Il est évident que celui qui progresse dans l'étude de la Science Chrétienne ne saurait en même temps se laisser submerger de jour en jour par une constante routine de devoirs ou de plaisirs matériels. Mary Baker Eddy a clairement affirmé cela à la page 233 du livre de texte de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Écritures: "Chaque jour exige de nous de plus hautes preuves, plutôt que des professions de pouvoir Chrétien;" et dans le même paragraphe elle dit: "Le progrès est la loi de Dieu, laquelle loi n'exige de nous que ce que nous pouvons certainement accomplir." Afin de se conformer aux exigences de Dieu, l'un pourra trouver que son concept du plaisir devra changer, tandis qu'un autre pourra être forcé de voir que les devoirs humains nécessaires ont leur place, et en même temps leur valeur dans nos pensées et nos vies. En d'autres termes, l'un peut avoir été un négligent esclave des plaisirs matériels, tandis que l'autre peut se réveiller et trouver qu'il s'est cru dans l'esclavage du travail matériel, et chacune de ces conditions est un empêchement au progrès, à l'avancement spirituel joyeux.
Puisque le terme "jour" est en partie défini par Mrs. Eddy en tant que mesure du temps "d'après le bien qui se déroule" (Science et Santé, p. 584), alors chaque moment employé à méditer sur le bien, à le désirer et à le faire, contribue à nos jours et à nos étapes de progrès. Et alors même que nous ne passerions pas nos jours à nous livrer simplement aux plaisirs matériels, notre bonheur dépassera peut-être de beaucoup celui de ces jours où le seul but de notre vie semblait être de chercher de nouveaux passetemps et de nouvelles possessions. Car nous apprenons comme David qu'en la présence de Dieu (la présence du bien) "L'âme est rassasiée de joie. ... Il y a des délices à ta droite pour toujours!"
Il n'y a rien de plus vrai dans la Science Chrétienne que le fait qu'elle demande à tous ceux qui prétendent à ce nom la consécration à la vie et au mode de penser purement bons. Néanmoins, ceci ne veut pas dire que l'on soit frustré de quelque chose qui est véritablement digne d'être aimé; mais cette Science demande vraiment que l'on change graduellement ses désirs matériels contre les spirituels et qu'on place avant tout dans son penser et son désir les choses de Dieu. Et ceci ne peut s'accomplir qu'en faisant les pas normaux de l'avancement joyeux. Nous devons constamment sortir de l'esclavage de toute prétendue attraction matérielle pour entrer dans la compréhension et la liberté de ce que sont réellement les plaisirs de Dieu et le travail de Dieu.
Aucun pas vers l'avancement spirituel ne demande non plus qu'on ait des airs de sainteté avec de longues figures, "un air triste," avec lequel Jésus dit en parlant des hypocrites qu' "ils donnent à leur visage un air tout défait." Car, étant donné que l'illumination spirituelle se fait au dedans, et qu'elle aboutit naturellement aux étapes humaines progressives, elle devrait avoir l'éclat d'une expression de joie radieuse, et tout Scientiste devrait être un témoin silencieux du progrès joyeux que sa religion offre à chacun. S'il aime et apprécie réellement la Science Chrétienne et toutes ses bénédictions merveilleuses pour lui-même et pour d'autres, il ne saurait rester stationnaire, parce que le manque de progrès, la stagnation, l'apathie, le fait de se laisser facilement entraîner par le courant des habitudes de penser et d'agir selon l'entendement charnel sont absolument incompatibles avec la nature même de la Science Chrétienne. Quand on voit que l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu doit vraiment représenter son Père-Mère, Dieu, on doit également voir qu'il faut prouver ceci par une joyeuse activité progressive. Si nos jours sont mesurés "d'après le bien qui se déroule," chaque semaine ne demande-t-elle pas que nous rendions compte de sept jours de déroulement du bien? Et ce terme "déroulement" ne dénote-t-il pas précisément l'activité progressive, de façon à ce qu'il ne soit pas permis qu'un jour se passe sans que quelques paroles, quelques actions bonnes et curatives s'expriment?
S'il se trouve quelqu'un qui a lutté et s'est efforcé pendant longtemps à acquérir une compréhension et un déroulement plus grand de cette vérité bénie, uniquement dans le but d'être libéré de quelque affliction, maladie ou souffrance, ne pourra-t-il pas se demander: Est-ce que je désire prolonger mes jours pour voir le bien? ou simplement pour avoir mes aises dans la chair et pour jouir de l'abondance matérielle? Suis-je disposé à reconnaître ce qui, dans mon propre mode de penser, est dissemblable au bien, à le reprendre et à y renoncer? Y a-t-il un souvenir d'entêtement impitoyable ou un faux orgueil anormal à enrayer? Est-ce que j'aime à servir autrui ou est-ce que je préfère que l'on me serve? Suis-je affectueusement tolérant et ai-je de la considération pour mon prochain et pour ses vues religieuses, quelles qu'elles soient, ou est-ce que je désire et cherche cette considération et cette tolérance uniquement pour moi-même et pour ma propre religion? Chacune de ces pierres d'achoppement, ou toutes autres qui semblent empêcher l'avancement joyeux, pourront être enlevées par une bonne volonté suffisamment honnête pour les affronter carrément et les chasser. On ne pourra jamais corriger l'erreur en n'en tenant aucun compte, en l'évitant ou en lui fermant les yeux, quelque insignifiante qu'elle puisse être.
Il n'y a pas de plus grands empêchements à l'avancement joyeux que la propre volonté, l'importance de soi-même, l'amour de la louange, la satisfaction de soi-même. Mais aucun renard qui ravage les vignes et qui semble empêcher l'avancement ne saurait rester caché au Scientiste Chrétien qui tourne continuellement ses pensées et ses desseins avec désintéressement vers le but,—la perfection spirituelle absolue. Il n'y a réellement aucune autre perfection, bien que de grands et de petits problèmes cherchent à le rendre rien moins que joyeux. Il ne peut rester indéfiniment la victime consciente ou inconsciente de quelque fausse tendance héritée ou de quelque singularité de tempérament, ou de quelque erreur de caractère de longue date, s'il cherche sincèrement à marcher dans la lumière de l'affirmation que fait Mrs. Eddy à la page 324 de Science et Santé: "Le bonheur de dépasser les fausses limites et la joie de les voir disparaître,—voilà la disposition d'esprit qui aide à hâter l'harmonie ultime. La purification des sens et du moi est une preuve de progrès. 'Heureux ceux qui ont le cœur pur; car ils verront Dieu.' " L'effort constant de purifier le sens matériel et le moi est vraiment le seul moyen par lequel on puisse éprouver l'avancement joyeux.