En est-il un parmi nous qui n'ait pas éprouvé un sentiment de peine et d'indignation en lisant l'histoire de saint Jean au sujet de Pilate, qui sortit du prétoire où il avait questionné Jésus et avait dit à la foule assemblée au dehors: “Je ne trouve aucun crime en lui. Mais vous avez une coutume, c'est que je vous relâche quelqu'un à la fête de Pâque; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs?”. En est-il un qui ne l'ait pas éprouvé en lisant leur réponse: “Non! ... Pas lui, mais Barabbas”?
Où étaient les boiteux, les estropiés et les aveugles auxquels le Maître avait apporté pareil affranchissement? Où était la foule qui l'avait suivi dans un endroit désert, et que, ému de compassion, il avait nourrie avec cinq pains et deux poissons? Où étaient les pères et les mères des petits enfants qu'il avait si tendrement pris dans ses bras et qu'il avait bénis? N'y avait-il personne au milieu de cette immense foule de gens qui voulût relâcher le doux Nazaréen, lui qui avait traversé avec une telle bienveillance leurs champs de blé et leurs villages, les conjurant de ne pas craindre, car leur Père prenait soin d'eux, comme Il prend soin des lis?
Nous pensons, peut-être, que la réponse eût été bien différente, si Pilate nous eût posé la question. Est-ce bien vrai? Nous ne sommes pas en présence de la foule des Juifs ni des citoyens romains en toges écarlates; mais l'entendement mortel est apparemment toujours ici, nous disant tout bas que nous devons soutenir ses hypothétiques prétentions à la vie et à l'intelligence, en croyant qu'il est réel, puissant, et qu'il nous procure du plaisir. Chaque jour, à chaque heure, nous avons encore le choix — sera-ce Christ? sera-ce Barabbas?
Choisissons-nous toujours l'homme réel en sachant la vérité nous concernant ainsi que nos semblables? De même que, à la fête de Pâque, les Juifs eurent le choix entre celui qu'ils voulaient libérer et celui qu'ils voulaient faire crucifier, de même, à mesure que nous passons d'un sens matériel d'existence à la réalisation de la Vie en tant qu'Esprit, chacun de nous a la même décision importante à prendre. Rappelons-nous que chaque fois que nous entretenons ce qui n'est ni une pensée d'amour ni une pensée de vérité, nous rejetons le Christ et choisissons Barabbas. “Or, Barabbas était un brigand,” nous dit-on. A la page 241 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy écrit: “Le mensonge, l'envie, l'hypocrisie, la malice, la haine, la vengeance, et ainsi de suite, dérobent les trésors de la Vérité.” Et tout Scientiste Chrétien ne sait que trop bien que ces pensées qu'il entretient, ne serait-ce qu'un instant, le dépouillent de ses trésors, de la joie et du contentement qui lui appartiennent en tant que réflexion lorsqu'il écoute la voix de notre Père-Mère Dieu, et puis qu'il s'empresse d'y obéir.
Or, puisque nous savons cela, pourquoi nous laissons-nous dépouiller? N'est-ce pas parce que la croyance mortelle nous tient encore l'argument que nous trouvons du plaisir et de la satisfaction en dehors de la conscience divine? Cependant, attendu que Dieu est Tout, il ne peut y avoir aucune joie en dehors de Dieu, le bien, aucun bonheur sinon celui qui nous vient en reflétant l'Entendement divin. N'avons-nous pas déjà prouvé cela cent fois pour une? Combien les louanges du monde nous paraissent creuses et peu satisfaisantes, si, au fond de notre cœur, nous sentons que nous n'avons pas été fidèles à la vérité que nous connaissons; et combien, au contraire, le dédain du monde nous est indifférent, si nous pouvons vraiment nous dire que nous avons été fidèles!
Notre Leader savait bien ce qui peut seul apporter le bonheur! Voici ce qu'elle écrit à la page 17 de son Message à L'Église Mère pour 1902: “La valeur consciente satisfait le cœur affamé, et rien autre ne saurait le faire.” Veillons alors, à ce que nous ne soyons plus dépouillés; mais choisissons plutôt d'exprimer l'homme fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Oh! ayons soin de choisir pour notre semblable, lorsque nous pensons à lui, le même heureux héritage. Le prétendu entendement mortel cherchera peut-être à nous persuader qu'il est presque impossible de toujours être fidèle et obéissant. Mais si nous nous rendons compte que nous ne pouvons rien par nous-mêmes, et que, comme des petits enfants, nous allions vers notre Père-Mère Dieu, sachant que toutes pensées véritables viennent de Lui, et qu'à tout moment Il subvient à tous les besoins de Ses enfants, le mode de penser humain stérile fleurira comme la rose. “Voici, le Christ est toujours avec toi; ne crains rien.” C'est ici, c'est dès maintenant, que la vérité concernant l'homme est présente pour faire disparaître tout ce qui semble être l'opposé.
Alors, ne pouvons-nous pas aller fermement de l'avant, sachant qu'en ce faisant nous gagnons la seule joie qui soit digne qu'on la possède? Nulle place importante à l'église ou dans l'endroit que nous habitons, nulle popularité éphémère ou louange des hommes, ne nous amènera jamais une satisfaction durable, mais simplement le sentiment intime que nous en apprenons chaque jour plus long concernant Dieu, davantage au sujet de la Vie, de la Vérité et de l'Amour, et que nous obéissons à la vision céleste. Quelqu'un douterait-il de ceci? Alors qu'il tâche durant un seul jour de ne refléter que les pensées qui lui viennent de l'Entendement divin, et, arrivé à la fin de la journée, il entendra sûrement ces paroles: “Cela va bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de choses, je t'établirai sur beaucoup; viens prendre part à la joie de ton seigneur.”
A la page 343 de Miscellaneous Writings nous lisons ces mots: “Parmi les nombreux et doux carillons qui retentissent dans les chambres hantées de la mémoire, voici le plus tendre: ‘Tu as été fidèle!’”
    