Mentalement lassés, des milliers de voyageurs sont assis au bord du chemin de la vie, sans faire un seul pas vers la cité de Dieu, la conscience que l'homme est glorieusement uni à son créateur. Pourquoi se sont-ils arrêtés? Les uns, parce qu'ils croient que le chemin de la spiritualité est trop rude; d'autres, parce qu'ils ne sont pas sûrs que la paix, la santé ou la joie puissent se trouver sur cette route. Certains n'avancent pas parce qu'ils regardent en arrière; d'autres au contraire portent les yeux si loin qu'ils ne peuvent voir la route s'étendant à leurs pieds. A tous ceux qui s'attardent au bord du chemin, la voix de la Vérité adresse cet appel: “En avant!” On ne peut rester mentalement immobile en un point quelconque de la route menant à la Vie éternelle; il faut aller constamment et résolument vers le but, la perfection, d'un pas mental ferme et décidé. La moindre victoire du bien sur le mal, l'abandon d'une vue mesquine, l'extinction par ce qui est divin d'un désir humain erroné, la conquête d'un sens personnel par la nature de Christ, — toutes ces choses marquent des pas en avant. Ainsi chacun fait le voyage; ainsi seulement peut être atteint le but: ressembler à Dieu.
Saint Paul, l'un des penseurs les plus inspirés de tous les âges, parlait avec ferveur de la nécessité d'avancer constamment vers la vie spirituelle. Voici ses paroles: “Frères, pour moi, je ne crois pas avoir encore atteint le but, mais je fais une chose: oubliant ce qui est derrière moi, et m'élançant vers ce qui est devant moi, je cours vers le but, pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.” Grand dans l'humilité, il ne reconnaissait rien d'important sinon le progrès vers le prix de sa vocation céleste. Fermement fidèle à cet idéal, il disait: “Je fais une chose: oubliant ce qui est derrière moi ... je cours vers le but.”
Avant de pouvoir réellement avancer, il faut obéir aux deux règles primordiales données par Paul. Il faut tout d'abord oublier ce qui est derrière soi. Laissons la Vérité effacer sur la toile de la mémoire chaque souvenir des injustices, des peines ou des douleurs d'hier. Le passé a disparu. Le présent abonde en possibilités. Détachez-vous d'hier et de ses limites pour entrer dans la grandeur sans bornes d'aujourd'hui. Lorsque tombent les fardeaux d'un passé troublé, on peut s'empresser à obéir à la seconde règle de l'avancement spiritual — pour courir “vers le but.” Nul complot, nul plan malin n'a le pouvoir de retenir celui qui a décidé en son cœur de courir vers le but, vers son identite spirituelle a la ressemblance de Dieu. Sa marche est soutenue par la force même et le pouvoir du bien irrésistible. Toutes les fausses suggestions des attraits mesmériques murmurent en vain pour celui qui, obéissant à Dieu et dans un réel amour pour le genre humain, s'est engagé à avancer vers la perfection. Il a trouvé sa direction et, par le sens spirituel, voit sa destination. Rien ne stimule davantage spirituellement la pensée indolente, prise dans les réseaux des buts mesquins, que de rencontrer sur le chemin de la vie quelqu'un qui avance pour le bien de l'humanité. Le ferme écho de ses pas réveille — c'est là un saint fait — ceux que le propre mesmérisme a fait somnoler; ils se lèvent, secouent leur torpeur, et prennent eux aussi le même sentier. L'exemple contribue de la sorte au but le plus élevé.
A travers les siècles, hommes et femmes ont couru vers le but dans la fidélité envers Dieu, bien qu'ils fussent parfois emprisonnés, jetés dans des fosses aux lions ou des fournaises ardentes; et à mesure qu'ils avançaient, l'histoire s'illuminait d'une lumière immortelle. Mary Baker Eddy fut un de ces soldats de Dieu. Lorsque parut à sa vision, rendue claire par une vie submergée dans l'Amour, la révélation sacrée de la Science Chrétienne, elle songea aux angoissés. Eux aussi devaient avoir cette révélation. Mrs. Eddy savait ce qu'il en coûterait de la communiquer à un monde non préparé pour la lumière spirituelle, mais elle ne faiblit point. Cette phase de son expérience est mentionnée dans son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures (pp. 226, 227), où elle écrit: “Je vis devant moi le terrible conflit, la mer Rouge et le désert; mais je poussai en avant soutenue par la foi en Dieu, m'en rapportant à la Vérité, la puissante libératrice, pour être guidée jusqu'à la terre promise de la Science Chrétienne, où tombent les chaînes et où les droits de l'homme sont pleinement compris et reconnus.” Quelles paroles inspirantes: “Je poussai en avant”! Elles reprennent, elles éveillent, elles inspirent. Si jamais nos pieds semblent se lasser, pensons à celle qui avança, à travers la brume la plus épaisse de la calomnie et du matérialisme, pour que nous puissions voir la lumière! Pensons à ce que signifie pour nous le fait qu'elle poussa en avant! Pensons à ce que signifie pour d'autres le fait que nous avançons pour démontrer dans nos vies la grandeur de la Science Chrétienne! Comment pouvons-nous faiblir, faire halte ou même soupirer si nous pensons à elle, à ce noble pèlerin qui porte un flambeau, marche en tête et jette cet appel: “Bien-aimés étudiants, vous êtes entrés dans le chemin. Avancez patiemment; Dieu est bon, et le bien est la récompense de tous ceux qui cherchent Dieu avec diligence” (Miscellaneous Writings, p. 206). On ne peut faire ce chemin seul, par soi-même ni pour soi-même. L'une de nos mains doit être dans celle de Dieu l'autre dans la main de l'humanité.
Une étudiante de la Science Chrétienne avait été très malade pendant quelques semaines. Troublée par le mirage de la crainte, elle ne voyait que des peintures sombres et terribles l'entourant de toutes parts. Dans cette attitude, elle téléphona de son lit à une amie, une Scientiste Chrétienne, lui disant comme elle se sentait malade et découragée, puis ajoutant: “Je ne sais plus que faire.” “Avez-vous prié pour le monde?” demanda l'amie. “Comment le puis-je avant d'être bien?” répondit celle qui était dans la détresse. “N'attendez pas,” répliqua l'amie. “D'autres ont à surmonter tout ce que vous avez sans savoir que le ciel de Dieu est ici, Son ciel de santé et de paix Oubliez tout le reste. Aidez-leur.” Cette nuit même la patiente mit le moi complètement de côté et pria pour que la douce présence de Dieu remplît de joie tout cœur souffrant. Vers le matin, elle s'endormit. Lorsqu'elle s'éveilla, elle était bien. Ainsi celui qui avance en suivant l'étoile du service désintéresse trouve la santé en Dieu. Il n'est pas toujours aisé, mais il est toujours glorieux d'avancer sur la voie droite, sur le chemin abrité de l'amour. On n'y connaît pas la solitude, car on serre en pensée la main de tous ceux qui travaillent pour le monde, et l'on avance avec eux en triomphante compagnie. La pensée s épanouit, les chaînes tombent, les obstacles cèdent devant le puissant but qui inspire cette marche.
La bataille contre le sens personnel, exprimé par de mauvaises dispositions, des attirances terrestres, le désir de fumer ou de prendre des boissons enivrantes — cette bataille est promptement gagnée lorsqu'on s'élève au-dessus de l'indulgence pour soi afin d'avancer sur le chemin de la sainteté, et afin d'apporter à la race humaine le don d'une conscience purifiée. Ah quel don que celui-là!
Pour rester dans le sentier, être sûr de la direction, il faut souvent etudier sa boussole, la Bible et le livre de texte de la Science Chrétienne. Si l'on est tenté de chercher aide ou réconfort dans la matière, la boussole indique la voie conduisant à la totalité de l'Esprit. Lorsque la pensée se tourne pour un instant vers les choses inférieures ou égoïstes, la boussole indique le chemin menant aux hauteurs de l'Amour. Précieuse boussole! Celui qui la possède ne doit jamais s'égarer. S'il est faussement jugé, condamné ou mal compris, l'homme guidé par cette boussole poursuit calmement sa marche, ne reconnaissant ni pouvoir, ni force, ni influence, ni réalité que le bien. Devant cette connaissance divine, les brumes de l'irréalité font place aux célestes clartés.
Un Scientiste Chrétien qui connaissait l'effet mesmérique du découragement lorsque la guérison n'a pas été instantanée, donna jadis à quelques amis cet exemple qui les a bénis au cours des années. “Toutes les fois que, soit pour vous, soit pour un autre, vous travaillez à un problème, cette règle vous aidera,” dit-il. “Si le deuxième jour, après vos efforts, la condition paraît pire, qu on vous trouve avoir doublement la conviction grande du pouvoir vainqueur de la Vérité et l'attente de la victoire du bien. Si le troisième jour, l'évidence paraît plus compliquée, soyez trois fois plus fermes et courageux, ayons la confiance certaine que l'erreur tombera devant la puissance victorieuse de la Parole de Dieu. Si le quatrième jour, l'évidence n'a point encore cédé au pouvoir irrésistible de la Vérité, que votre attente de percevoir maintenant la majesté et la force du bien soit quatre fois plus forte.” Continuant ainsi jusqu'au quinzième jour, il dit enfin: “Si le quinzième jour, problème paraît aussi difficile que jamais, soyez a votre poste avec quinze fois plus de foi dans la toute-puissance de Dieu, du bien, et de l'impuissance du mal. Car les promesses scripturaires sont précises, positives et sûres, et par l'obéissance aux règles de la Science Chrétienne, on peut prouver qu'elles sont vraies.”
Il est nécessaire de s'attendre toujours plus à voir la force ou la puissance du bien irrésistible que la prière exprime. C'est ce qui devait être dans la pensée de Paul lorsqu'il écrivait: “Mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, et abondez toujours plus dans l'œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain auprès du Seigneur.” Toutes les fois que la victoire semble différée, l'attente du triomphe de la Vérité doit augmenter et non diminuer. Celui qui avance vraiment demande à Dieu une attente croissante et toujours plus grande de victoire immédiate, par l'opération de la majestueuse loi de Dieu.
Reconnaissant la grandeur de la Vie, son mouvement progressif et son but, on ne trébuche pas sur les tout petits cailloux la sensibilité, l'irritabilité ou la propre pitié; on ne saurait davantage être troublé ou découragé dans sa marche en avant par la broussaille des choses non essentielles. Les pas mentaux s'élèvent au-dessus de tout cela à mesure qu'on poursuit le sentier du progrès spirituel.
En entendant quelqu'un dire avec conviction: “Je désire faire tout mon possible pour aider à ma famille,” notre cœur dit tout bas: “Qui est notre famille?” L'Amour donne cette réponse: “Tous les enfants de Dieu.” Oui, tous, en vérité! Pour eux, chacun devrait travailler avec joie, avec prière, avec résolution, autant que pour les bien-aimés qu'il croyait jadis être ses seuls parents. Envers cette grande famille, son devoir ne sera accompli que lorsqu'il aura soin de ne transmettre aucune pensée découragée ou non inspirée au genre humain, sa parenté. Aussi, même s'il est seul, il corrige tout regard dirigé en bas, en relevant les yeux vers la gloire resplendissante de Dieu, afin de bénir sa parenté par quelque pensée inspirée. Chaque jour, avec le plus grand zèle, il a soin de sa lampe, sa vision; il l'alimente de vues plus claires concernant Dieu et l'homme — l'huile d'une plus profonde consécration au Christ — afin que cette clarté céleste aide sa famille à trouver le sentier de la Vie. Vivre ainsi, comme le vrai exemple d'un Scientiste Chrétien, comme étant toujours gouverné par son Dieu, c'est aider à tous, et dans le sens le plus élevé. S'il pèse chaque parole, chaque motif, chaque désir dans la balance éternelle de l'Amour pour que leur mesure reste en parfait accord avec le Principe, il devient alors un exemple brillant, une étoile dans les cieux de la conscience, propre à attirer la famille vers Dieu, sa tendre Mère. De celui-ci l'on peut dire. “Il avance.” Dans la voie ensoleillée du service rayonne un monde de pureté et de beauté, un monde invisible à ceux qui sommeillent dans des desseins égoïstes. Telle est l'inspiration! C'est la récompense céleste de ceux qui cherchent d'abord le bien et qui, dans le sentier de l'amour désintéressé, s'avancent vers les plus hauts sommets.
Parfois un voyageur lassé s'arrête et dit: “Ceux qui m'étaient le plus chers sont maintenant partis; peu m'importe ce qui arrive.” O réveille-toi! Les problèmes de la vie ne sont point encore résolus. Tu n'as pas encore atteint le but. La perfection n'est pas encore gagnée. Avance! Le temps que tu nommes le tien est à Dieu, et doit être donné à Ses enfants. Dans la force d'un but sublime, oublie-toi pour aimer. Tu verras alors l'impérissable beauté de la Vie continue et tu sentiras que sa tendre chaleur t'enveloppe. Ta foi dans le bien, ton chant courageux, tes douces prévenances, ta vision de la réalité,— l'humanité doit les avoir. Pour elle, avance, avance!
“Par ton travail calme et confiant,
Guidant, brillant comme le soleil,
Les cœurs liés sont délivrés.
Pour leur aider, marche en avant!”
    