« Il n'y a pas de plus grands miracles connus au monde que la perfection, et une amitié ininterrompue, » écrit Mary Baker Eddy, à la page 80 de Rétrospection et Introspection. Si la terre connaît ces miracles d'amitié ininterrompue, c'est grâce à la science et à l'art de l'amitié; c'est parce qu'on a compris et mis en pratique le vrai sens du mot « ami, » qui s'apparente au verbe aimer; c'est grâce aux qualités inspirant la confiance; c'est parce que se sont exprimées des choses dont la nature est éternelle.
Abraham fut appelé ami de Dieu, sans doute parce qu'il avait toujours le sentiment intime de son union avec Dieu. Demeurant dans cette conscience, il mit en lumière à un degré considérable la paternité de Dieu.
A ceux qui l'accompagnaient dans son ministère, Jésus donnait le nom d'amis. Il avait pu leur dire: « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père. » Chez eux il avait trouvé la sympathie, le soutien et dans une certaine mesure la compréhension. Pour que l'amitié soit complète, Jésus demandait trois qualités suprêmes, idéales: l'amour, prêt à renoncer aux désirs personnels et à la volonté humaine; l'obéissance envers le Christ, la Vérité; la loyauté absolue qui fait du serviteur un confident. Quels qu'aient pu être leurs péchés d'omission et de commission; bien qu'ils eussent parfois désobéi à ses commandements — ceux qui avaient partagé ses dangers et ses privations, ses triomphes et ses révélations, ceux-là étaient ses amis. Jusqu'à la fin, il employa ce terme en parlant à celui dont la trahison l'avait livré à ses ennemis. Lorsque pour la dernière fois, Judas vint à lui, dans le jardin de Gethsémané, Jésus lui dit: « Mon ami, pour quel sujet es-tu ici? »
« L'Amour ne perd jamais de vue la beauté. Son auréole repose sur son objet, » écrit notre Leader, à la page 248 de Science et Santé avec la Clef des Écritures. Là où Jésus le Christ avait vu un ami et un compagnon, il ne vit pas ensuite un ennemi. Au lieu d'appuyer sur la trahison, il vit ce qui pas à pas le conduisait jusqu'à la preuve finale de sa Messianité.
L'objet de l'Amour, sur lequel repose toujours son auréole, exprime d'une manière continue la nature même de l'Amour. Ceux qui sont prêts y répondront; ceux qui ne le sont pas ne sauraient entraver ou rendre obscure la manifestation que l'Amour garde et soutient. Comprenant que la notion d'ami ou d'ennemi est impersonnelle, les hommes ne perdront pas de vue l'auréole divine.
Ils apprendront que pour les rapports entre humains — rapports dictés soit par le choix soit par les circonstances — la seule base véritable ou permanente est l'amitié qui subordonne la personne au Principe, sans permettre que ce qui passe pour l'amour ou la haine vienne détrôner la justice et bannir la miséricorde. Tout ce qui sépare, contrarie ou déçoit; tout ce qui sacrifie à des raisons personnelles le véritable intérêt de soi-même ou d'autrui — toutes ces choses doivent faire place aux qualités compatibles avec le nom d'ami.
Tant qu'ils croient être à la merci des pensées produisant l'amitié ou l'inimitié, les hommes sont victimes de ce qui altère leurs forces et leurs objectifs. Les rapports qui se fondent sur les préjugés mortels — plaisir ou douleur personnels, adoption ou répudiation dictées par les sentiments — ne peuvent produire que la fragilité et la souffrance. Subordonnée à ce qui la façonne et l'ennoblit au service de la Vérité divine, l'amitié humaine est un don précieux que les hommes ont eu raison de chérir préférablement aux possessions terrestres. Quant à sa contrefaçon, fugitive et fausse, on peut dire qu'elle a causé plus d'angoisse que tout autre fléau.
Notre Leader a parlé de l'amitié d'une manière énergique et solennelle, mettant les humains en garde contre les pièges auxquels s'expose l'imprudence. « Et pourquoi ne pouvons-nous plus jouir de ce sens éphémère, avec ses délicieuses formes d'amitié, par quoi les mortels s'habituent aux satisfactions du sens personnel et à une paix traîtresse? Parce que c'est l'unique et grand danger sur le chemin qui monte » (Miscellaneous Writings, p. 9). « L'unique et grand danger »! Il serait bon que chacun méditât sérieusement l'avertissement significatif et profond que nous donne celle qui découvrit et fonda la Science Chrétienne.
Les préjugés, les compétitions, les jalousies et l'esprit de parti qui, soit au nom de l'amitié soit au nom de l'inimitié, favorisent ou rompent les relations des mortels; les dissensions et les conspirations, les pactes et les alliances, nationales ou internationales, qui produisent collectivement ce qui s'exprime d'une manière égoïste dans la conscience individuelle — ces choses disparaîtront naturellement lorsque les hommes en arriveront à comprendre et à pratiquer l'amitié comme le fit Jésus. Ils apprendront ainsi que c'est l'inimitié et non les ennemis qu'il faut vaincre; qu'ayant entrevu la continuité de l'Amour sur qui les concepts mortels d'ami ou d'ennemi n'ont aucune prise, tous les hommes sont amis, car tous ont besoin d'amour et de compassion. Alors, sans jamais perdre de vue la beauté, ils avanceront, à l'instar de Jésus, non plus trompés par des semblants d'amitié ou d'inimitié, mais partageant avec joie, dans des rapports de plus en plus harmonieux, les choses que Dieu leur fait entendre.