L'affection pour le bien, la Vérité, l'Amour, ouvre toute grande la porte de la pensée par laquelle on peut recevoir la compréhension de la Science Chrétienne. Une ardeur calme et profonde pour les choses de l'Esprit prépare dans nos cœurs une place permanente pour la vérité concernant Dieu et l'homme. Grâce à cette affection nous pouvons sentir l'esprit de la Science Chrétienne qui, joint à la lettre, nous inspire et nous pousse à en démontrer le vrai caractère. L'affection pour Dieu nous révèle la noblesse, la pureté, l'intelligence, le charme, la perfection de l'homme exprimant Dieu. Notre affection pour l'œuvre de Dieu — l'homme et l'univers — nous permet d'en saisir la beauté, la permanence, la nature spirituelle. Sans affection, l'être manque de ressort; il n'y a pas de joie dans la société d'autrui, aucune véritable appréciation du foyer, rien qui stimule l'accomplissement d'une tâche.
Dans son livre Rétrospection et Introspection, Mary Baker Eddy déclare (p. 81): « La lettre de la loi de Dieu, séparée de son esprit, tend à démoraliser les mortels, et doit être corrigée par un sens plus divin de liberté et de lumière. L'esprit de Vérité éteint la pensée fausse, le sentiment faux et l'action fausse; et ainsi la fausseté doit forcément périr, avant que le sens spirituel, la conscience affective et la bonté véritable ne deviennent assez apparents pour être bien compris. » Évidemment par cette dernière phrase, notre Leader associe le sens spirituel avec la conscience affective, c'est-à-dire appartenant aux affections; elle indique que la lettre sans l'esprit de Vérité, démoralise les mortels. La lettre seule peut dégénérer en fanatisme intellectuel, en pharisaïsme ou en licence des mœurs, tandis que la conscience affective voit l'homme dans sa pureté, son intégrité, son amour originels en tant que ressemblance de Dieu.
L'amour, la conscience affective ou le sens spirituel, est la source dont jaillit le désir d'être honnête, droit, juste et bon, de faire aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous fissent; en d'autres termes, de refléter Dieu. La lettre de la Science Chrétienne sans son esprit gêne la contemplation des idées divines et conduit à un sens personnel qui se contente de raisonnements et de considérations philosophiques sur les exposés de la vérité. La lettre peut être exprimée correctement; mais sans l'inspiration de l'Amour et le caractère démontrable du Principe, elle reste facilement dans le domaine de l'intellectualisme humain qui n'est qu'un sens personnel de l'intelligence, une croyance que la maîtrise intellectuelle procède d'une personne et lui appartient.
Un tel concept de la Science cherche à en placer l'enseignement et la démonstration sur une base purement personnelle. Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul blâme cet état de pensée lorsqu'il écrit (3:3–9): « Puisqu'il y a parmi vous de la jalousie et des dissensions, n'êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes? Quand l'un dit: Moi, je suis disciple de Paul; et l'autre: Moi, d'Apollos, n'êtesvous pas des hommes comme les autres?...... Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux; et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. En effet, nous sommes collaborateurs de Dieu. Vous êtes le champ que Dieu cultive. Vous êtes la maison que Dieu édifie. »
Dans l'unicité du sens spirituel ou de la conscience affective, l'humilité en arrive à reconnaître l'Entendement divin comme source de toutes les pensées et les idées; à comprendre que Dieu, par le Christ, les communique directement à chacun. Aucune rivalité, aucune jalousie, aucun désir de surpasser autrui n'existe dans la conscience affective qui voit Dieu comme l'Entendement de tous les hommes.
Mrs. Eddy fait cette remarque (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 113): « Aujourd'hui la lettre de la Science arrive abondamment à l'humanité, mais l'esprit de la Science ne lui parvient que dans une petite mesure. La partie vitale, le cœur et l'âme de la Science Chrétienne, c'est l'Amour. Sans l'Amour, la lettre n'est que le corps mort de la Science, — inerte, froid, inanimé. » Nous trouvons une pensée analogue dans la deuxième lettre que Paul adressait aux Corinthiens (3:5, 6): « Notre capacité vient de Dieu. C'est lui qui nous a rendus capables d'être ministres de la nouvelle alliance, qui n'est pas celle de la lettre, mais celle de l'Esprit; car la lettre tue, mais l'Esprit vivifie. »
Dans ses ouvrages, Mrs. Eddy expose la Science Chrétienne d'une manière intelligente, claire et logique, de sorte qu'il est relativement facile d'en accepter intellectuellement la lettre; mais la conscience affective est nécessaire pour en saisir l'esprit et en prouver la puissance par la victoire sur la crainte, l'égoïsme, la folle ambition, les rivalités, la sensualité, le matérialisme sous toutes ses formes.
Les pharisiens, comme Jésus, citaient les paroles de l'Ancien Testament; mais ils n'avaient pas la conscience affective du Maître qui lui donnait le sens spirituel des passages scripturaires et lui permettait d'en fournir la preuve pratique en guérissant les malades, en nettoyant les lépreux, en chassant les démons et ressuscitant les morts. Jésus réprouva les Juifs qui faisaient usage de la lettre morte, mais n'avaient ni conviction ni sincérité intimes. Il dit (Matth. 15:7, 8): « Hypocrites! Ésaïe a bien prophétisé à votre sujet, lorsqu'il a dit: Ce peuple m'honore des lèvres; mais son cœur est bien éloigné de moi. » L'intellectualisme qui n'admet que la lettre et rejette la simplicité de l'esprit de Vérité ne saurait faire impression sur la conscience affective, déprimer ou décourager le sens spirituel de l'Amour, qui vit et prouve le pouvoir et la présence de Dieu ici même. Cet intellectualisme ne peut pas non plus décevoir ceux qui possèdent l'esprit de Vérité, en leur faisant croire qu'il existe pour la Science Chrétienne une révélation supérieure plus avancée que celle dont nous a fait part Mrs. Eddy.
La révélation que l'Amour divin constitue le Principe et que réciproquement le divin Principe correspond à l'Amour, est venue seulement par la Science Chrétienne. Le sens spirituel ou conscience affective du divin Principe révèle ses qualités semblables à l'Amour — tendresse, compréhension, dévouement, harmonie, pureté, beauté, sainteté; il voit aussi que l'Amour divin possède les qualités du Principe, c'est-à-dire l'invariabilité, la justice, l'ordre, la démontrabilité, la loi, l'omniprésence. Ce qu'on nomme couramment les principes des sciences physiques opère et existe partout — sur les hautes montagnes, au fond de l'océan, dans les grands centres de commerce comme dans les plus petits hameaux. D'une manière compréhensible aux humains, cela illustre la présence et l'action universelles du divin Principe, de l'Amour toujours présent, toujours accessible en vertu de sa nature absolue, de son impersonnalité ou de son incorporéité. L'Amour qui est Principe ne peut inclure aucun élément désordonné, indémontrable, personnel, immoral ou faible; et le divin Principe qui est Amour ne comporte rien qui soit injuste, variable, rigide, froid ou distant.
Le sens spirituel ou la conscience affective révèle chez nous et chez autrui la réflexion parfaite de notre Père-Mère Dieu, ce qui permet d'abandonner le concept imparfait, matériel, malade ou pécheur que présentent les sens corporels. Cette compréhension aboutit à la guérison, à la réforme, aux relations harmonieuses. A moins d'avoir perçu le modèle parfait, celui du Christ, on est incapable de voir que le concept personnel de l'homme est sans réalité. L'expression individuelle de Dieu est si glorieuse, si indispensable à la révélation complète de Son être, que nous ne pouvons laisser les mesquines et capricieuses croyances de l'entendement mortel obscurcir notre vision ou limiter notre sens affectif de l'homme individuel.
C'est seulement par la conscience affective que l'on peut percevoir et démontrer la conception, le but et la réalisation spirituels de l'Église du Christ, Scientiste. De même que les humains sont guéris des croyances discordantes lorsqu'ils saisissent la nature parfaite de l'homme créé à la ressemblance de Dieu, ils sont guéris d'un concept de l'église personnel, imparfait, lorsqu'ils voient et qu'ils aiment le sens spirituel de l'église. Jacob donna de l'Église une définition universelle lorsqu'il appela le lieu où Dieu lui avait parlé Béthel, ce qui signifie la maison de Dieu (Gen. 35:15). Où que nous soyons à vues humaines, — au foyer, sur le champ de bataille, au travail ou à l'église, — Dieu s'adresse à nous par Ses pensées et Ses idées. Si nous percevons des pensées et des idées encourageantes, riches en inspiration, intelligentes, pleines d'amour, et si nous savons qu'elles ont leur source dans la Vérité, l'Entendement, la Vie, l'Amour divin, nous demeurons dans la maison de Dieu, dans la conscience affective de l'Église qui en réalité est toujours avec nous.
Les Scientistes Chrétiens ont sans cesse l'occasion de prouver que la Science Chrétienne établit dans leur cœur le fait que Dieu est à la fois Père et Mère, ce qui a pour conséquence la fraternité spirituelle des hommes. Dans leur travail au sein de l'église, dans leurs rapports avec autrui, dans leur conversation et surtout dans leurs pensées, ils peuvent participer à la grande œuvre qui consiste à établir sur la terre le royaume céleste: la paternité de Dieu et la fraternité des hommes. Seules les voies et les méthodes spirituelles peuvent établir la paix, la permanence, l'harmonie dues à la compréhension du fait qu'il existe un Dieu unique, un Entendement, une création parfaite — l'homme et l'univers — exprimant l'unicité du seul Entendement ou Principe. La conscience affective révèle l'amour dont Dieu nous aime et par lequel nous Le connaissons. Ce sens spirituel de l'Amour déroule la réalité et la présence de la perfection; il fait voir un monde où il n'y a rien à craindre mais où l'on peut jouir de tous les biens. Envers l'Amour divin et sa réflexion, l'homme, il n'y a point de haine, d'envie, de malentendu ou d'opposition. L'Amour n'a conscience que de sa propre infinitude, embrassant et pénétrant toutes choses. La perfection de l'Amour ne peut être perçue que par la conscience affective ou le sens spirituel qui le reflète.
Saint Paul indique la nature de cet amour reflété ou de cette conscience affective, dans un passage sublime qui forme le chapitre treize de I Corinthiens. Là il montre que tous les succès de la connaissance, de l'intellect et même de la foi, de la philanthropie ou des sacrifices ne sont rien sans la réflexion de l'amour dont Dieu est la source; par le sens spirituel ou la conscience affective, nous nous connaissons tels que nous sommes connus de Dieu, c'est-à-dire comme étant la gloire de Son être, les témoins des merveilles qu'accomplit l'Entendement, la radieuse réflexion du divin Amour. Rien n'est plus grand que cet amour; en effet, comme l'affirme Mrs. Eddy (Message to The Mother Church for 1902, pp. 8, 9): « L'amour spirituel fait sentir à l'homme que Dieu est son Père, et la conscience de Dieu en tant qu'Amour donne à l'homme un pouvoir dont la portée ne peut se décrire. Alors Dieu devient pour lui la Toute-présence — éteignant le péché; la Toute-puissance — la vie, la santé, la sainteté; la Toute-science — la loi et l'évangile intégraux. »