Quiconque ne reçoit pas le bien de la bonne manière, est incapable de le garder. Dans la parabole de Jésus, l'enfant prodigue avait reçu toutes choses en abondance. Les biens que son père lui avait donnés auraient dû lui permettre d'entreprendre une œuvre utile; mais il alla s'établir dans un mauvais milieu où l'on dépensait sans rien gagner; et quand la famine s'abattit sur les gaspilleurs et les dépensiers, celui que l'amour du père avait entouré, rendu riche, « commença à être dans l'indigence. » Manquant des choses nécessaires, il se rendit compte du peu de sagesse avec lequel il avait dissipé son bien pour chercher à satisfaire des désirs égoïstes.
Certaines personnes ne sont jamais contentes: désirant avoir tantôt une chose tantôt une autre, elles se tourmentent elles-mêmes et fatiguent les autres avec leurs plaintes. Ce qu'il leur faudrait, c'est le changement d'attitude qui se produisit dans la pensée de l'enfant prodigue. Ceux dont la mentalité est avant tout matérielle conçoivent mal la substance et la source des choses, car la matière n'est ni substance ni source; l'être n'a pas son origine dans la chair et le sang, et la vie de l'homme « ne dépend pas de ce qu'il possède. » Pour guérir le mécontentement, Jésus prescrivit ce remède: « Cherchez premièrement le royaume de Dieu; » puis il ajouta concernant le nécessaire: « Toutes ces choses vous seront données par dessus. »
A mesure qu'ils cherchent et trouvent le bien, la pensée des hommes se modifie, leurs désirs s'élèvent de plus en plus et leurs prières reflètent cette transformation. Ils cessent de mendier les dons terrestres et d'y penser avant tout; leurs prières sont inspirées par le désir des choses célestes, des qualités qui dénotent chez l'homme la vie réelle et la ressemblance à l'égard de l'Entendement. Or nul ne peut désirer pour lui seul les qualités qui révèlent l'image et la ressemblance divine; car l'illumination spirituelle surpasse les limitations personnelles et ne conduit jamais à l'égoïsme. La prière ritualiste pour laquelle, à certaines époques, on payait dans l'espoir d'obtenir des bénédictions, était plutôt une formalité qu'une vraie prière. On eût pu dire à son sujet: « Vous demandez, et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal, afin que vous le dépensiez dans vos voluptés. » Dans la version synodale, ce verset de Jacques se termine ainsi: « Pour tout dépenser dans vos plaisirs. »
Ce faux sens d'expectative et ces instances pour obtenir des bienfaits personnels ou temporels ont favorisé les religions erronées avec leurs innombrables faux dieux. D'après certaines coutumes païennes, les criminels euxmêmes peuvent avoir leurs dieux spéciaux auxquels ils adressent des prières; le malfaiteur paie son dieu et s'attend à recevoir une assistance occulte dans ses desseins cruels, antisociaux. La prière véritable doit au contraire purifier, inspirer la pensée de l'homme; alors à son tour cette pensée inspirera et éclairera l'humanité. Telle est la prière qu'enseigne la Science Chrétienne. Par exemple, la « Prière Quotidienne » que les Scientistes Chrétiens apprennent et n'ont garde d'oublier dit, selon les termes du Manuel de L'Église Mère (Art. VIII, Sect. 4): « 'Que Ton règne vienne;' que le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins soit établi en moi, et éloigne de moi tout péché; et puisse Ta Parole enrichir les affections de toute l'humanité et les gouverner! »
Dans les Églises du Christ, Scientistes, les instants de prière silencieuse sont une des caractéristiques du culte. Les fidèles avaient l'habitude des prières faites à haute voix, dans lesquelles on s'adressait à Dieu pour énumérer les bénédictions que désirait l'auditoire. Dans la prière silencieuse, ceux qui cherchent Dieu peuvent élever leur cœur vers l'Esprit et recevoir des bénédictions spirituelles dont la nature implique qu'elles devront se communiquer. C'est pourquoi le Manuel dit au sujet de la « Prière à l'Église »: « Les prières que l'on fait dans les églises de la Science Chrétienne seront offertes pour les assemblées collectivement et exclusivement » (Art. VIII, Sect. 5). Cette prière doit être une réalisation spirituelle; elle exige chez l'homme « les préparations du cœur » qui viennent de l'Éternel, comme le dit l'Écriture. Aussi est-ce pour les Scientistes Chrétiens un devoir et un privilège, à mesure que leur vision s'amplifie, de corriger leurs fausses conceptions pour pouvoir ensuite révéler à leurs frères la voie du salut par l'amour. Dans les églises de la Science Chrétienne, la prière apporte donc une bénédiction. Le culte tend à élever l'auditoire en l'engageant à reconnaître la puissance du bien. L'hôte de passage peut ainsi discerner au moins temporairement combien l'amour de Dieu est préférable à l'égoïsme, combien la bienveillance vaut mieux que le ressentiment; il sent que l'Amour divin le réchauffe et le console d'une façon merveilleuse. Ceci correspond aux enseignements de l'Écriture qui dit depuis bien des siècles: « C'est la bénédiction de l'Éternel qui enrichit et le tourment d'esprit n'y ajoute rien. »
Les êtres humains souffrent par suite de vues erronées, qui les incitent parfois à vouloir obtenir quelque chose pour rien. Certains romans modernes et tels films peu conformes à la vérité glorifient les dispositions vio lentes jusqu'à faire parfois croire aux enfants mêmes que le crime est une carrière. On fait paraître facile le meurtre rapide et l'on donne du prestige au gain mal acquis. On glorifie la pensée qui vit de rapines et l'on rend les querelles intéressantes, alors qu'il s'agit en réalité de vols et de tueries, de convoitise et de mensonge,— toutes choses immorales et non-chrétiennes, conduisant tôt ou tard le malfaiteur à la défaite, à la confusion, aux tourments.
Même dans ce qu'on appelle l'activité légitime, le véritable idéal n'est pas encore aussi nettement discerné qu'il devrait l'être. Parmi ceux qui conduisent les affaires humaines, la proportion des hommes et des femmes ayant vraiment à cœur le bien de l'humanité semble étonnamment faible. En faisant travailler les machines plutôt que les hommes, on généralise le confort et l'on évite un labeur épuisant; mais la recherche exclusive du profit personnel représente une tendance néfaste qui peut conduire une multitude de gens dans le désert du chômage.
Se confier en Dieu, telle est la nécessité fondamentale de l'existence. Dans la mesure où ils acquièrent toujours plus de confiance dans la Vie, la Vérité, l'Amour, les hommes changent à leur avantage et reçoivent des bienfaits. A la fois créateur et protecteur, le pouvoir divin fait à l'homme cette promesse: « Je le rassasierai de longs jours et je lui ferai contempler mon salut. » On voit aisément que le suicide devra disparaître quand cette reconnaissance de l'être prévaudra. La Vérité nous soutient dans les tentations. Elle rompt le mesmérisme de la séduction. Elle nous protège d'une part contre la malice des langues menteuses, de l'autre contre l'incertitude morale au-dedans de nous. L'Amour éteint les flammes infernales de l'envie, de la jalousie et de l'inimitié; il remplit les cœurs de joie, de chaleur, de pénétration, et leur fait connaître la paix dont jouissent les hommes bienveillants.
Les nombreuses églises Scientistes Chrétiennes qu'on a vues paraître dans beaucoup de localités constituent l'une des caractéristiques du siècle présent. Ces édifices s'élèvent sans ostentation, manifestant la générosité de chrétiens qui reconnaissent avec une telle joie la bonté de Dieu qu'ils désirent offrir à tous une hospitalité pleine de grâce. On ne sollicite jamais l'aide du public pour construire ces églises, qui dénotent plutôt la bonne volonté que les Scientistes Chrétiens expriment en abondance. Lorsqu'elles représentent d'une façon correcte le mouvement de la Science Chrétienne, les églises illustrent cette promesse: « Paix sur la terre, bienveillance envers les hommes! » Dans la règle, l'atmosphère du culte offre un refuge paisible aux cœurs anxieux et affligés qui peuvent y apprendre le véritable esprit d'adoration; ils éprouvent le désir d'accepter la paix divine qui est réellement l'héritage de l'homme et peut être comprise dès que la pensée reconnaît la bonté du plan divin et s'en montre reconnaissante.
L'enseignement donné dans les églises de la Science Chrétienne est impersonnel. Le pasteur de chaque église est la Bible et le livre de texte de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy. Ainsi les passages lus à haute voix contiennent la sagesse de tous les siècles; ils en donnent l'interprétation scientifique qui à l'heure marquée, s'est fait jour dans la conscience humaine, enrichissant les temps actuels et les éclairant d'une manière appropriée. Il n'est pas étrange que les auditeurs constatent souvent chez eux des guérisons, des délivrances, des lumières, une espérance et un courage renouvelés; en outre, de semaine en semaine, les assistants sortent du culte avec une force nouvelle, prêts à poursuivre dans la joie et la sérénité le service quotidien qui consiste à donner.
