Un bon jardinier doit semer la graine, planter, tailler, cultiver — aimer à tel point la beauté et le parfum des fleurs que pendant la belle saison son jardin offrira en abondance les senteurs et les teintes les plus variées. Les mauvaises herbes disparaîtront, car à mesure qu'il les aperçoit, il les déracine et les détruit. Ses efforts persévérants seront aidés par les fleurs elles-mêmes, dont le tapis étouffe en quelque sorte les mauvaises herbes. L'on aura donc toujours moins de peine à les éliminer. La surabondance des fleurs ne laissera pas de place aux mauvaises herbes.
En Science Chrétienne, la meilleure approche consiste à réaliser que le bien, étant réel, doit être cultivé pour lui-même, à l'exclusion du mal. Mettre en œuvre cette Science, ce n'est pas vouloir que la beauté l'emporte sur ce qui est laid, sordide; il s'agit plutôt de prouver que les choses laides et viles n'ont aucune valeur parce que la beauté est un attribut de la Vie. Se réjouir de ce que l'Amour est tout-puissant, ne comporte aucune trace de haine, c'est mettre en pratique la Science Chrétienne et l'étudier pour la gloire de Dieu, par amour pour Lui. Mais n'employer la Science Chrétienne que pour tâcher sans cesse d'éliminer le mal, cela peut aboutir à une impression de vide, et surtout nous faire croire à la réalité du mal.
Pour l'auteur du présent article, une des plus admirables phrases qu'ait écrites Mary Baker Eddy se trouve dans Miscellaneous Writings (p. 279): « C'est l'amour de Dieu, non la crainte du mal, qui sert de mobile en Science. » Comme le mal est non pas une chose ou un fait, mais une fausse manière de penser, il ne peut se faire reconnaître qu'en nous persuadant qu'il a de l'importance et mérite d'absorber notre attention. Or dans un jardin, ce sont les fleurs, non les mauvaises herbes, qui sont importantes. De même c'est l'amour, la joie, la beauté, la sainteté qui comptent, plutôt que la crainte, les infirmités ou le mal.
La Science Chrétienne est très simple; elle est pratique, toujours accessible. Aussi peut-elle être mise en œuvre maintenant même et par chacun. De l'enfant au philosophe, tous peuvent la prouver. Ce qui fournit la preuve de la Science, ce ne sont point les paroles ni même la compréhension humaine dont elles s'accompagnent. Le simple fait que la Science Chrétienne est la vérité rend possible cette preuve.
Dans bien des cas, l'entendement humain hésite à faire l'essai de la Science Chrétienne, parce que la Science divine, à mesure qu'elle se révèle, conduit à la disparition totale de la matière, c'est-à-dire à l'ascension. Comment donc vaincrons-nous cette répugnance? Il nous faut prouver que la Science est vraie. Alors d'autres, et finalement tous les hommes, s'efforceront avec joie d'avoir l'Entendement qui était « en Jésus-Christ »; ils suivront le Maître dans ses œuvres couronnées par l'ascension.
Jésus a montré clairement le chemin de la Science. Il dit avec simplicité (Matth. 18:19, 20): « Si deux d'entre vous sur la terre s'accordent pour demander quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père, qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. » Aujourd'hui cette belle promesse est aussi puissante, aussi intacte et vraie que lorsqu'il la prononça. Elle peut donc bien constituer le ressort, le mobile de nos requêtes. Si l'on prie au nom, c'est-à-dire selon la nature de Dieu par Son Christ, on ne peut demander que ce qui correspond au désir le plus pur, le plus profond, le plus sincère. Le Maître a promis qu'une prière faite dans cet esprit-là est certainement exaucée. Entretenir ce genre de mobile ou de désir, c'est avoir une norme permettant de mesurer chaque pensée et chaque action.
La pensée qui encourage le désir purement spirituel peut bien être pour nous la voix de Dieu: maintenant comme toujours, elle parle d'une manière simple et directe à la conscience réceptive. Si la pensée matérielle semble mettre obstacle à nos mobiles et à nos actes, les retarder ou les corrompre, nous pouvons avoir recours à la force du bon désir donné par Dieu, qui nous engage à rejeter l'erreur. En l'absence de cette norme pratique permettant de mesurer la pensée, la sainteté resterait probablement théorique, irréalisable, sans pouvoir être appliquée à nos besoins actuels.
Réfléchissant à la promesse de Jésus, il est bon de lire le verset qui la précède: « Tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. » Si l'objet de nos prières est terrestre, le ciel paraîtra captif de la terre. Mais si la requête, le mobile est affranchi des tendances terrestres, s'il comporte le désir de connaître Dieu, de faire Sa volonté, de refléter Sa nature, on verra que le ciel l'emporte sur la terre.
La prière véritable n'est jamais négative. La vérité est toujours positive, affirmative. Il faut qu'elle le soit pour rester d'accord avec la promesse du Maître. Chaque disciple demandera ce dont il a besoin: une compréhension plus grande, une spiritualité accrue, une vie abondante, des perspectives meilleures. Dans la mesure où l'on est fervent, sincère, le mobile de la Science Chrétienne régira la conscience.
Il y a bien des années, l'auteur pria Dieu de lui apprendre à aimer comme le faisait Jésus le Christ — non pas d'une manière sentimentale, émotive, jalouse, tyrannique; il désirait qu'au lieu de se porter comme les rayons d'un projecteur sur telle ou telle personne, son amour fût une irradiation faisant à tous du bien.
Au cours des années, prêt à laisser s'accomplir la volonté de Dieu, il put graduellement réaliser ceci: l'amour manifesté par le Maître envers ses compagnons était aussi l'amour grâce auquel il guérissait les foules, les nourrissait, les régénérait, et finalement ressuscita les morts et sortit lui-même du tombeau.
Le courage doit toujours accompagner la prière. Si nous demandons avec la certitude qu'en Science la prière est déjà exaucée, il faut que nous acceptions la réponse telle que Dieu la donne, et non pas à la manière des humains. Cette réponse exigera peut-être que nous passions par la mer Rouge, par le désert, par des épreuves même plus grandes. Mais en prouvant toujours mieux la Science, nous arriverons sans aucun doute à l'ascension.
Louons Dieu, non parce que nous espérons qu'il nous délivrera, mais parce qu'il a fait de grandes choses et agit encore maintenant même. Les actions de grâces et la prière se ressemblent beaucoup. Nous Le louons par les psaumes, dans l'oraison dominicale, dans nos cantiques. Nous Le prions chaque jour, à chaque heure quand nous étudions les ouvrages de notre Leader. Nous Le louons et Le prions par la lecture des périodiques Scientistes Chrétiens et par la fréquentation des cultes.
Les maladies, la démence, la pénurie, la mort sont des mauvaises herbes qu'il faut détruire, non en cherchant l'erreur, mais en plantant les fleurs de la prière, de la louange — en nous attachant au fait que maintenant même tous sont en réalité les fils et les filles de Dieu. Alors le commandement du Maître: « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, nettoyez les lépreux, chassez les démons, » indiqué dans l'Évangile de Matthieu (10:8), ne risquera pas d'être interprété comme un appel à la pensée négative; il indiquera pour nous ce qui peut être accompli positivement, sans délai.