Dans un certain petit article, un auteur moderne, cherchant à faire sentir à des écrivains inexpérimentés la valeur de la simplicité, décrit la visite qu'il fit à un orfèvre un jour qu'il était à la recherche d'une louche. Sa bourse n'étant pas bien garnie, il lui fallut faire son choix avec beaucoup de discernement. On lui montra un grand nombre de louches très ornées de dessins, mais aucune ne lui plaisait. Finalement, l'orfèvre lui en apporta une sans aucun ornement, toute simple et lourde, mais qui, aux yeux du soi-disant acheteur, était tout à fait belle. Satisfait, il tira sa bourse pour l'acheter, mais il trouva à sa grande surprise que cette louche coûtait deux fois autant que toutes celles qui étaient si décorées et qu'on lui avait montrées précédemment. En exprimant le regret qu'il en éprouvait, il demanda pourquoi cette différence de prix. En répondant avec sympathie, le marchand expliqua que la marchandise décorée cache souvent des défauts, ou que les erreurs de ciselure sont dissimulées par les riches ornements, tandis que dans la marchandise unie tout défaut est inévitablement visible. Par conséquent, on risque moins de trouver des défauts dans le dernier, et le public en apprécie d'autant plus la valeur.
Une Scientiste Chrétienne assez inexpérimentée commentait un jour sur la beauté d'un témoignage qui avait été donné à une réunion du mercredi soir. Ses yeux brillaient et elle s'étendit longuement sur le langage parfait dans lequel cette expérience avait été relatée, du grand sang-froid de la personne qui parlait, du charme de sa voix mélodieuse, jusqu'à ce qu'enfin elle fît entendre cette plainte: “Oh! si je pouvais parler ainsi, je me lèverais tous les mercredis soirs!” Une Scientiste plus avancée, qui avait écouté avec intérêt, dit finalement avec douceur: “Mais quelle était la démonstration?” La commençante la regarda en face pendant un instant, et dit avec hésitation: “Mais, je ne crois pas que je me rappelle ce que c'était.”
L'auteur de ces lignes vit nettement la merveilleuse influence de la simplicité un jour qu'elle se trouvait dans une petite église de la Science Chrétienne en Orient. Un membre de l'assemblée, une commençante qui tâtonnait, se trouva subitement dans la nécessité de secourir un cher petit enfant de la maison. C'était réellement la première occasion qui se fût présentée à elle; elle se mit noblement au niveau de la situation, et le bébé fut guéri. Cette démonstration lui parut presque incroyable et lui sembla si merveilleuse que la gratitude et l'admiration la firent monter au sommet; et, dans cet état d'esprit, elle s'écria en parlant au Premier Lecteur: “Oh! puissé-je trouver les paroles pour le dire!” “Dites-le,” lui conseilla le sage Lecteur, “tel que vous me l'avez dit à moi. Si vous vous oubliez, vous nous apporterez une bénédiction.” Encore toute pleine d'extase au sujet de ce qui s'était passé, cette femme se leva à la réunion suivante et raconta la démonstration telle qu'elle l'avait relatée au Lecteur. Son langage était si simple qu'il en était clair; point de paroles oratoires qui en obscurcissent la sincérité; et sa pensée était si élevée, elle était si sûre que son Père avait effectué la guérison, que la présence même de Dieu se faisait sentir dans l'assemblée, et la réunion fut pénétrée d'une élévation spirituelle extraordinaire et inspiratrice.
N'oublions-nous pas quelquefois que nos assemblées du mercredi soir ont le cœur affamé, qu'elles n'ont pas soif de paroles? Celui qui est souffrant, pécheur et triste n'y cherche pas un beau discours revêtu d'un langage éclatant: il veut savoir que la Science Chrétienne guérit; et il demande cette vérité sous forme de preuves pratiques, non vernies, de démonstrations journelles,—de vos preuves et des miennes. Si elle vous a aidé, alors, peut-être —ô merveille des merveilles!—lui aidera-t-elle aussi. Si vous vous en trouvez mieux, lui aussi pourra mieux s'en trouver; mais ce n'est que lorsque cela lui sera dit simplement et clairement, de façon à ce qu'il puisse le comprendre et le croire, qu'il en bénéficiera et sera satisfait.
Une bonne démonstration dite en accents mélodieux et dans un bon langage est chose charmante, qu'il faut encourager et aimer. Il peut sembler qu'actuellement chacun n'ait pas atteint cette perfection, mais ce fait ne devrait causer aucun découragement. Il en est peu qui soient formés à l'art de parler en public; mais nous l'oublions trop souvent, et en voulant atteindre des hauteurs verbeuses que chacun ne comprend pas, nous risquons d'obscurcir notre pensée précieuse. Le témoignage qui est inspiré par la sincérité, la gratitude et un désir désintéressé de partager les bienfaits reçus, ne peut manquer de remplir sa mission, quand bien même il semblerait à celui qui donne ce témoignage qu'il soit prononcé dans un langage peu digne des sentiments qui l'ont inspiré; et il trouvera un écho bienfaisant dans l'assemblée attentive auprès de quelque cœur réconforté. La conviction absolue de celui qui parle revêt même les phrases les plus simples de charme et de pouvoir, et c'est à cela qu'il faut aspirer.
Mrs. Eddy a bien compris la valeur de la simplicité. Elle s'était rendue maîtresse de l'art de peindre les mots et elle savait construire des phrases exquises; cependant elle nous donne la vérité qu'elle découvrit dans un langage si simple qu'un enfant peut le comprendre. Prenons, par exemple, la première phrase de la Préface de “Science et Santé avec la Clef des Écritures”: “Pour ceux qui s'appuient sur l'infini et qui en font leur soutien, aujourd'hui est gros de bienfaits.” Combien cette phrase est courte,—n'est-ce pas? Elle est composée de paroles vigoureuses et courantes, que nous connaissons et comprenons tous, cependant elle est si pleine d'inspiration qu'elle a d'abord attiré l'attention de milliers de personnes, les a réconfortés ensuite, puis guéris. Voudrions-nous charger cette phrase de fleurs de rhétorique en y ajoutant des adjectifs et des explications agréables? En serait-elle meilleure? La signification en serait-elle plus féconde? Sa brièveté et sa simplicité l'ont déjà rendue parfaite.
Chaque mercredi soir, dans le monde entier, une foule de gens avides remplissent nos églises; ils attendent, ils écoutent,—quoi? Non des diatribes oratoires, ni des comptes merveilleux, non des sermons pharisaïques ni des discours décousus; ils sont là simplement pour qu'on leur dise avec affection et conviction que la Science Chrétienne guérit en vérité, puisque vous et moi nous l'avons prouvé. Pouvons-nous laisser passer ce privilège tandis que nous restons muets, que nous limitons nos capacités, que nous acceptons sans donner? Mrs. Eddy dit dans “Miscellaneous Writings” (p. 118): “La lutte avec soi-même est grande.” Cette lutte est également glorieuse, qu'elle se fasse au chevet du malade ou sur le banc de l'église. Plus d'un Scientiste Chrétien luttera courageusement pour vaincre un mal aigu physique, cependant il accueillera une crainte qui lui sera suggérée à la réunion du milieu de la semaine, et il manquera l'occasion de recevoir un bienfait.
La langue humaine ne saurait exprimer la merveilleuse influence pour le bien qu'ont nos réunions du mercredi soir et que Mrs. Eddy a établies pour nourrir ceux qui sont affamés. Cette influence curative se développe et devient un grand pouvoir, qui envahit toute voie de la pensée pour purifier et bénir. Attendu que nous aussi nous avons eu faim, que nous savons que le commandement divin est celui-ci: “Célébrez l'Éternel; ... Parlez de toutes ses merveilles!” nions tous ces arguments qui, volontiers, nous enchaîneraient, nous imposeraient silence; et en demandant tranquillement à Dieu de nous accorder Son soutien, levons-nous avec confiance et donnons de ce que nous avons de meilleur pour aider à notre frère dans l'attente.
