Bien des gens ne croient qu'à l'existence matérielle. En général, on estime que l'homme est un être corporel composé d'un cerveau, de sang, d'os, et cœtera. Pour appuyer ce point de vue, l'on cite un passage de la Bible (Gen. 2:7): « Alors l'Éternell Dieu forma l'homme de la poussière de la terre: il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. » Selon les croyances traditionalistes, l'homme doit passer par la naissance, la croissance, la maturité, le déclin. Beaucoup pensent qu'à l'instant du décès l'âme quitte le corps; qu'au cas où elle est sans péché elle va au ciel, mais qu'autrement elle doit à jamais rester en enfer.
Les sens matériels semblent indiquer que l'homme est corporel. Mais le prophète nous dit (Ésaïe 2:22): « Retirez-vous de l'homme duquel le souffle est dans ses narines; car quel cas mérite-t-il qu'on en fasse? » Voilà certes un ordre catégorique, commandant de ne point reconnaître le sens mortel de l'homme.
Pour comprendre cela, il faut se placer sur le fondement spirituel de la Bible; car tout ce que la Bible a révélé dans le domaine spirituel représente la vérité, donc est authentique. Si nous commençons par les Écritures, nous avons tout de suite l'assurance que Dieu seul est le créateur. La création du ciel et de la terre est Son œuvre exclusivement. Cet acte primordial de Dieu créait aussi l'homme à la ressemblance divine.
Les cieux et la terre furent-ils créés sous une forme matérielle ou spirituelle? Sur ce point la Bible nous donne une réponse des plus claires. Elle déclare que « Dieu est Esprit » (Jean 4:24). Or le fait que Dieu est Esprit implique logiquement que tout ce qu'Il crée est spirituel, car le semblable produit son semblable. D'où Dieu aurait-Il pris la matière pour former l'homme, puisqu'Il est Esprit, Tout-en-tout, donc infini, et ne renferme rien de matériel? En vérité, dans l'infinitude de l'Esprit la matière est inconnue et le restera toujours; elle ne saurait y trouver sa demeure.
Dans les Écritures, nous lisons en outre que quand Dieu eut parlé, « il en fut ainsi. Dieu contempla ce qu'il avait fait, et il vit que cela était très bien » (Gen. 1:29–31). Ainsi Dieu a donné l'existence à tout l'univers, car la parole est une expression de la pensée; Dieu étant Esprit, Sa parole, Ses pensées ne peuvent être que spirituelles. Par conséquent l'homme, image de Dieu, doit être Son concept spirituel.
Renonçons à l'absurde croyance que l'homme est formé de la poussière de la terre. L'homme ne peut recevoir que ce qui vient de Dieu. Ce qu'il reçoit continuellement de Dieu, ce sont les divines pensées spirituelles. Un rayon de soleil ne peut naturellement recevoir que ce dont le soleil dispose — la lumière ou la chaleur. Le soleil et ses rayons sont un; de même Dieu et l'homme sont un dans l'être. Mary Baker Eddy le montre clairement lorsqu'elle déclare, à la page 361 de son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures: « De même qu'une goutte d'eau est une avec l'océan, qu'un rayon de lumière est un avec le soleil, de même Dieu et l'homme, le Père et le fils, sont un dans l'être. L'Écriture dit: “Car c'est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être.” »
Ces paroles sont faciles à comprendre; aussi ferons-nous bien de renoncer le plus vite possible à l'homme « duquel le souffle est dans ses narines. » Ce mortel corporel, avec son désagréable cortège — péché, maladie, mort — n'est au fond qu'un mirage, un brouillard, une figure de rêve. Le mirage prend quelquefois l'apparence d'un paysage, mais il n'est pas substantiel. Quant au brouillard, il prétend nous cacher ce qui est. Pendant des heures peut-être, il voile à nos yeux le soleil, les montagnes, les forêts; mais tôt ou tard il se dissipe, car ce n'est qu'une vapeur, une nuée. Alors apparaissent de nouveau le soleil et le paysage familier.
De même la corporéité peut sembler réelle, bien qu'elle ait la nature d'un songe. Les sens corporels rêvent que l'homme demeure dans un monde matériel et subit le péché, la maladie, la mort. Le songe n'est rien de plus que l'activité de ces faux sens. Le corps ne connaît point ce qu'éprouve le sens imaginaire. Les concepts, les images, les fantaisies paraissant dans le rêve ne sont pas plus vraies qu'un mirage. Ils disparaissent lorsqu'on s'éveille.
Donc il faut se réveiller pour s'affranchir de l'homme dont le souffle est dans ses narines. Or se réveiller c'est être actif, diligent. Nous le sommes quand nous résistons aux sens corporels, quand nous les faisons taire, quand nous y renonçons de grand cœur afin d'obtenir le sens spirituel. Nous en arrivons là lorsque nous admettons dans la conscience uniquement ce qui vient de Dieu.
S'affranchir du rêve corporel peut sembler difficile. Mais en cela Dieu nous aide. Jésus a suivi ce chemin, prouvant que la Vérité est « la résurrection et la vie » (Jean 11:25). Dans Science et Santé (p. 593) Mrs. Eddy définit en ces termes la « résurrection »: « Spiritualisation de la pensée; une idée nouvelle et plus élevée de l'immortalité, ou existence spirituelle; croyance matérielle cédant à la compréhension spirituelle. »
Par conséquent, renonçons à la croyance matérielle d'après quoi l'homme vivrait dans la chair, où il abriterait une âme. Dieu est l'Ame de l'homme; l'Ame seule est le divin Principe animant l'homme. Mais l'Ame n'est point enfermée dans un corps matériel, car Dieu n'est pas dans l'homme; celui-ci reflète Dieu, l'Ame. Comme Dieu n'a ni commencement ni fin, qu'Il est donc la Vie éternelle, l'homme, image de Dieu, reflète la Vie éternelle maintenant et à jamais. Dieu a besoin de l'homme, Son idée par laquelle Il s'exprime. Évidement que sans soleil il n'y aurait point de rayons; de même sans Dieu, l'homme n'existerait pas — et la réciproque est vraie. L'on ne peut concevoir l'un sans l'autre.
Ce que Mrs. Eddy déclare dans Rudiments de la Science divine (p. 7) résume fort bien la situation: « Dans la Science, l'homme est le reflet manifeste de Dieu, de l'Entendement parfait et immortel. Il est la ressemblance de Dieu; et Sa ressemblance cesserait si elle était invertie ou pervertie. Selon le témoignage des prétendus sens physiques, l'homme est matériel, déchu, malade, dépravé, mortel. La Science et le sens spirituel contredisent cela, et fournissent le seul témoignage véritable de l'être de Dieu et de l'homme, les indices matériels étant complètement faux. »