Dans un dictionnaire, « envier » a notamment cette définition: « Ambitionner; désirer fortement; convoiter; » quant au verbe « convoiter, » on lui attribue entre autres la signification suivante: « Ambitionner outre mesure (les avantages d'autrui). » On voit donc que dans un certain sens, l'envie et la convoitise sont synonymes.
C'était évidemment cette forme d'envie que Jésus réprouva lorsque, selon l'Évangile de Luc, « quelqu'un dit à Jésus: 'Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.' » Après avoir répondu par cette question: « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages? » — Jésus poursuivit, sans doute dans l'intérêt de tous les assistants: « Gardez-vous avec soin de toute avarice; car, la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ce qu'il possède. »
Déçus par la croyance que la vie réside dans la matière et que la matière soutient la vie; acceptant à l'aveugle la suggestion que la profusion des choses apporte la satisfaction — les mortels qui se trouvent avoir peu de choses sont enclins à envier ceux qui en ont beaucoup. Voilà l'erreur que Jésus démasqua et contre laquelle il mit en garde ses auditeurs.
L'envie et la convoitise ont pour base un faux sens de ce qui constitue la substance véritable et le bonheur réel. Or la Science Chrétienne enseigne que Dieu, l'Esprit, est l'unique substance réelle; que l'homme, Son image, est doué du pouvoir d'embrasser par réflexion toutes les idées spirituelles exprimant Dieu. Comprendre cela, c'est voir disparaître le prétexte sur lequel reposent l'envie et la convoitise.
Il est impossible qu'un fils de Dieu ait une seule idée aux dépens d'autrui. Tous s'alimentent à la même source infinie, inépuisable, impartiale — l'Amour divin que tous sont également capables de refléter. Elle est donc sans base réelle la croyance que certaines personnes, certaines conditions ou circonstances pourraient enlever à l'homme son héritage légitime, c'est-à-dire les idées qu'il reçoit de Dieu.
Dans sa définition du « Dragon Rouge, » qu'on trouve à la page 593 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy rapproche l'envie et le magnétisme animal. En outre, à la page 281 de Miscellaneous Writings, elle écrit: « Les portes brusquement ouvertes par cet élément animal sont celles des rivalités, de la jalousie, de l'envie, de la vengeance. » Puis elle ajoute, au même paragraphe: « J'appris il y a longtemps que le monde ne peut m'enlever ou me donner quoi que ce soit, et j'ai maintenant une seule ambition, une seule joie. Mais si l'on entretient des ambitions déraisonnables, on en sera châtié. »
Ceux qui nourrissent des ambitions déraisonnables peuvent être tentés d'envier le poste, l'avancement ou les succès de leur prochain. Il serait beaucoup plus sage de tenir ces progrès pour un encouragement, un indice nous engageant à croire que nous pouvons avancer nous aussi sur la même voie en utilisant l'intelligence, la sagesse et l'amour donnés par Dieu. Cela est spécialement vrai quand on se rend compte que pour progresser sur le bon chemin et dans la voie du service véritable, il faut reconnaître Dieu, le bien universel, comme unique source de l'inspiration et des capacités.
L'envie a plutôt trait aux choses, et la jalousie aux personnes; ce sont cependant des sœurs jumelles, des défauts ayant la même origine. Toutes deux proviennent de la crainte. Elles sont dues à la crainte que d'autres puissent avoir ou être ce qu'on ne peut soi-même posséder ou devenir. A vues humaines en effet, il semble parfois en être ainsi; mais dans la réalité divine c'est absolument impossible, étant donné l'égalité inhérente aux fils de Dieu.
Comme nous l'avons déjà vu, la nature universelle de l'Entendement divin empêche qu'un enfant de Dieu puisse avoir la jouissance d'un bien que tous les enfants de Dieu ne pourraient pas aussi posséder. Il est également vrai qu'aucun fils de Dieu ne saurait prendre la place d'un autre. Chacun occupe à jamais sa place légitime dans l'univers de l'Entendement; tous expriment un sens juste de la coordination et de ce qu'on appelle humainement la coopération. On voit donc que le genre de crainte auquel les humains donnent le nom de jalousie, est sans base, par conséquent sans pouvoir de nuire.
Notre Leader écrit à la page 542 de Science et Santé, où elle commente ce qu'on lit dans la Bible concernant Caïn et Abel: « La justice livre à l'enfer de l'envie le mensonge qui, pour s'avancer, viole les commandements de Dieu. » Tous ceux qui connaissent le Décalogue mosaïque se souviendront qu'un de ces commandements déclare: « Tu ne convoiteras point. »
Dans sa grande épître aux Galates, l'apôtre Paul écrivait: « Toute la Loi se résume dans cette seule parole: 'Tu aimeras ton prochain comme toi-même.' Mais, si vous vous mordez et vous vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. » Adressée voici bien des siècles aux membres d'une des premières églises chrétiennes, cette exhortation garde aujourd'hui toute sa valeur et reste applicable aux situations qui semblent parfois se présenter dans les diverses églises. Comme Scientistes Chrétiens, cherchons à profiter de ce conseil; avec une sincérité toujours croissante, efforçons-nous de démontrer, par la Science Chrétienne, notre complète exemption touchant l'envie et la jalousie; comprenons que n'ayant aucune existence dans l'Entendement qui est Dieu, l'Amour divin, ces maux ne sont pas réellement connus de l'homme, ressemblance éternelle et parfaite du Dieu qui l'a créé.
