Une Scientiste Chrétienne avait chez elle un grand vase en cristal de Bohême, de forme sphérique. S'il était placé dans un coin sombre, il paraissait simplement être en verre de bonne qualité, mince, transparent, incolore; mais si on l'exposait à la lumière, on voyait immédiatement apparaître de superbes teintes irisées qui, à la clarté du soleil, allaient du rose au pourpre, du bleu paon au jaune pâle. On n'aurait pas cru que c'était le même vase. Qu'est-ce qui avait causé cette transformation soudaine? Le changement de lumière! Rien d'autre.
Dans une exposition de peinture, chaque artiste tient beaucoup à ce que son tableau soit bien placé, ni trop haut ni trop bas, ni dans l'ombre, ni à une lumière trop éclatante. Ceux qui vendent des tapis d'Orient ont soin, s'ils les montrent à quelque client, de les présenter de manière à en faire ressortir la richesse et la beauté; il faut pour cela que la lumière les frappe à contre-poil. Chacun sait ce qu'un photographe expérimenté peut faire avec son appareil. Il le déplace en divers sens, il cherche patiemment à combiner le mieux possible l'ombre et la lumière pour obtenir un résultat parfait; et grâce à ses efforts, le visage le moins beau peut prendre une certaine grâce. Si nous pouvons consacrer tellement de temps et d'attention à des choses relativement insignifiantes, ne devrions-nous pas être zélés lorsqu'il s'agit d'un sujet bien plus vital — de voir notre prochain sous son vrai jour?
Il semble parfois qu'un ami, un collègue, se montre injuste ou déraisonnable à notre égard, qu'il manque de bienveillance. Dans ce cas, n'acceptons pas trop vite les apparences, mais suivons le conseil de la Bible, qui nous dit: « Jugez selon la justice. » Le vase dont nous avons parlé semblait n être que du verre incolore tant qu'il restait dans un coin sombre. Amenons notre frère à la lumière de la Vérité, et voyons ce qui arrivera. Peut-être découvrirons-nous de belles qualités que l'on ignorait, mais qui avaient toujours été là.
Sous un jour meilleur et plus clair, nous commençons à le voir tel qu'il est en réalité — non pas un mortel désagréable, injuste, déraisonnable, mais l'homme que Dieu a créé, aimant et aimable. Nous commençons à saisir sa véritable identité en tant que fils de Dieu, à savoir qu'il ne peut nous nuire et qu'il n'en a pas envie. Il ne saurait nous offenser, il n'en a pas le désir. Il ne peut nous priver de quoi que ce soit et ne cherche point à le faire. L'harmonie de notre être reste intact, car puisque Dieu est le seul Entendement, il n'y a pas d'entendement qui émette des pensées de brouille, d'amertume, de dissension. Si quelqu'un ne pense pas selon la justice, son penser est néant.
Comment s'accorder avec autrui, comment se comprendre mutuellement, comment travailler de concert dans l'harmonie et l'amour, voilà le grand problème qui se présente au monde. Il faut voir sous son vrai jour la situation générale; cela importe maintenant plus que jamais, car les disparités entre individus, entre races et nations, semblent devenir nombreuses et frappantes. Toutefois la chose n'est pas nouvelle.
Jacob dut résoudre ce même problème, voici bien des siècles. La Bible nous dit que son frère Ésaü, qui autrefois lui voulait du mal, vint à la rencontre de Jacob et qu'on pouvait craindre ses intentions; mais Jacob n'eut plus peur, car il avait écouté la voix de l'ange avec lequel il avait lutté jusqu'à l'aurore. Grâce à cette lumière nouvelle, il ne s'attendait plus à rencontrer un frère furieux, envieux ou dangereux, qui chercherait à le faire périr. Au cours d'une nuit mémorable, il avait commencé à voir l'homme tel qu'il est réellement — l'image et la ressemblance de Dieu, reflétant sans réserve toutes les qualités divines. Lorsque Ésaü vint à sa rencontre avec quatre cents hommes (une troupe considérable pour cette époque), Jacob put dire en toute sincérité: « J'ai vu ta face comme on voit la face de Dieu et tu m'as accueilli favorablement. » Du reste Jacob ne fut pas seul à recevoir une bénédiction, car la Bible déclare: « Ésaü courut à sa rencontre, l'embrassa, se jeta à son cou et le couvrit de baisers; et ils pleurèrent. »
Il n'est pas toujours nécessaire, ni même possible, de réprouver ouvertement l'erreur. Jacob n'avait point parlé à Ésaü. Il ne l'avait pas même vu. Mais à cet égard son penser avait subi un changement. Le Jacob d'aujourd'hui n'oublie-t-il jamais que dans tous les cas le premier travail consiste à s'examiner soi-même? Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, écrivait: « Mettez à profit toutes les occasions de corriger le péché par la perfection de votre conduite » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 249). Tous les conflits et les griefs personnels, tous les éléments mauvais et perturbateurs, opérant soit en silence soit distinctement, ont pour base notre propre croyance à ces choses, notre crainte, ou l'illusion qui nous les fait prendre pour réelles.
Pour être un vrai métaphysicien, il ne faut pas s'arrêter à la surface des choses. Ce n'est point monsieur X qui trouble l'harmonie de notre être, ce n'est pas davantage Mme Y ou Mlle Z. C'est l'entendement charnel, qui trouve d'abord un porte-parole puis un auditoire. Reconnaître ce fait nous permettra de détruire la croyance à la personnalité du mal et par là même de l'anéantir complètement; car lorsque le mal ne trouve aucune personne à qui s'attacher, il est impuissant. Si dans la conscience de tout Scientiste Chrétien, la crainte des personnes, l'antipathie pour quelque personne ou l'attachement aveugle à une personne étaient complètement exclus, ne serait-ce pas le ciel sur la terre? Nul ne s'absorberait dans la mise à nu de l'erreur au point d'oublier parfois qu'elle est néant.
S'occuper avant tout de ce qui est réellement le premier devoir et le grand privilège des disciples du Christ, — guérir, encourager, apporter aux autres les bénédictions et l'inspiration, — c'est connaître une joie sans cesse croissante; et si nous agissons ainsi, nos églises se rempliront de gens qui, lassés des faits et gestes de la personnalité instable, soupirent après l'amour de Dieu et cherchent à le connaître. Dans la mesure où l'on suit cette voie, le mal trouvera toujours moins l'occasion d'entrer dans la conscience sous divers masques: discordes, ressources limitées, dettes ou désunion.
A l'heure actuelle, beaucoup semblent traîner un fardeau de plus en plus lourd. Tâchez de les soutenir, de les encourager, car ils en ont peut-être très grand besoin. Avec une tendre compassion pour tous les « petits » dont Dieu est le Berger, — nobles et humbles, riches ou pauvres, malades ou bien portants, justes ou injustes, — dites-leur que « le cœur de l'Éternel est admirablement bon, » comme le déclare un de nos cantiques; ce qu'ils ont appelé un fardeau, ne serait-ce pas au contraire l'occasion de reconnaître davantage Sa bonté, Son amour?
Les affligés ont souvent besoin qu'on leur donne cette assurance: le terrible spectre qui depuis si longtemps les troublait et que le monde nomme peut-être une maladie grave, n'a pas plus de réalité que les brumes voilant un sommet. L'entendement humain, dont Jésus disait que c'est un « menteur, » un « meurtrier dès le commencement, » s'est arrogé le droit de répartir les maladies en disant qu'elles sont soit guérissables soit incurables; mais l'Entendement divin ne connaît pas ces classifications cruelles.
Comme un rayon de lumière perçant les ténèbres du matérialisme, cet édit éternel se fait entendre: « Il n'y a point de maladie » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mrs. Eddy, p. 421). A d'autres personnes, il serait bon de rappeler qu'aucune situation n'est désespérée, que rien n'est trop compliqué ou trop embrouillé pour qu'il faille renoncer à vouloir résoudre le problème. Amenez-le à la lumière. On a fait maintes fois des choses réputées impossibles; il s'en accomplit encore chaque jour. Il existe une loi de Dieu absolument infaillible, toujours applicable, instantanément accessible. Rien n'est irréparablement ruiné. Un os fracturé peut se remettre. Un foyer détruit peut se rétablir, ou être remplacé par un home meilleur. Une amitié rompue peut se raccommoder; et Dieu fait des merveilles avec un cœur brisé, si on Lui en donne tous les fragments!
Comprenons et affirmons que maintenant même, toutes les réalisations justes sont possibles, à notre portée, et que l'entendement mortel ne peut en retarder l'avènement. La loi divine est la seule qui agisse, dans l'univers unique. Effacez-vous et regardez comment elle opère! Elle n'a pas besoin de notre aide. Le fait est qu'au contraire nous l'avons plutôt entravée en pensant trop à ce que nous appelons « notre problème, » en parlant sans cesse de la chose, en la couvant avec une persévérance inlassable; tandis que ce qu'il nous faudrait en réalité, c'est plus de confiance en Dieu, dont nous devons laisser agir la loi.
Sortir ce qui se trouvait dans un coin sombre et lui voir prendre au soleil tout son éclat, c'est une précieuse expérience. La transformation est quelquefois si rapide que nous en semblons presque confus, nous ne pouvons le croire. « Ce ne peut être le même objet! » nous disons-nous. « Comment une chose pareille serait-elle devenue magnifique?
La réponse est simple. C'est le changement de lumière et rien d'autre qui a produit ce résultat.