Beaucoup d'entre nous ont été placés en face du problème de l'inimitié. Nous nous sommes peut-être demandés: « Quel est cet ennemi qui m'attaque? » Il arrive souvent qu'on ne tarde pas à désigner un humain ou un peuple entier comme étant la cause du mal, et à les considérer comme l'ennemi. Ces pensées donnent naissance aux hostilités, aux rivalités, aux querelles et aux guerres.
Puisqu'il semble y avoir un ennemi, il est sensé de rechercher scientifiquement quel il est — s'il est réel ou irréel, si c'est une personne ou simplement une illusion. Car, s'il est bon et parfaitement légitime de combattre l'ennemi, il est nuisible de lutter contre un individu pour la simple raison qu'on le prend pour un ennemi. Pour résoudre ce problème selon la logique, il faut commencer par la loi de Dieu telle que la Science Chrétienne nous la révèle, apportant la solution de tous les problèmes.
Ceci posé, examinons s'il est possible qu'un homme soit notre ennemi. Qu'est-ce, tout d'abord, que l'homme? Il n'est pas le mortel matériel que l'on croit. Il est tel que nous l'a révélé la Science Chrétienne — l'image de Dieu, de l'Amour, donc aimant et aimable, spirituel et parfait. La Science Chrétienne nous fait aussi bien comprendre ce qu'est un ennemi, car Mary Baker Eddy déclare dans Miscellaneous Writings (p. 8): « Pouvez-vous voir un ennemi si vous n'avez pas d'abord formé cet ennemi, pour regarder ensuite l'objet de votre création mentale? » Au paragraphe suivant, elle donne cette explication: « Considérez simplement comme votre ennemi ce qui souille, dégrade et détrône l'image du Christ que vous devriez refléter. » Ces descriptions de l'homme et de l'ennemi sont si différentes qu'il est impossible de les appliquer au même objet. Créé à l'image et selon la ressemblance de Dieu, l'homme ne saurait être un ennemi. Donc l'ennemi ne peut être que notre fausse supposition d'après quoi l'homme de Dieu serait parfois un mortel désagréable, mesquin, haineux, querelleur, qui ne ressemble point à Dieu.
Je me suis trouvé en face de circonstances malheureuses et pénibles qui semblaient prouver qu'un certain homme était un ennemi. Pour obtenir le règlement harmonieux de la situation, j'ai dû reconnaître qu'il fallait abandonner le faux sens de l'inimitié, comprendre ce qu'est l'homme et ce qu'est le soi-disant ennemi, affranchir ensuite ma pensée de la croyance à un adversaire en reconnaissant que Dieu ne l'a pas vraiment créé. Les difficultés qui duraient depuis longtemps disparurent alors.
Les inharmonies qu'entraîne l'inimitié prouvent que son origine est erronée. Pour juger sainement une circonstance, il faut se rappeler que le magnétisme animal ou l'entendement mortel prétend toujours décevoir ou jeter le trouble; puis il engage les hommes à s'accuser réciproquement. Sachons bien que lorsque nous avons l'impression que nous sommes assaillis, ce n'est jamais l'homme qui nous attaque, mais l'entendement charnel: il nous tente pour nous faire accepter un faux concept de l'homme, qui serait l'instrument ou la victime du mal.
Comment et où faut-il combattre l'ennemi? Dans la pensée d'autres personnes? Nous sommes parfois très empressés à nettoyer la conscience de notre prochain pour en faire disparaître les pensées qui nous troublent. Mais Jésus nous dit plutôt de nous examiner nous-mêmes (Matth. 7:5): « Ote premièrement la poutre de ton œil, et alors tu y verras pour ôter la paille de l'œil de ton frère. » C'est donc dans notre propre conscience que se trouve la fausse pensée que nous avons un ennemi. Voilà où est notre seul ennemi, qu'il faut vaincre en réalisant ce qu'est réellement notre prochain — l'image de l'Amour.
Une question peut se poser: « Puisque notre seul ennemi est en nous, ne devrions-nous pas abandonner l'usage des armes pour nous défendre contre d'autres nations? » Au point où en est la pensée humaine, il n'est peut-être pas encore possible de supprimer les armements matériels qui protègent nos foyers et notre pays. Le désarmement à lui seul ne ferait point cesser les conflits et la guerre. La paix dans les familles, les villes, les pays et le monde ne s'obtiendra que dans la mesure où les humains abandonneront le faux concept de l'homme et le sens d'inimitié qu'il renferme, pour revêtir les armes spirituelles de l'Amour et de la Vérité. Chacun de nous peut contribuer à établir la paix en surmontant dans sa propre conscience le sentiment d'inimitié, qui est une manifestation de la haine; or la haine est une arme mauvaise, inefficace. C'est une manifestation de la peur, qui conduit également à la défaite.
Pour vaincre le mal, il faut détruire notre croyance aux faux concepts de l'Entendement, de la Vie et du moi, qui représentent l'ennemi. Mais il ne nous sera jamais possible de le faire par nous-mêmes. Nous n'y parviendrons qu'en ayant recours aux idées justes que Dieu donne; elles nous permettront de refléter l'Amour qui est Dieu, et de manifester cet Amour par la bienveillance et la bonne volonté envers nos semblables. Reconnaître la non-valeur d'un sens d'inimitié, cela nous libère aussi de tous ses prétendus effets — querelles, indignation, conflits; cette reconnaissance est un des grands bienfaits que nous apportent la compréhension et la démonstration de la Science Chrétienne.
Lorsque le problème de l'inimitié s'est dressé devant nous et que nous l'avons résolu d'une manière chrétiennement scientifique; lorsque nous considérons les pas souvent difficiles qu'il nous a forcés à faire pour comprendre suffisamment la vérité et vaincre le mal — nous pouvons éprouver une sincère gratitude, car ces efforts nous ont aidés à nous affranchir de beaucoup d'erreurs. Voici comment Mrs. Eddy s'exprime dans Miscellaneous Writings (p. 8): « Tout ce qui purifie et sanctifie l'existence humaine n'est point un ennemi, quelles que soient les souffrances dont s'accompagnent ces progrès. » Elle ajoute ensuite (pp. 8, 9): « Alors “vous êtes heureux,” puisque la conscience du bien, de la grâce, de la paix, vous est venue par les afflictions comprises comme elles doivent l'être, sanctifiées par la purification qu'elles apportent à la chair — à l'orgueil, à l'ignorance de soi, à la volonté personnelle, à l'égoïsme, au désir de se justifier. Qu'ils sont doux Ses châtiments! »
Après cette expérience bénie, il ne nous est plus possible de ressentir de l'inimitié, puisque nous comprenons que le problème nous a conduits à la réalisation de l'Amour divin, toujours présent et tout-puissant; nous avons ainsi la preuve de ce que notre Leader affirme dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 574): « L'Amour peut faire de la circonstance même, que, dans votre souffrance, vous appelez un châtiment et une affliction, un ange que vous avez reçu pour hôte sans le savoir. »
L'amour est patient; l'amour est plein de bonté. L'amour n'est point envieux; il n'est pas présomptueux, il ne s'enfle pas d'orgueil. Il ne fait rien de malhonnête; il ne cherche pas son intérêt; il ne s'aigrit pas; il ne soupçonne point le mal. Il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il met sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L'amour ne périt jamais. — I Corinthiens 13:4-8.
