Si l'on étudie depuis un certain temps la Science Chrétienne, si après en avoir éprouvé les effets curatifs et régénérateurs, on continue, avec humilité et reconnaissance, à rechercher une meilleure compréhension de cette sainte vérité, il arrive que, par une sorte de réveil, on ressente l'ardent désir de se consacrer sans réserve au service de la Cause. Le disciple a déjà commencé de voir que son être réel fait vraiment partie du plan divin; que lui-même existe parce que, comme idée spirituelle, il est nécessaire à Dieu, dont l'homme est l'expression. En outre, il se rend compte que son vrai travail consiste non pas simplement à faire chaque jour certaines besognes, mais à exprimer l'incessante activité de l'Entendement.
Ici peut-être, n'étant plus aveuglé par l'égoïsme, le disciple remarque davantage le besoin de guérison qui semble exister partout — à son foyer, dans ses affaires, dans le monde en général. Il éprouve un immense désir d'aider l'humanité souffrante, qui paraît errer dans un labyrinthe sans issue. Quand ces pensées se présentent à lui, le Scientiste se demande parfois: Que puis-je faire pour soulager une détresse aussi générale? Il est tenté de se dire: Si seulement j'avais reçu une meilleure instruction, si j'avais pu développer mes aptitudes latentes, si mes moyens me permettaient de travailler aux œuvres de Dieu! Mais lorsque dans une pensée de prière, on médite un certain récit contenu dans les Actes des Apôtres, on voit qu'en arrivant à la Belle Porte, Pierre et Jean n'avaient « ni argent, ni or; » toutefois, inspirés par Dieu, ils purent discerner ce dont avait vraiment besoin celui qui demandait l'aumône, et le guérir instantanément. Ainsi l'on entrevoit ce grand fait, qui devient toujours plus clair: notre aptitude à servir Dieu, à venir en aide au genre humain, ne dépend ni des possessions matérielles ni des connaissances purement livresques. Si nous en avons le désir sincère, nous pouvons tous comprendre et démontrer la Science Chrétienne, car Dieu nous en rend capables. Il nous faut savoir que chaque pensée juste, chaque victoire sur la tentation, produit un bien durable; que nos pensées doivent constamment être subordonnées à la Vérité divine. Quand on reconnaît ce que l'Amour exige, ce réveil est toujours suivi d'une nouvelle consécration et d'un plus profond désir de la justice.
En étudiant l'histoire des pains et des poissons, bien connue de ceux qui lisent l'Evangile, une Scientiste Chrétienne y trouva une grande aide. Elle vit qu'écouter le faux sens d'après quoi elle avait si peu à offrir sous le triple rapport des talents, des richesses, de la compréhension spirituelle, c'était faire comme les disciples, qui disaient n'avoir autre chose que « cinq pains d'orge et deux poissons » pour nourrir la foule. La question: « Qu'est-ce que cela, pour tant de gens? » trouvait un écho dans sa propre pensée; et quant aux « deux cents deniers » — somme considérable aux yeux des simples pêcheurs galiléens — qui, disait Philippe, n'eussent pas même suffi pour acheter le pain nécessaire, cela correspondait à son impression d'inaptitude et de faiblesse en face des obligations morales qu'elle sentait peser sur elle.
La Scientiste relut alors le récit évangélique qui nous fait voir Jésus prenant les provisions qui lui étaient offertes, sans s'arrêter à leur insuffisance apparente; elle suivit avec joie les mesures qui conduisirent à la démonstration finale; et quelle gratitude elle ressentit lorsqu'elle put en saisir la véritable portée!
La Bible nous dit que Jésus « prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il les bénit, les rompit, et les donna aux disciples pour les distribuer à la foule. » En levant les yeux vers le ciel, ne se détournait-il pas d'un sens limité concernant les ressources? Il savait que la matière n'est pas substance, et que l'Amour divin pourvoit infailliblement à tout.
Les besoins du monde n'ont pas changé; ils sont les mêmes qu'il y a des siècles, à l'époque où les multitudes s'assemblaient pour entendre les merveilleuses vérités qu'enseignait le Maître, et pour obtenir de lui la guérison. Ce qu'il faut aux hommes, c'est une meilleure compréhension de Dieu, une connaissance toujours croissante de Celui « qui est la Vie éternelle pour ceux qui Le connaissent bien » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, Préface, p. vii). La vérité qui nous affranchit, c'est « le vrai pain... qui descend du ciel, » la « manne céleste » que notre Leader décrit en ces termes, à la page 33 de Science et Santé: « La grande vérité de l'être spirituel, guérissant les malades et chassant l'erreur. » Voilà le pain que nous devons rompre et partager avec autrui, si nous sommes les vrais disciples du Conducteur.
Lorsque, sur les hauteurs de la Galilée, le grand Maître expliquait la vérité à cette foule immense, il ne négligea pas ce dont elle avait humainement besoin. Il n'accepta pas la suggestion des disciples, qui proposaient de renvoyer la multitude pour qu'elle aille acheter des vivres. Comme membres d'une église, rappelons-nous ceci lorsqu'un sens temporaire de pénurie prétend restreindre outre mesure l'œuvre de notre église, son travail nécessaire et légitime. Ce faux sens voudrait nous tromper, mais rien ne nous oblige à renvoyer la foule « à jeun. » Nous n'avons qu'à prendre ce dont nous disposons — « les cinq pains et les deux poissons » — et à en tirer le meilleur parti possible, sans jamais céder au découragement parce que les ressources semblent insuffisantes. Rendons grâces, sachons que la vraie substance est infinie, spirituelle; consacrons-nous davantage au service de l'Amour divin; alors nous pourrons avancer sans crainte, pour recueillir la riche moisson promise à ceux qui sèment avec fidélité. Si nous agissons ainsi, nous constaterons certainement que Dieu nous donne l'abondance et bénit nos efforts. En réalité, nous pouvons puiser tous les biens à la source intarissable, infinie, de la vraie substance spirituelle; comprenant ce fait, nous prouverons aussi que nos pains et nos poissons suffisent à nourrir la foule, qui ne sera point renvoyée à jeun.
    