Il y a dans la bonté une énergie, un soutien capables de protéger et de rendre heureux l'individu ou la nation qui les comprennent et les emploient avec intelligence. Le néant du mal, la présence universelle du bien, voilà où s'ancrent les espoirs de l'humanité. Ce décret présente un idéalisme scientifique dont les piliers sont la Règle d'or et le commandement du Principe éternel: Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face.
L'idéalisme pratique, bien fondé, insiste sur le fait que Dieu est Principe, que l'homme créé par Lui marche selon le Principe, lequel soutient et dirige Son univers. Dans ce programme, le mal et la mortalité n'ont ni place ni possibilité d'action. En effet, dans son acception véritable, le Principe est beaucoup plus qu'une loi inanimée, inintelligente. Principe est synonyme d'Entendement divin, de Vie, d'Amour. C'est l'Être suprême, l'Être qui constitue la substance de l'homme, auquel Il assure une existence exempte de maladies, continue, sans limites, et la faculté d'être pleinement heureux. Cette vérité, reconnue sans réserve en toute circonstance, favorise la santé, la force morale, le bon travail, la sécurité — la guérison des nations.
Pour pratiquer avec succès une science quelconque, il faut savoir ce qu'elle exige et se familiariser avec ses règles. Il faut en outre s'y conformer. Pour acquérir un idéalisme vraiment mûr, capable de faire face aux problèmes de la vie, on doit s'entraîner à la persévérance, à la fidélité, à la consécration. Une notion superficielle du Dieu parfait et de l'homme parfait représente un idéalisme trop sommaire; or dans ce monde où les faux semblants abondent, une confiance aveugle aboutit aux déceptions, peut-être même au malheur. Pope disait avec raison: « Le demi-savoir est chose dangereuse. »
Le mal n'est, il est vrai, qu'un imposteur arrogant; mais on doit découvrir et combattre résolument l'imposture et ses prétentions, si l'on veut déjouer les mauvais desseins. Comment y parviendrons-nous? En réalisant avec promptitude que le mal est sans pouvoir. L'intégrité est invincible. Le Principe est un Dieu jaloux, qui ne tolère ni sophismes ni supercheries. Sachez-le, et donnez à la justice l'occasion d'agir. Fermer les yeux sur le mal en se contentant de dire qu'il n'existe pas, est inefficace, aussi bien dans les affaires publiques que dans les questions d'ordre privé.
A la page 6 de Christian Science versus Pantheism, Mary Baker Eddy nous exhorte en ces termes: « Continuons à dénoncer le mal comme l'illusoire prétention que Dieu n'est pas suprême, et persistons à le combattre jusqu'à ce qu'il disparaisse, — non pas en donnant des coups dans le brouillard, mais en élevant la tête au-dessus des brumes et en écrasant du pied le mensonge. »
Maintes nations justes ont été spoliées pour avoir cru que des voisins rapaces ne feraient aucun mal. Inactive, misérablement mesmérisée, la nation candide se répétait, pendant que d'autres étaient envahies: « Ceci n'arrivera jamais chez nous. » Une nation dont les idéals son élevés, mais point encore mis à l'épreuve, ne devrait pas mépriser les leçons de l'histoire. Tout peuple sage et vigilant tiendra compte de ces enseignements.
Quelle candeur les nations pacifiques ont montrée depuis un quart de siècle! Tout en se croyant fort sages, elles ont négligé leurs flottes et leurs armées, pendant que des voisins sans scrupules s'armaient jusqu'aux dents et se vantaient de pouvoir bientôt conquérir la terre. L'amour de la paix, la haine de la guerre, ne suffisent pas à protéger un peuple. L'apaisement provoque l'usurpation. Quant à l'isolement, c'est chose impossible sur notre petite « planète agitée. »
Ézéchias est l'exemple classique — si souvent imité à notre époque — du souverain candide. Il avait été malade dans son palais, à Jérusalem. Lorsqu'il fut guéri, le roi de Babylone lui envoya des messagers porteurs d'un présent. Ézéchias en fut flatté et leur montra « le palais où étaient déposés ses objets de prix, l'argent, l'or, les aromates, l'huile précieuse, ainsi que son arsenal et tout ce qui se trouvait dans ses trésors. Il n'y eut rien qu'Ézéchias ne leur fît voir dans son palais et dans tous ses domaines. » Par la suite, les Chaldéens vinrent attaquer la ville sainte. Ils saisirent l'or et l'argent et déportèrent une grande partie de la population. Ainsi prit fin pour un temps la vie nationale des Hébreux.
L'innocence ne suffit pas pour sauver un homme. S'il veut maintenir sa sécurité, il doit avoir recours au Tout-Puissant, invoquer avec compréhension l'aide du Principe. En outre, au début, il devra peut-être parer aux lacunes de son idéalisme en adoptant des méthodes pratiques. Ceci s'applique non seulement à l'individu, mais à la collectivité. Selon les Écritures, il y eut jadis guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent contre le dragon qu'aidaient ses anges; mais l'ennemi fut chassé, précipité sur la terre.
Il est maintes fois arrivé qu'un État chancelle parce que ses dirigeants, trop crédules, hésitaient à s'élever au nom du Dieu des Armées, contre les cruels projets de voisins sans scrupules. Aujourd'hui, une vingtaine de peuples sont terrassés parce qu'au lieu d'étouffer l'agression dans son germe, ils l'ont laissée prendre des proportions énormes. S'ils avaient suivi l'exemple de Michel, qui réprima la révolte des anges, ils auraient pu maintenir leur statut d'hommes libres. Ni la morale chrétienne ni l'idéalisme ne s'opposent à ce que l'individu ou la nation prenne des mesures pratiques en face du danger.
Pourtant même aujourd'hui quantité de personnes, trompées par un optimisme superficiel, sont encore inactives et presque endormies. Tous ceux qui connaissent le pouvoir de la prière devraient régulièrement et même constamment prier avec ferveur, savoir que Dieu est au milieu des justes et leur donne la vision, la stratégie, l'unité, la foi qui transporte les montagnes, tandis que la confusion est le partage des insensés.
Le temps approche où prendra fin l'immense conflit actuel. Ce qui hâtera cet heureux jour, ce sont les prières consacrées des hommes qui reconnaissent avec joie l'invincibilité du Principe et l'inanité des pensées ou des entreprises injustes. Elle est inévitable la défaite de ceux qui portent la responsabilité du lamentable conflit. Les nations idéalistes, dont l'existence a été menacée, ont parfois manqué de prévoyance et d'initiative; mais on peut dire à leur honneur qu'elles n'ont jamais envisagé la défaite. Pour elles cette notion est inimaginable.
Déjà les nations unies préparent des plans pour maintenir la paix une fois qu'on l'aura gagnée. Tout Scientiste Chrétien est sûr que l'Entendement gouverne; et les hommes qui passent par la terrible épreuve seront assez humbles pour accepter de bon cœur les directions divines. Quand s'ouvriront les conférences, il n'y aura pas de dupes, pas de sensiblerie. Le pardon n'est possible qu'après la repentance et la restitution. Ceux qui ont volontairement fait du mal doivent se soumettre à ce qu'exige la justice. Si l'on avait été ferme à l'issue du premier conflit mondial, si toutes les nations puissantes s'étaient jointes à la Société qui devait empêcher la guerre, la catastrophe actuelle ne serait pas arrivée. Les illusions ont fait leur temps. Existe-t-il encore aujourd'hui des individus ou des nations trop candides? En tout cas, les hommes ne doivent pas supposer qu'une sécurité durable puisse se construire sur d'autres fondements que la Règle d'or. Seul « repose à l'ombre du Tout-Puissant » «celui qui habite dans la retraite du Très-Haut. »
