Elles sont comparativement peu nombreuses les personnes auxquelles toutes les choses nécessaires à l'existence humaine font défaut. Par exemple, il est fort rare que des gens meurent de faim; mais beaucoup sans doute se sont trouvés, dans la croyance, bien près de l'inanition. Nombre de mortels ne connaissent que trop certaines gradations de la pauvreté et du manque; et une foule d'autres humains qui n'ont pas à se priver du nécessaire — nourriture, vêtements, demeure, etc.— n'ont point encore le juste sens des ressources. Ils semblent être dans un état de gêne et d'insuffisance plus ou moins chronique. Pour ceux qui étudient la Science Chrétienne, il est évident que ces conditions décèlent la pauvreté mentale: la totalité, la présence constante et l'accessibilité du bien infini n'ont pas été suffisamment réalisées.
Néanmoins l'abondance des choses matérielles n'indique pas forcément chez leur possesseur la compréhension spirituelle. C'est souvent tout le contraire. Jésus a dit: « La vie d'un homme ne dépend pas de ce qu'il possède. » Il est tout aussi possible d'avoir trop de choses matérielles que d'en avoir trop peu. La pléthore des possessions n'apporte pas le bonheur. Ce fait est clairement indiqué par l'Ecclésiaste, qui écrit: « Jamais l'œil n'est rassasié de voir, jamais l'oreille ne se lasse d'entendre; » il montre ensuite qu'il est inutile de chercher le contentement dans la puissance humaine ou les possessions matérielles; pouis il conclut: « Tout est vanité, poursuite de vent! »
D'autre part, aucune vertu n'est inhérente à la pauvreté. Le manque ne constitue pas une expression de la justice. Les limitations ne manifestent point l'intelligence. C'est l'inverse qui est vrai. Il est divinement naturel que l'homme ait les choses requises pour exprimer un sens normal de maîtrise et de liberté. Quant à ce qui est vraiment et absolument bon, aux idées qui expriment Dieu, il est impossible d'en avoir trop; mais il est fort possible d'avoir trop ou trop peu de ce que les humains tiennent pour bon. Ce qu'il faut désirer, ce dont la réalisation est parfaitement possible, c'est la suffisance des chose nécessaires. On y parvient en comprenant et en démontrant la nature immuable, infinie, toujours présente, toujours accessible et bienfaisante de l'Entendement divin, Père et Mère de l'homme, source inépuisable de tous les biens.
Jésus reconnaissait évidemment que les circonstances humaines exigent des moyens de subsistance, car il disait: « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » Cette parole était sans doute destinée à montrer aux auditeurs qu'il faut chercher avant tout le royaume ou le gouvernement de Dieu, et non pas chercher d'abord les « choses » en s'attendant à ce que le royaume de Dieu vienne par surcroît. Jésus lui-même cherchait toujours « le royaume » en premier lieu, et nous ne savons pas qu'il eût jamais manqué du nécessaire. Il n'amassa ni objets ni possessions, mais les récits évangéliques montrent qu'il eut toujours amplement ce dont il avait besoin. C'était inévitable puisque le Maître comprenait d'une manière illimitée la vraie nature de la substance en tant qu'Esprit, Vie Vérité, Amour.
Concernant la substance réelle, Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, écrit à la page 468 de Science et Santé avec la Clef des Écritures: « La substance est ce qui est éternel et incapable de discordance et de décomposition; » puis au même paragraphe elle dit encore: « L'Esprit, synonyme de l'Entendement, de l'Ame, ou de Dieu, est la seule substance véritable. » Lorsqu'elle débuta en Science Chrétienne, Mrs. Eddy connut d'abord les privations et la gêne; et les Scientistes Chrétiens sont de plus en plus reconnaissants des sacrifices qu'elle a faits pour leur donner ce dont ils jouissent aujourd'hui. Toutefois notre Leader, qui connaissait la vraie nature de la substance en tant qu'Amour, devait inévitablement vaincre le sens de pénurie et démontrer la vérité au sujet des ressources. Grâce à son grand amour de l'humanité, à ses labeurs incessants pour le bien de ses semblables, elle se mit sous la loi de l'Amour divin « impartial et universel dans son adaption et dans ses dispensations, » comme elle-même le dit à la page 13 de Science et Santé. Connaissant ces choses, elle ne pouvait être exclue de la participation aux bienfaits que dispense l'Amour.
Puisque l'Amour est universel et qu'il est dans sa nature de dispenser impartialement ses dons, il n'est pas nécessaire que telles personnes soient privées de ses richesses. S'ils s'attachent à ce fait et suivent l'exemple du Maître et de leur bien-aimée Leader, les Scientistes Chrétiens devraient à leur tour avoir le sentiment que rien ne leur fait défaut et que l'abondance règne. Le manque de ce qu'on appelle les ressources, aussi bien que le manque de ce qu'on nomme la santé, est l'indice d'un penser pauvre. Donc s'ils font des efforts continus, fidèles, intelligents pour chercher avant tout « le royaume » grâce au penser juste, les Scientistes Chrétiens peuvent prouver la suffisance et l'abondance qui constituent leur divin héritage.