Quiconque connait les meilleures publications de l'époque actuelle ne peut manquer de voir que, plus que jamais, les penseurs de ce monde aspirent à saisir les choses spirituelles. La Science Chrétienne explique cet ardent et profond désir du cœur humain par les déclarations qu'elle réitère souvent, savoir que l'homme réel n'est pas matériel, mais spirituel; et c'est ce qu'il doit être si nous devons accepter la déclaration des Écritures, selon laquelle l'homme est l'image et la ressemblance de Dieu. Il fut un temps, et il n'y a même pas si longtemps de cela, où les gens religieux croyaient qu'il était présomptueux de revendiquer la ressemblance à Dieu de cette façon, car bien des gens croyaient que Dieu était un être corporel, assis sur un trône; et raisonnant d'un point de vue erroné de causation, ils se disaient que puisque l'homme semble être corporel, de toute nécessité, Dieu l'est également. Cependant, doucement mais sûrement, la grande vérité concernant Dieu et l'homme a amené la conviction que la ressemblance de Dieu, l'homme, doit être spirituelle, qu'elle l'est, et que c'est ainsi qu'elle s'exprime par sa nature. Dieu n'a jamais cessé de donner des témoignages de ce qu'Il est; et bien des penseurs de ce siècle plaident en faveur de la spiritualisation de la pensée et de la vie. Un grand nombre d'entre eux font même ressortir qu'une religion qui est régie par la matérialité manque de logique, et ils trouvent par conséquent que la vie humaine semble présenter par la pensée, la parole et les actes, une image désespérante d'absorption dans la matérialité.
Les Scientistes Chrétiens font bien de s'arrêter souvent pour réfléchir au commandement divin qui vint à Abraham lorsqu'il avait quatre-vingtdix-neuf ans, et qui est ainsi conçu: “Je suis le Dieu tout-puissant. Marche devant ma face et sois intègre.” Lorsque nous lisons ceci, nous nous rappelons que ce même commandement est réitéré dans le Sermon sur la Montagne; cependant, il est étrange que bien des gens qui font l'aveu d'être chrétiens, mettent en doute, s'ils ne la nient pas, la possibilité d'obéir à cette injonction divine. Pareil état mental provient sans doute de ce que la pensée humaine soit plongée dans la croyance matérielle; et il n'est possible d'obéir à cette exigence de la loi divine d'aucune autre façon qu'en spiritualisant la pensée. Aux pages 355 et 356 du livre de texte de la Science Chrétienne: Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy dit: “Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que nous réclamions des théories matérielles à l'appui de vérités spirituelles et éternelles, alors que les deux sont tellement antagonistes que la pensée matérielle doit se spiritualiser avant qu'il soit possible d'atteindre au fait spirituel. La soi-disant existence matérielle n'offre aucune évidence de l'existence spirituelle et de l'immortalité.”
Lorsque nous étudions la Bible à la lumière de la Science Chrétienne, nous trouvons que toutes les fois que l'humanité a cherché à échapper à l'esclavage matériel, quelle qu'en ait été la nature, elle y est arrivée par des rayons de lumière spirituelle, qui ont renouvelé toutes choses, révélant dans une mesure de plus en plus grande les possibilités spirituelles infinies de l'homme en tant qu'enfant de Dieu. A notre époque le grand danger semble être de croire que, à mesure que les concepts plus matériels de Dieu passent, les hommes pourront renoncer à toute pensée de Dieu et glorifier, au lieu de Lui, les concepts humains de l'homme, et supposer qu'ils peuvent s'épargner tout mal sans reconnaître la présence et le pouvoir divins. C'est vrai ce que l'Écriture dit: “Travaillez à votre salut;” mais ce commandement repose sur cette assurance: “Car c'est Dieu qui opère en vous et la volonté et l'exécution, en vertu de son bon plaisir.”
De ce point de vue il n'y a aucun élément d'incertitude dans aucune entreprise juste, si nous saisissons et tenons ferme la signification de l'injonction divine de Moïse qui se lit: “Aie soin, ... de tout exécuter suivant le modèle qui t'a été montré sur la montagne.” Nul ne nierait que ce modèle était spirituel. Nous lisons ce qu'il est dit des hommes et des femmes de cette époque antérieure: qu'ils avaient le “cœur sage,” et qu'ils préparaient de leurs mains les choses pour le tabernacle, tandis qu'ils voyageaient à travers le désert. Nous lisons aussi dans le trente et unième chapitre de l'Exode ce qu'il est dit d'un homme qui entendit l'appel divin et y obéit, un homme de la tribu de Juda, dont il est dit qu'il était rempli “de l'esprit de Dieu pour le rendre intelligent, industrieux, habile en toutes sortes d'ouvrages.” Moïse chercha à élever la pensée de son peuple au-dessus du sens matériel de Dieu et de l'homme, et put de la sorte leur donner ce merveilleux Premier Commandement: “Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face.” Ceci a persisté à travers tous les siècles de l'expérience humaine, et persistera jusqu'à ce que le bonheur de connaître le seul Dieu, le seul Entendement, se réalise pleinement.
Quelqu'un demandera peut-être s'il fallait de la compréhension et de la sagesse spirituelles aux femmes, pour filer et teindre le fil destiné à faire les rideaux du tabernacle, ainsi qu'aux artisans, pour préparer l'arche de bois tout couvert d'or pur et toutes les choses qui symbolisaient pour le peuple de ces temps anciens les réalités spirituelles qu'ils étaient si lents à comprendre, ainsi que le sont aujourd'hui beaucoup de gens. Il est claire que ces hommes et ces femmes étaient si inspirés par l'idéal spirituel de la perfection qu'ils continuaient à travailler, sachant que rien de moins que ceci ne saurait servir, comme il convient, le Dieu qui les conduisait à travers le désert, la présence invisible, l'Entendement divin, dont les commandements élevaient leurs pensées au-dessus des choses qu'ils pouvaient voir et toucher, vers les réalités invisibles, qui se reflétaient le mieux en tant que nature divine. Un certain poète du siècle dernier dit de Moïse:
“Jamais philosophe terrestre
Ne traça de sa plume d'or,
Sur la page immortelle, des vérités de moitié aussi sages
Que celles qu'il écrivit pour les hommes.”
Beaucoup de gens pourraient faire le raisonnement suivant: qu'il était facile d'entrevoir la réalité spirituelle lorsqu'on préparait les choses du tabernacle et, plus tard, celles du temple, et de savoir qu'il fallait, en préparant ces choses, sanctifier la pensée, la parole et l'acte; mais combien en est-il qui se rendent compte que l'injonction divine s'adresse à chacun de nous, et ne demande jamais ce qui est au-dessus de la perfection, quelles que soient les tâches de chaque jour.
L'idéaliste a trop longtemps été considéré comme un rêveur; cependant, grâce aux simples mais sublimes enseignements de la Science Chrétienne, le monde apprend assurément que la réalisation de tout bien est possible. La promesse de la santé, que fait cette Science comme conséquence de la compréhension de la loi spirituelle, rappelle le voyageur et lui fait quitter le chemin battu des théories et des croyances matérielles, ce qui lui permet d'arriver à une grande mesure de liberté mentale. L'effort de comprendre et de mettre à profit les choses réelles de la vie apporte de nouvelles espérances et de nouvelles joies, une nouvelle force et un nouveau courage, qui aident à accomplir les tâches de chaque jour. Il en est trop qui croient que la joie est une chose indépendante du travail, alors que la joie est inséparable du travail. Pour beaucoup de gens, le travail semble si intimement attaché aux choses matérielles que, étant donné le long asservissement à la fausse croyance, la joie est considérée comme étant une récompense qui vient lorsque la tâche est terminée, si toutefois elle vient. Si c'était ainsi, mais cela ne l'est pas, on ne mettrait aucun empressement à reconnaître et à mettre à profit le bienfait lorsqu'il vient. Pouvons-nous imaginer un grand artiste qui travaille péniblement chaque jour pour faire du bloc de marbre son idéal de force, de beauté, de liberté, sans savoir qu'il partage sans cesse la joie qui renouvelle l'énergie à chaque pas?
Celui qui s'applique à manifester, par ses meilleurs efforts, l'idéal spirituel de l'état d'homme, quelque difficile ou même ordinaire que puisse paraître sa tâche du côté humain, trouve la joie tout le long du chemin, parce qu'elle est inséparable de l'idéal spirituel lui-même. Il en est qui se plaignent de ce que l'injonction, appelant la moralité, soit froide et austère; mais ceux qui le disent ou le pensent font erreur. Tout effort spirituel amène la joie; car les lois divines de l'Étre, qui révèlent un créateur tout-sage et tout-aimant,— l'Entendement parfait qui gouverne l'univers et l'homme,— inspirent l'espoir et la joie. Cela fait pitié de penser que l'on gaspille des années à penser qu'on arrive à quelque chose de bon en poursuivant les illusions de la croyance matérielle. Cela fait pitié, aussi, de se dire qu'il en est tant qui, malheureusement, acceptent la pensée de Wordsworth qui dit dans son grand poème, que
... rien ne saurait ramener l'heure
De la splendeur dans l'herbe, de la gloire dans la fleur,
alors qu'à ce moment même le poète plaidait de son mieux en faveur des ardentes aspirations à la spiritualité qui surpasse de beaucoup tous les plaisirs humains.
Réjouissons-nous de ce que l'humanité commence à voir le grand besoin qu'a le monde d'atteindre à la spiritualité; et nous avons cette ferme assurance dans les écrits de Mrs. Eddy (Science et Santé, p. 494): “L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain, et y répondra toujours.” Depuis trop longtemps le monde a cru que l'homme pouvait espérer atteindre à l'être spirituel, mais qu'il ne pourrait le réaliser qu'après la mort. La Science Chrétienne enseigne à bien des milliers de gens que l'homme de Dieu est spirituel, dès ici-bas et dès maintenant. Non seulement cette grande vérité permit à Christ Jésus de guérir les malades, de purifier les pécheurs, et même de ressusciter les morts; mais tout ce qu'il fit et tout ce qu'il enseigna n'indiquait rien de moins que la spiritualité pure. Saint Paul dit: “Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité.”
Nous devrions souvent nous arrêter pour réfléchir aux paroles que le Maître dit à la Samaritaine au puits de Jacob: “L'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité: ce sont là les adorateurs que le Père demande.” Un penseur du siècle dernier dit que nous devrions nous rapprocher de Dieu “dans le sacrement de notre industrie journalière.” Ceci indiquerait une profonde spiritualité, une pureté spirituelle, avec le renouvellement de forces pour l'accomplissement de chaque tâche, et de la joie dans tout effort sincère.
Avis.— Voir l'annonce d'une conférence sur la Science Chrétienne à l'intérieur de la couverture.
