Quel réconfort, quelle assurance nous apportent ces paroles de Mary Baker Eddy (Miscellaneous Writings, p. 113): « Nous n'avons rien à craindre lorsque l'Amour est au gouvernail de la pensée, mais nous pouvons jouir de tous les biens sur la terre comme au ciel. »
Il est facile de voir pourquoi il n'y a « rien à craindre lorsque l'Amour est au gouvernail de la pensée. » L'Amour est Dieu, l'Esprit; la crainte est une croyance à la matière, la croyance qu'une chose à quoi nous tenons peut se perdre, être endommagée ou détruite. Quand nous comprenons la présence perpétuelle de l'Amour, de l'Esprit, cette réalisation guide notre pensée; alors nécessairement la croyance à la matière diminue, la crainte s'atténue, jusqu'à ce que finalement l'Amour règne sans conteste, et comme il ne reste plus aucune conscience de la matière, la crainte est inexistante.
La Science Chrétienne enseigne que le seul Entendement c'est Dieu, l'Amour. Il s'ensuit que l'homme réel, créé, selon les Écritures, à l'image et à la ressemblance de Dieu, reflète l'Entendement qui est Amour et se trouve etre entierement gouverne par Dieu. En conséquence, l'homme réel ne peut exprimer la crainte.
Ici l'on dira peut-être: « Voilà qui est très beau, et sans doute vrai sur le terrain de la réalité éternelle; mais en quoi cela m'aidera-t-il à vaincre mes craintes à l'heure présente? »
Or pour peu qu'on l'entrevoie, cette merveilleuse vérité — la Science Chrétienne — apporte la guérison à ceux qui s'efforcent de la mettre en pratique et de réaliser que l'Amour est le seul pouvoir. Les Scientistes en ont eu d'innombrables preuves, et nous citerons un cas remontant à bien des années. Une jeune Scientiste Chrétienne s'était offerte à passer une partie de la nuit au chevet d'un enfant qui semblait très malade. Tout d'abord, elle se sentit envahir par la crainte et par la conviction que l'enfant était perdu. Mais se tournant vers Dieu, elle demanda instamment de pouvoir reconnaître, en dépit de toutes les apparences humaines, l'omniprésence de l'Amour divin. Priant ainsi avec ferveur, malgré les accablantes manifestations d'un mal douloureux, elle entrevit la présence et l'immuable réalité de l'Amour indestructible, et le néant de la crainte lui devint plus clair que jamais.
Grâce à cette illumination, elle put voir nettement qu'en réalité personne n'a peur ou ne peut être effrayé; en effet, la crainte est irréelle, puisque l'Amour omnipotent est la seule réalité. Pendant que la Scientiste Chrétienne lisait et méditait des passages empruntés aux œuvres de Mrs. Eddy, en particulier les Messages to The Mother Church et les pages 60 et 61 de Rétrospection et Introspection, l'enfant s'endormit d'un paisible sommeil. Cet incident marqua un grand progrès dans la carrière de la Scientiste; il va sans dire aussi que l'enfant, traité par un praticien dévoué, fut bientôt complètement rétabli.
Les paroles inspirées citées au début du présent article promettent aussi la joie à ceux qui soumettent leurs pensées au gouvernement de l'Amour: ils peuvent «jouir de tous les biens sur la terre comme au ciel. » Pour obtenir cette joie, point n'est besoin d'attendre que nous ayons démontré la spiritualité complète, car dans la mesure où nous obéissons aux commandements de l'Amour, notre conscience de l'harmonie s'accroît. Il ne s'agit pas cependant du faux sens de joie qui, semblable à une pièce fausse, est une insigne contrefaçon. Nous savons tous qu'une joie mensongère, fondée sur les choses matérielles ou sur la personnalité humaine, peut d'un moment à l'autre se transformer en tristesse. La vraie joie vient de ce que nous comprenons l'Amour; elle est spirituelle, indissolublement unie aux autres manifestations du bien telles que la pureté, le dévouement, le calme, l'activité bienfaisante. Quand nous apprenons toujours davantage à remettre le gouvernail de la pensée entre les mains de l'Amour, notre joie devient stable, ininterrompue, et le bonheur fleurit sur notre sentier.
Dans la Science absolue, l'homme est gouverné par l'Amour. Mais dans notre carrière humaine, il faut semble-t-il choisir entre le bien et le mal; les paroles déjà citées montrent à quelle condition l'on peut avoir une joie exempte de crainte: l'Amour doit être «au gouvernail de la pensée. » Comment pourrons-nous remplir cette condition et nous assurer ainsi la confiance et la joie promises?
Quand nous traversons les mers, nous mettons notre confiance dans le capitaine, sûrs que sa sagesse guidera le navire à travers l'Océan. Même en cas de tourmente, nous ne sommes pas tentés de nous ingérer dans les mesures prises pour notre bien.
Nous laissons au capitaine la direction du vaisseau; mais sommes-nous toujours aussi disposés à confier aux soins de l'Amour la direction de notre vie? Ne souffrons-nous pas souvent que la volonté personnelle, la rancune, les projets humains soient « au gouvernail de la pensée »? Dans ce cas, si nous voulons vaincre la crainte et réaliser la félicité véritable, il nous faut chasser les mauvais pilotes et rendre le gouvernail à l'Amour divin.
Pour être sûr que l'Amour est au gouvernail de notre pensée, une vigilance constante est nécessaire, comme l'expérience nous l'apprend. Les rêveries indolentes, l'irritation momentanée, l'expectative fondée sur la matérialité — toutes ces erreurs doivent être remplacées par la méditation sur la substance de l'Ame, le pardon immédiat des offenses, l'attente du développement spirituel. Mrs. Eddy nous exhorte en ces termes (Miscellaneous Writings, p. 118): «Prenez courage; la lutte contre soi-même est pleine de grandeur; elle nous occupe abondamment, et le divin Principe agit de concert avec vous, — l'obéissance couronne d'une victoire éternelle l'effort persévérant. »
Efforçons-nous jour après jour de réduire au silence les suggestions erronées en reconnaissant la vérité — le fait que l'Entendement sait tout, agit partout, et que l'homme reflète l'intelligence infinie; ce penser purifié nous apportera de plus en plus l'harmonie, le ciel, et la vision d'Ésaïe trouvera son accomplissement: « Ceux dont l'Éternel aura payé la rançon retourneront et reviendront dans Sion avec des chants de triomphe; une allégresse éternelle couronnera leur tête. »
S'il se présente des difficultés spéciales et que nous soyons assaillis par les vagues des suggestions erronées, souvenons-nous que Dieu est l'omnipotence et que l'Amour infini guide toujours nos pas quand nous avons humblement recours à lui. Aux heures de lutte, nous pouvons affermir notre pensée et calmer le tumulte en comprenant ces paroles écrites par Mrs. Eddy dans la Sentinel: « “Silence! apaise-toi!” Notre Père est au gouvernail. »
