L’entendement matériel, sujet au mal, aime à nous dire que parce qu’un parent, un voisin, un ami est souffrant, la même chose pourrait nous arriver. Illustrons ceci par un exemple.
Une Scientiste fit un séjour chez des parents qui ne s’intéressaient pas à la Science Chrétienne. Dans cette famille, quelqu’un manifestait une condition des glandes qui frappait désagréablement la vue. La visiteuse apprit que tels autres de ses parents avaient la même infirmité. Le tableau désagréable fit impression sur sa pensée. Elle commença de craindre que la même affliction ne l’atteigne. L’erreur lui soufflait à l’oreille: Puisqu’ils ont ce mal, tu risques de l’avoir — et le serpent menteur se faisait écouter. Bientôt les symptômes apparurent. Ils confirmaient un passage de Science et Santé avec la Clef des Écritures, où Mary Baker Eddy déclare (p. 153): « Nous pleurons parce que d’autres pleurent, nous bâillons parce qu’ils bâillent, et nous attrapons la variole parce que d’autres l’ont; mais l’entendement mortel, non la matière, porte en lui l’infection et la transmet. »
Peu de temps après, cette personne, rentrée chez elle, demanda de l’aide à un praticien, et sa guérison fut rapide. Le praticien réalisa que ni cette affliction ni aucune autre n’existait dans l’infinitude du divin univers; que parmi les enfants de Dieu, nul n’avait été dans cet état. L’erreur, ce mensonge sans fondement, sans identité, ne pouvait devenir une condition dont souffrirait l’enfant de Dieu. Le praticien sut qu’aucune contagion mentale n’existe dans l’univers qui manifeste l’Entendement, ou ne peut s’exercer entre ses idées. Chaque idée individuelle est perpétuellement soumise à Dieu seul. Il n’y a pas d’autre cause qui régisse l’identité. Qu’ils soient sains ou malades, les mortels ne sont pas les enfants de Dieu; et l’erreur qui s’associe avec la croyance à la mortalité identifiée ne peut atteindre l’homme spirituel.
Les mauvaises suggestions présentent ainsi leurs arguments: parce que monsieur A. ou madame B. a le rhume, vous et moi pourrions aussi l’avoir; parce que monsieur C. perd ses dents ou ses cheveux, qu’il n’y voit plus guère ou que son ouïe est atteinte, cela pourrait nous arriver. A celui qui n’est pas sur ses gardes, le tentateur insinue peut-être même que telle de ses connaissances ou certains membres de sa famille souffrent d’une maladie grave ou en sont morts, et que lui-même y est exposé. Le tentateur murmure: Voilà ce que j’ai fait à cette personne, ce sera peut-être bientôt ton tour. Crains et tremble! La Science Chrétienne dit: Ne crains point! Garde-toi d’accepter au sujet de ton frère le faux concept de l’erreur. Ne crois pas que l’erreur puisse entrer dans ta vie en employant comme marchepied le concept mortel de l’homme.
Ces mauvaises suggestions correspondent à l’entendement mortel négatif, qui répète les scènes du songe matériel à celui qui croit que son frère ou lui-même sont dans la matérialité illusoire et non pas dans la Vie qui est l’Esprit, Dieu. Otant à l’affliction le prestige et les précédents qu’elle revendique, la Science Chrétienne nous permet de réaliser que parmi les idées de Dieu, nulle ne s’est trouvée dans un triste état. Devant Dieu, mon frère et moi-même sommes tous deux exempts d’affliction. Nous l’avons toujours été. Nous le sommes maintenant. Nous le serons toujours. L’égalité dans la santé, voilà ce qui est à jamais notre possession. L’immunité, le fait que nous sommes supérieurs à l’affliction, voilà l’éternel statut dont nous jouissons tous. Nous devons, vous et moi, prendre davantage conscience de ces choses dans la vie quotidienne, lorsque les sens matériels présentent des arguments contraires.
Les suggestions du mal selon quoi notre frère serait un mortel affligé et nous le serions bientôt aussi, reposent sur ces prémisses erronées: l’existence d’un entendement mortel négatif développant un univers matériel négatif peuplé de mortels qu’il affaiblit, afflige, et finalement détruit. Elles disent aux mortels qu’ils peuvent voir, entendre et sentir tout ceci, et qu’en conséquence ce doit être vrai. Mais les prétentions de l’entendement mortel ne reposent que sur le témoignage de l’entendement matériel et de ses sens matériels. La Science Chrétienne s’élève en tout point contre ce témoignage, parce qu’il contredit l’intelligence, la justice et l’amour qui caractérisent Dieu. C’est, concernant la création et l’homme, le faux sens dont Jésus le Christ prouva l’irréalité. Ce témoignage des sens matériels est aussi fallacieux que l’entendement mortel qui les constitue et les fait agir; telle est la situation quand le témoignage se rapporte à un mortel, à plusieurs d’entre eux, ou à toute une race. Il importe que nous nous rappelions souvent ces choses.
A chaque époque, chaque jour, à chaque heure, l’existence véritable n’est rien de moins que l’Entendement infini et sa manifestation. Ce qui, au sens matériel, paraît être un frère affligé n’est que la prétention de l’entendement mortel qui dit avoir créé puis affligé son sens mortel de l’individualité. Ce n’est point votre vrai frère ou le mien, pas plus que la matière n’est la vraie substance de vous ou de moi.
La Science Chrétienne distingue le mensonge matériel appelé un mortel malade, d’avec le fait spirituel, le fils de Dieu.
Efforçons-nous de savoir ce qui est vrai non seulement au sujet de notre vrai moi, mais de toute individualité. Nous avons l’Entendement du Christ dans la mesure où nous réalisons l’éternelle perfection de toutes les identités, dont aucune n’est compromise en quoi que ce soit par le rêve mortel. La totalité du mensonge matériel doit être annulée grâce à l’infinie plénitude de l’idée spirituelle. Réalisons l’universalité du Christ, où l’une comme l’autre toutes les idées de Dieu habitent éternellement. Revendiquer la perfection de l’être spirituel pour nous-mêmes, tout en croyant que notre frère est la victime du péché, de la maladie, de la mort, n’est pas conforme à la Science Chrétienne.
Appliquer ces vérités quand le mal s’obstine à dire que notre frère est malade, quand il appuie ses prétentions par le témoignage des sens qu’acceptent généralement les humains, voilà ce qui nous met à l’épreuve. Dans ce cas, il faut penser d’une manière radicale. Accepterons-nous le témoignage des sens matériels qui nie Dieu, ou le réfuterons-nous en nous attachant à l’ordre spirituel parfait révélé par le sens spirituel? Il nous faut mentalement couper dans sa racine la prétention de l’erreur qui dit avoir créé un ou des mortels. Ni vous, ni moi, ni notre frère ne sommes dans la création hypothétique de l’entendement mortel: nous n’y avons jamais été. Notre identité ou celle de notre frère, loin d’être conforme à ce qu’indique le sens matériel, est telle que la connaît l’Entendement qui sait tout. Regardons la création par le moyen du sens spirituel, et nous constaterons que comme nous-mêmes, notre frère est sain, immortel, exempt d’afflictions. L’erreur ne l’a point touché. Elle ne saurait nous atteindre.
Plaçons-nous fermement sur ce terrain: le royaume de l’Amour est intact; comprenons qu’il est impossible que notre frère ou nous-mêmes soyons affligés. Si le sens matériel menteur insinue que notre frère est souffrant et que nous pourrions bientôt le devenir, répondons-lui par ces mots que Néhémie adressait à Samballat: « Ce que tu dis est faux. »