Quelques excursionnistes avaient projeté l'ascension de l'un des plus hauts sommets neigeux de nos montagnes. Le but que l'on voulait atteindre était une auberge, située bien haut sur le flanc de ce pic,— merveille de la nature. Un des guides, ayant coutume de conduire des excursionnistes à de telles hauteurs, dit que pour bien grimper, il faut tâcher de faire chaque pas paisiblement. Ces mots qui devaient servir de guide s'enracinèrent profondément dans la conscience de l'auteur, et, pendant le long trajet que l'on fit en automobile avant d'atteindre l'endroit où il fallut monter à pied, elle y réfléchit sérieusement, car il semblait se rattacher à ces paroles une signification spirituelle. Et quelle grande valeur elles eurent pour elle!
L'ascension commença par un sentir rapide couvert de neige. L'auteur de ces lignes, qui désirait vivement faire l'épreuve du bon conseil que renfermait cette phrase, fit son premier pas avec assurance et avec joie, ne s'aventurant pas à faire le second avant de se sentir le pied ferme et à l'aise; ensuite elle fit le suivant tranquillement, joyeusement; puis un autre avec la même assurance et sans penser à se précipiter. Cela parut bientôt facile et naturel de monter de cette façon; et, tandis que les autres personnes s'arrêtaient pour reprendre haleine, qu'elles regardaient en soupirant la montée rapide ou se reposaient le long du chemin, elle pouvait continuer sa route, et même contempler avec joie, en avançant, le paysage qui l'entourait et celui qui se déroulait au loin, sans jamais craindre de glisser en arrière ou de perdre pied, car elle faisait chaque pas avec précaution.
La certitude lui vint que si elle faisait chaque pas avec joie, elle apercevrait, en montant, le sommet au bon moment. Et comme si cette confiance lui apportait une récompense, juste au moment où elle appréciat le plus le paysage, elle vit dans toute sa splendeur, en arrivant au tournant du sentir, la cime que l'on désirait tant voir! Puis, un nouveau tournant fit perdre de vue ce sommet pendant quelque temps, et il fallut grimper avec une plus grande assurance encore. Ceci se fit avec obéissance; et il était facile de causer, de rire et de pousser des cris d'admiration à la vue des merveilles environnantes; car, grâce aux conseils reposants qui avaient été suivis, aucune fatigue ne se faisait sentir.
On atteignit enfin la destination et se trouvait devant le pic. La grimpeuse était arrivée sans fatigue et se tenait droit; elle était pleine de vigueur, et se retournant joyeusement, elle vit devant elle le sentier qu'elle venait de parcourir et le beau paysage qui se déroulait au loin; elle se réjouit de la leçon qu'elle avait apprise. Elle goûta les sports de la journée avec une nouvelle énergie, tandis que les autres se hâtèrent d'aller se reposer, attendu qu'ils n'avaient pas fait chaque pas tranquillement durant la montée.
Il en est de même de notre ascention vers l'Esprit. Il est inutile de nous précipiter; nous devrions, au contraire, faire chacun de nos pas en paix. Il ne s'agit pas ici de l'inaction indolente de celui qui ne marche vers aucun but, mais d'un repos dans l'activité, en lequel chaque pas nous prépare à faire le suivant. Si nous avons agi ainsi, toute chose nous réjouira le long du chemin et nous pourrons donner une parole rassurante à nos compagnons qui montent avec nous. A la page 74 de Science et Santé avec la Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy dit: “Dans la Science Chrétienne il n'y a pas de rétrogression,” d'abondon au repos, mais une confiance qui fait avancer. Puis, lorsqu'une belle espérance se présente à nous, nous la voyons, nous en jouissons et nous allons de l'avant; et bien que nous la perdions de vue momentanément, le souvenir même de l'avoir aperçue, ne serait-ce qu'une fois, ravive l'espoir de la revoir.
Nous pouvons même avec joie contempler les étapes déjà faites et les paysages déjà dépassés, car chaque pas constitue une victoire remportée. Nous poursuivons notre chemin et, finalement, nous nous tenons droit, jouissant des fruits de notre montée et ayant appris cette chose merveilleuse de nous sentir le pied ferme,— de permettre que nos pas soient “affermis par l'Éternel.”
