n'employez en retour aucune parole injurieuse, et faites du bien à vos ennemis lorsque l'occasion s'en présentera. » Établissant une distinction très nette entre l'Esprit et la matière, entre le bien et le mal, la Science Chrétienne nous enseigne à n'accorder ni crainte ni confiance au témoignage des sens physiques, qui n'ont aucune connaissance de Dieu.
Mais à notre époque aussi bien que jadis, le disciple sincère doit apprendre à mépriser l'ignominie; dans certaines circonstances, il lui faudra choisir entre l'approbation de ses collègues, peut-être même de ses amis ou parents, et la fidélité au divin Principe qu'il a pu entrevoir. Malgré les luttes mentales qu'il devra parfois soutenir, il constatera que la récompense est grande lorsqu'on abandonne l'orgueil ou le sens personnel pour mettre en pratique l'humilité. Il aura l'esprit en repos, il se sentira plus libre; au fait, son expérience rappellera celle de l'homme qui, d'après une brève mais profonde parabole, s'assit « à la dernière place » et s'entendit ensuite dire par son hôte: « Mon ami, monte plus haut » (Luc 14:10).
Comme beaucoup d'autres Scientistes Chrétiens, l'auteur s'est aperçue que renoncer sans regret à l'approbation des mondains pour suivre le Christ, la Vérité, procure une merveilleuse élévation morale, une joie profonde surpassant les satisfactions passagères du sens personnel. Mais il faut que le sacrifice soit fait de bon cœur, sans arrière-pensée, car « Dieu aime celui qui donne gaiement » (II Cor. 9:7). A diverses reprises, elle put constater que les personnes qui tout d'abord avaient exprimé des critiques se montraient de nouveau bienveillantes et reconnaissaient qu'on avait obéi aux ordres de Dieu.
Les mortels ont un faux sens des valeurs. Jésus, par l'humanité duquel se manifesta la divinité du Christ, en avait le vrai sens. C'était aussi le cas de Paul, qui bien des années après sa conversion, alors qu'il était prisonnier à Rome, pouvait écrire (Phil. 3:7): « Ce qui était pour moi un gain, je l'ai considéré comme une perte, à cause du Christ. »
Mrs. Eddy avait un sens très juste des valeurs, comme l'indiquent ses paroles à la page 8 de Miscellaneous Writings: « Qu'est-ce qui vous nuit ? La hauteur, la profondeur ou quelque autre créature peuvent-elles vous séparer de l'Amour qui est le bien omniprésent — dont les bénédictions infinies s'étendent à chacun et à tous ? Considérez simplement comme votre ennemi ce qui souille, altère et détrône l'image du Christ que vous devriez refléter. Tout ce qui purifie, sanctifie et consacre la vie humaine n'est point un ennemi, quelles que soient les souffrances dont s'accompagne ce développement. »
La plénitude de Dieu, du bien, de l'Esprit, et sa conséquence, c'est-à-dire le néant du mal, ou de la matière, furent révélés à notre Leader. Admettons ces faits, et il devient beaucoup plus facile de passer sur les critiques de l'entendement mortel et de maintenir en face d'un affront immérité l'attitude mentale correcte. Évidemment, mépriser la honte ne signifie point qu'il faille se complaire à être méconnu, s'attendre à être généralement mal jugé, ou prendre sur soi ce que Mrs. Eddy, avec une perspicacité remarquable, décrit en ces termes (Miscellaneous Writings, p. 288): « Assumer le rôle égoïste d'un martyr, c'est l'expédient d'un caractère peu honnête, qui cherche surtout son propre avantage. » Il s'agit plutôt de donner à Dieu la première place et d'agir conformément à cette simple règle:
« Fais ton devoir, aucun plan n'est meilleur ;
Pour tout le reste, attends-toi au Seigneur. »
