Au moment où plusieurs Scientistes Chrétiens discutaient la structure du gouvernement dans notre mouvement,— le sens de la loi telle qu'elle est présentée dans le Manuel de L'Église Mère, par Mary Baker Eddy,— cette question se posa: Notre mouvement pourrait-il réussir à progresser si les membres de l'église n'étaient pourvus du moyen de décider si ceux qui font autorité agissent conformément au Manuel? Un trait frappant, qui caractérise le système de gouvernement de l'église organisée par notre Leader, est qu'elle n'a pas pourvu à un forum de discussion et de débat auquel les Statuts puissent être interprétés et appliqués. La théorie qu'on a quelquefois avancée, savoir: que le pouvoir final de gouverner devrait être confié au corps des membres d'église, ainsi qu'il en est généralement dans les organisations politiques et sociales, n'est pas applicable en ce cas, puisque, contrairement à la coutume ordinaire, les membres n'ont pas créé les Statuts que renferme le Manuel de l'Église. Le Manuel est venu de Mrs. Eddy, à qui seule appartenait tout pouvoir non particulièrement accordé à quelque autre personne.
Nous pourrons gagner quelque lumière sur cette question en considérant la forme que prennent les gouvernements du monde en général. En faisant un examen intelligent des systèmes gouvernementaux, nous voyons qu'il y a trois départements nécessaires et distincts: le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Ceux qui ont étudié la structure politique nous disent que la réunion de ces trois membres naturellement distincts en un seul corps indique de la tyrannie pour l'état. Les gouvernements heureux ont reconnu ceci et joui de la prospérité tant qu'ils ont distingué et séparé ces trois départements. On ne saurait trouver dans aucun système de gouvernement un exemple plus évident de cet idéal reconnu que dans celui des États-Unis d'Amérique.
Le gouvernement du mouvement de la Science Chrétienne présente les mêmes traits distinctifs qui caractérisent des systèmes efficaces de gouvernement du monde; il a, cependant, un affinage unique — que nous examinerons plus tard — un affinage qui le distingue de tous les systèmes humains, et qui en assure la perpétuité. Nous trouvons que l'élément législatif de gouvernement qui existe sous forme de Manuel de l'Église, est un simple corps de lois ou de régles qui, étant donné leur propre perfection, n'auront jamais besoin d'être changées, et qui n'ont pu être établies qu'en raison de la prévision spirituelle de leur auteur. Le trait exécutif de notre gouvernement d'église repose sur le Conseil des Directeurs de l'Église de la Science Chrétienne, qui se compose de cinq personnes. Mais où trouvons-nous l'autorité judiciaire qui a toujours représenté le gardien de la liberté et de la protection contre le despotisme? Notre Manuel n'a pourvu à aucun système de ce genre par écrit. Nous rendant bien compte que le mouvement de la Science Chrétienne est complet, qu'il pourvoit à tout besoin et qu'il va au-devant de tout cas urgent, nous ne chercherons pas en vain cet élément judiciaire. Il existe vraiment, et il fonctionne activement pour le bien-être de notre Cause.
Notre Leader vénérée et honorée n'était pas un avocat, et pourtant sa connaissance des règles légales, nécessaires à la protection du mouvement, surpassait la sagesse des hommes de loi érudits, connaissant leur profession. A certaines périodes critiques de l'histoire du mouvement, son insistance sur certaines règles légales, qui devaient exister ainsi qu'elle le voyait de son point de vue spirituel, fut récompensée en vertu de recherches efficaces que firent ses avocats. Depuis qu'elle nous a quittés, la structure toute entière a été assujettie à la violence d'une tempête sans nulle autre pareille et a finalement devancé l'ouragan, demeurant sereine.
Notre Leader vit le danger auquel serait exposé le gouvernement de l'église, s'il y avait une cour ou un forum où les membres de l'église puissent discuter et débattre la question de savoir à qui appartient le pouvoir d'interpréter et d'appliquer notre Manuel. Néanmoins, elle avait fait une importante découverte. Elle vit clairement ce que les architectes du gouvernement de ce pays ne virent pas, étant donné leur point de vue matériel, savoir: qu'il existe, par le fait, spirituellement, ainsi qu'il est dit dans ses propres termes à la page 437 de Science et Santé avec la Clef des Écritures: [un] “barreau de la Vérité, en présence de la Justice divine, devant le Juge de notre tribunal supérieur, la Cour Suprême de l'Esprit.”
C'est donc là notre pouvoir judiciaire, la Cour Suprême de l'Esprit, l'arbitre définitif de la Vérité sur l'erreur. C'est cette Cour de l'Esprit dont les portes sont ouvertes à ceux qui souffrent et qui sont affligés. Ceux qui sont opprimés par le manque et la limitation spirituels peuvent y entrer. Devant elle les sens turbulents sont réduits au silence. La justice prévaut dans tous ses palais. La confiance et la paix règnent dans son sanctuaire. Voici ce que l'oreille attentive y entend: “Que votre cœur ne se trouble pas et qu'il ne craigne point.” Son avocat et conseiller est l'idée-Christ qui proclame la Vérité. La loi qu'elle administre est celle de la perfection spirituelle, savoir: que la matière n'a ni intelligence ni sensation, ni substance qu'elle puisse posséder ou perdre; que l'Entendement est tout, et que l'homme est l'enfant chéri de l'Amour divin. Sa décision irrévocable est celle de la santé et de l'intégralité spirituelles. Celui qui a faim de la justice y est nourri et satisfait.
Notre Leader a expliqué cette Cour Suprême de l'Esprit dans cette allégorie inoubliable qui commence à la page 430 de Science et Santé. Le développement de cette idée qui se fait à la conscience humaine peut être comparé à une montagne: bien que la base soit enveloppée de nuages, son pinacle saillant peut s'élever distinctement au-dessus du brouillard. Plongés dans des pensées de l'entendement mortel, nous pouvons ne discerner que faiblement la grandeur de cette vue spirituelle jusqu'à ce que quelque démonstration sur la maladie ou le péché en révèle clairement la présence dans les nuages qui se dissipent. Sa loi protège l'homme et l'univers. Renfermant tout et étant omnipotente, elle gouverne tout, de la tendre fleur aux soleils qui roulent au loin. Telle est la Cour Suprême de l'église de la Science Chrétienne.
Inutile d'entretenir la crainte de règles faites par une passion mutineuse ou une minorité astucieuse, ni la crainte que cette Cour soit entourée de protection et de trame pleine d'expédients de l'entendement mortel. Elle est invulnérable et à l'abri de toute attaque. Ses jugements sont sûrs, et ses lois ne peuvent être violées. Le plaideur le plus humble peut y présenter sa cause au tribunal de la justice; et, lors même que ce serait un problème entraînant le bien-être de notre Cause, “celui qui est du côté de Dieu fait la majorité.” Quand on y fera appel, elle révélera l'erreur et donnera son dernier jugement à ce propos. Son bras est puissant; son ordonnance arrive jusqu'aux bouts de l'univers. Et que dira-t-on des résultats? Le membre, pour ainsi dire le plus jeune de cette église, se rappelle en avoir vu opérer le grand pouvoir. Le travail de bien des années dirigé contre la Cause a été mis à nu par l'action de cette Cour spirituelle. On a écrit beaucoup de choses sur ce qui constitue la loi. La théorie et l'argument affinés ont offert cette idée ainsi que celle concernant la source de la loi. La question qui se soulève souvent: celle de savoir si la loi est dictée par les hommes ou si elle provient des coutumes des hommes, s'agite encore. Mais la réponse est venue de Mary Baker Eddy, cette maîtresse qui, s'affectionnant aux choses de l'Esprit, en a fait l'épreuve dans la lutte. Ses paroles, semblables aux paroles de Moïse, ont établi la loi en tant que spirituelle, non matérielle.
Avec un corps de lois comme celui que renferme notre Manuel, conçu spirituellement et se mettant lui-même en vigueur, pouvons-nous assumer de détrôner la Cour Suprême de l'Esprit, et remplacer la loi divine par les opinions humaines? Croyons-nous qu'il soit nécessaire de faire ce qui, a-t-on quelquefois déclaré, devrait se faire,— c'est-à-dire, interpréter le Manuel pour le mouvement? Un document comme notre Manuel demande assurément l'interprétation et l'application de ce qui s'y trouve prescrit pour les besoins humains; mais ceci doit se faire individuellement au moyen de la prière, par celui qui cherche la direction, qu'il soit officier ou membre de l'église. A la page 265 de Miscellaneous Writings, notre Leader a dit quelque chose qui s'applique à ceci: “Dans la Science, les opinions divergentes sont abrutissantes. Nous devons tous avoir un seul Principe et la même règle; et tous ceux qui suivent le Principe, y compris la règle, n'ont qu'une opinion le concernant.”
Là où un membre ou un fonctionnaire de l'église agit du point de vue de sa plus haute démonstration, il faut en laisser le résultat à Dieu. Si elle se rapproche plus de la vérité que celle d'un autre, elle prévaudra finalement. Nous devons avoir des égards pour les démonstrations les uns des autres. Notre soutien légitime aidera un autre à faire sa meilleure démonstration; et nous soutiendrons ainsi les mains de nos travailleurs dans la lutte avec l'erreur, comme l'ont fait autrefois ceux qui, pour remporter la victoire sur l'ennemi, ont soutenu les mains de Moïse. La position de celui qui n'a pas la responsabilité d'agir doit soutenir le mouvement en ayant sans cesse recours à la Cour de l'Esprit, et en y faisant tranquillement appel par “la prière. .. faite avec ferveur,” qui “a une grande puissance.” Les paroles suivantes de notre Leader ne pourront jamais être rayées de ses écrits, et devraient à jamais gouverner notre attitude (id., p. 130): “Le Conseil des Directeurs de l'Église de la Science Chrétienne a porté le fardeau pendant la chaleur du jour, et il ne faudrait pas penser qu'il aurait pu accomplir, sans faire une seule erreur, des tâches aussi herculéennes que celles qu'il a accomplies. Celui qui juge les autres devrait bien parler en connaissance de cause. Là où notre motif est de bien agir, et où la plupart de nos actes sont bons, nous devrions éviter de parler des erreurs passées. Le plus grand péché que l'on puisse commettre contre soi-même, c'est de faire du tort à l'un des ‘petits’ de Dieu.”
Nul autre que celui qui a servi à titre de Directeur de L'Église Mère ne peut savoir ce que c'est que d'être placé devant un monde critique et parfois hostile. En qualité de membres ou de fonctionnaires de l'église, nous avons notre place proportionnellement importante dans l'opération spirituelle de son gouvernement. Nous nous devons l'un à l'autre notre amour, notre gratitude et notre appui. C'est en raison de cette coopération que notre système de gouvernement qui travaille harmonieusement nous a déjà attiré des expressions d'étonnement et d'approbation de la part d'hommes renommés dans le monde entier. Ces félicitations viennent de ce que nous voyions maintenant, ce que le monde a encore à voir: que le juge final de tous les actes humains est la Cour Suprême de l'Esprit. Pour le Thomas incrédule, seul ce qu'il pouvait voir de ses yeux et ce qu'il pouvait toucher de ses mains était réel. Il en est de même de la pensée anxieuse qui demande plus de formes matérielles pour la protection de notre mouvement. Nous n'avons qu'à nous souvenir que la principale loi de notre foi est la démonstration du pouvoir spirituel sur l'opposition de la croyance matérielle, et que cette découverte est le grand don que la Science Chrétienne a fait au monde.
