Pour beaucoup, l'histoire de Jonas symbolise l'expérience des mortels que le mal semble assaillir de toutes parts, sans qu'ils voient la possibilité d'une délivrance. La Bible donne cette description (Jonas 2:6): « Les eaux m'environnaient; j'allais perdre la vie. L'abîme me cernait de toutes parts. Les algues entouraient ma tête. » Pourtant Jonas perçut au moins dans une certaine mesure que sa détresse apparente n'était pas une circonstance extérieure dont il fallait être délivré, mais une fausse condition mentale devant être corrigée. Car dans une prière mémorable, le prophète reconnut sans réserve la puissance de Dieu, capable de nous délivrer (Jonas 2:8–10): « Quand mon âme était abattue au dedans de moi, je me suis souvenu de l'Éternel, et ma prière est parvenue jusqu'à toi, dans ton saint temple. Ceux qui s'attachent à de vaines idoles éloignent d'eux la miséricorde. Pour moi, je t'offrirai des sacrifices avec un cri d'actions de grâces, j'accomplirai les vœux que j'ai faits: le salut vient de l'Éternel. »
Ce qui défaille ou perd courage, c'est seulement le sens matériel. A l'heure même où d'une manière agressive il annonce la défaite, nous pouvons comme Jonas penser à Dieu, à Sa puissance, et nous adresser à Celui qui entend toujours les vraies prières. Nous pouvons nous aussi renoncer aux erreurs telles que l'échec, le découragement, le désespoir, et sacrifier la croyance d'après quoi ces choses seraient réelles. Nous pouvons voir comme dans une vision la sécurité et la perfection présentes de l'idée divine, spirituelle, que l'erreur ne peut obscurcir, et refuser d'abandonner notre « miséricorde, » c'est-à-dire d'observer ou d'admettre les faux arguments. Ayant pris carrément position, nous aurons la preuve que « le salut vient de l'Éternel. » Nous pouvons voir et accueillir non ce que l'erreur déclare impossible, mais ce que Dieu déclare qu'il a déjà fait et ce que l'homme en tant que réflexion divine exprime maintenant même. Accepter les rapports décourageants, préjudiciables, c'est une mauvaise habitude dont rien n'empêche que nous nous guérissions.
Prêtons l'oreille aux messages angéliques de Dieu, révélant les faits spirituels présents à jamais. « Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles dont le son ne soit point entendu, » s'écriait le Psalmiste (Ps. 19:3). Il n'y a ni temps ni lieu où ne se fasse pas entendre Sa voix — l'expression de l'Amour qui détruit la crainte, de la Vérité éliminant l'erreur. Dans n'importe quelle situation humaine, la Vérité, le Christ est présent avec son message rédempteur. Le fait spirituel ou le rapport véridique concernant le chez-soi, le corps, les affaires, les ressources, est éternellement proche pour que nous l'acceptions.
Les Scientistes Chrétiens devraient s'efforcer d'accomplir des guérisons rapides. Il est réconfortant de voir l'amélioration prompte et durable que peut produire un bon travail. Si toutefois, en dépit de la vérité que l'on affirme, les progrès semblent tarder, au fond l'œuvre curative se poursuit, quoique les symptômes n'en donnent peut-être aucune indication. Un Scientiste Chrétien luttait depuis plusieurs jours contre un mal douloureux, accompagné de fièvre et de faiblesse. Les symptômes et la gêne lui paraissaient très réels. Dans la soirée, il se promit de reconnaître seulement les faits de son être spirituel harmonieux. Les symptômes avaient empiré, mais il dit à la praticienne qu'il ne les acceptait pas, qu'il avait certainement fait des progrès spirituels, qu'il avait maintenant la maîtrise sur son penser et qu'il s'attendait en toute confiance à la démonstration. Cette intuition se vérifia, car pendant la nuit les choses s'améliorèrent beaucoup; le lendemain il put se lever et se rendre au bureau.
Selon la Science Chrétienne, ce que l'entendement mortel nomme un problème ayant trait aux affaires ou une maladie physique est en tout point une chose mentale, un aspect de la croyance humaine ignorante qui s'était objectivée. Quand le disciple se rend compte qu'il s'agit non pas d'une condition réelle devant être changée, mais seulement d'une pensée trompeuse — d'un faux rapport qu'on doit rejeter pour mettre à sa place le fait spirituel — la crainte ou le doute n'ont pas de prise sur lui. Le mal qui semble réel ne l'est que pour la croyance erronée. Pour l'homme créé à la ressemblance de Dieu, le mal n'est point une réalité et ne fut jamais authentique. Les patients peuvent paraître malades, mais leur maladie n'est pas un fait actuel. Ils ont surtout besoin d'être guéris de la croyance d'après quoi l'homme réel serait ou pourrait être malade. L'on ferait bien de renoncer à croire que l'on est un mortel ayant besoin de guérison. C'est d'une amélioration mentale que l'on a vraiment besoin: la conscience doit renoncer aux appuis matériels pour adopter une base spirituelle. Le progrès se juge non d'après ce que présente la matière, mais d'après ce que nous connaissons et démontrons quant à notre individualité véritable et pure, à la ressemblance de l'Esprit. Notre Leader pose cette question (Miscellaneous Writings, p. 100): « Qui se souvient que la patience, le pardon, la foi constante et l'affection sont les symptômes par lesquels notre Père indique les diverses étapes que franchit l'homme en échappant au péché pour entrer dans la Science? »
La pensée que Dieu éclaire n'est jamais soit obscurcie soit troublée par les faux rapports touchant l'individualité parfaite de l'homme. L'entendement mortel suppose que ses croyances influent sur l'idée de Dieu, qui les accepte; or cette hypothèse est absolument fausse. Mrs. Eddy déclare (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 284): « Selon la Science Chrétienne, les seuls sens véritables de l'homme sont spirituels, émanant de l'Entendement divin. La pensée passe de Dieu à l'homme, mais ni sensation ni communication ne passe du corps matériel à l'Entendement. L'intercommunication se fait toujours de Dieu à Son idée, l'homme. »
Le magnétisme animal ne saurait présenter un rapport à l'homme réel. Lorsque l'entendement mortel signale des symptômes de maladie, d'échecs, de disette, de séparation d'avec Dieu, cela n'indique point un statut véritable. C'est au contraire une fausse prétention qui n'est jamais apparue soit à l'Entendement divin soit à son idée intelligente, — l'homme, — laquelle connaît éternellement la réalité. La description semble vraie uniquement parce que nous attribuons une réalité à ce qui n'en a point. Si les sens physiques nous donnaient des renseignements véridiques, Jésus n'aurait pas eu le droit d'annuler leur témoignage. Jamais il n'approuvait leur faux rapport; il le réfutait grâce au rapport authentique de la perfection caractérisant l'homme — rapport auquel il était toujours attentif et qu'il recevait du Père.
La multiplicité des faux rapports ne saurait les rendre vrais; si un million de personnes croient que cinq plus cinq font onze, cela ne change nullement les faits. Quel que soit son volume, la fausse croyance ne peut modifier la valeur des chiffres en mathématiques. De même, la maladie étant irréelle, il n'y a pas d'instant où le mesmérisme puisse la faire naître. La créance ne lui prête qu'une réalité apparente. D'autre part, le temps qui s'écoule ne saurait corriger une faute ou un rapport erroné. Supposons qu'un comptable, après avoir commis une erreur, mette de côté ses livres et reste dix ans sans les ouvrir: ce long intervalle n'éliminera point la faute. Celle-ci du reste ne sera pas plus difficile à corriger en raison du laps de temps. Dans tous les cas, l'intelligence peut résoudre la difficulté. D'une manière analogue, un problème de pénurie ou de maux chroniques ne devient pas plus difficile à cause de sa prétendue longue durée.
En Science Chrétienne, le praticien refuse de croire tout faux rapport affirmant la maladie, sa ténacité, l'absence de progrès. Étant faux, ce rapport est inconnu de l'homme et n'a point cours dans l'univers de Dieu. Le praticien n'accepte que le rapport communiqué par le divin Entendement. Sachant que Dieu est Tout, il demeure dans cette conscience et ne se laisse point influencer par les faux rapports de l'entendement mortel. Que l'erreur dise ceci ou cela, lui continue à mettre sa confiance dans les faits spirituels que Dieu lui a révélés.
Un prophète prête à l'Éternel ces paroles (Ésaïe 43:25, 26): « C'est moi, moi-même, qui efface tes forfaits pour l'amour de moi; et je ne me souviendrai plus de tes péchés. Réveille mes souvenirs; plaidons ensemble; parle pour te justifier. » Lorsqu'on accepte la vérité concernant l'homme et son être glorieux, elle illumine la conscience, elle efface toujours davantage le sentiment de culpabilité ou d'incapacité, qui ne fait point partie de notre vraie nature. Dieu n'impose pas à Ses enfants le péché ou la maladie. Au sujet de l'homme, idée spirituelle, la pensée humaine ne saurait connaître ou se rappeler des choses contraires à la pureté, à la santé, à la perfection inaltérables qui caractérisent l'être d'un enfant de Dieu. Ils seront justifiés ceux qui déclarent et mettent en pratique les vérités curatives et transformatrices que l'Amour communique éternellement; ils auront la preuve de ces faits.
L'homme réel ne s'écarte jamais de la perfection. Sa conscience n'embrasse que les idées justes; aussi ne renferme-t-elle aucun faux concept touchant le corps, la santé, le succès ou les ressources. Nulle fausse croyance tenace n'en fait partie — rien qui désire ou qui puisse mettre obstacle à la vérité. Comme ses aptitudes viennent de Dieu, l'homme n'a rien qui réponde aux rapports de l'entendement mortel touchant le péché, la maladie; il est incapable d'exprimer ces choses. Il ne connaît que le bien.
Les pures pensées de Dieu — Ses anges — passent directement à l'homme, qui est un avec Dieu. Elles seules l'animent, l'inspirent, le gouvernent à jamais. Elles montrent clairement que sa vraie nature, reflétant les qualités divines, est impénétrable aux croyances mauvaises. Elles lui révèlent que sa santé est inattaquable, que ses fonctions et ses actes sont spirituels, harmonieux. Elles contrebattent toutes les suggestions d'engorgement ou de discord par la compréhension du fait que l'homme embrasse le vrai concept de l'action harmonieuse et libre, gouvernée par Dieu. Elles ne cessent d'éclairer le disciple, de lui faire connaître ses ressources illimitées et ses perspectives nouvelles.
Après lui avoir donné le Décalogue, « l'Éternel dit à Moïse: Parle ainsi aux enfants d'Israël: Vous avez vu vous-mêmes comment je vous ai parlé du haut des cieux » (Ex. 20:22). Écouter la voix de Dieu nous permet de faire face aux situations difficiles en prenant pour base l'harmonie et la perfection présentes. Les Écritures disent en outre (Ex. 20:24): « Dans tous les lieux où le souvenir de mon nom sera invoqué, j'irai à toi et je te bénirai. » Dans le calme sanctuaire de la pensée, chaque fois que la nature parfaite de Dieu et de l'homme créé à Son image se révèle à la conscience, la présence divine sera pour nous une réalité qui viendra nous bénir.
Le rapport véridique venant du ciel, voilà ce qu'il nous faut continuellement revendiquer. Les rapports de l'entendement mortel ne modifient en rien la réalité; mais si l'on accepte la voix qui vient des cieux, de l'harmonie, elle réduit au silence ces faux rapports qu'elle remplace par le fait spirituel. Soyons reconnaissants de ce que dans la Science du christianisme, la révélation et la démonstration ne font qu'un. Nous trouvons le repos dans l'assurance que les pensées angéliques révélant la perfection de l'homme nous permettent de la démontrer; en effet, comme le dit un cantique,
Croire en Toi seul est plus puissant
Que tous les maux nous affligeant.