C'était un beau matin d'avril, et le premier moineau chanteur travaillait activement à son gai madrigal printanier. Soudain, on entendit un autre ton mélodieux, non plus des arbres le long du chemin du parc, mais d'une allée voisine. Cette fois la note était évidemment le sifflet sans-souci d'un des fils des hommes. Instinctivement l'auteur de ces lignes chercha la source de cette dernière mélodie, mais avant qu'il l'eût découverte, le sifflet s'était transformé en un joyeux chant; et un moment après, de l'allée s'en venait un tombereau de cendres, et le chanteur était perché dessus, tout couvert de poussière de cendres! Chantant sur un tombereau de cendres! Il paraît tout naturel que les choristes emplumés, nouvellement arrivés, se balançant sur quelque branche qu'ils font pencher, ou se chauffant au soleil brillant, expriment leur gaieté; mais — chanter sur un tombereau de cendres!
Comme l'auteur réfléchissait à ce tableau, il parvint rapidement à deux déductions distinctes: premièrement, que ce charrieur de cendres devait satisfaire la compagnie pour laquelle il travaillait, ainsi que les clients de cette compagnie; et deuxièmement, que selon toute probabilité, il ne conduirait pas ce tombereau bien longtemps. Un employé qui accomplit gaiement une tâche désagréable est une possession pour tout patron, et une joie positive pour les clients de ce dernier. Et celui qui peut ainsi “aller son train,” avec un chant dans son cœur ou sur ses lèvres, alors que tout manque évidemment d'attraits autour de lui, est assurément et inévitablement destiné à être promu à un travail plus élevé.
Le Livre de Cantiques de la Science Chrétienne, ce recueil d'hymnes spirituels qui apportent la consolation et l'allégresse et la guérison aux multitudes d'étudiants de la Science Chrétienne dans le monde entier, met mainte personne en état de chanter lorsqu'il ou elle semble obligé de conduire pour un temps le tombereau de cendres de quelque expérience pénible. En voici un exemple remarquable: Un couple de gens mariés — des Scientistes Chrétiens — vinrent habiter un quartier où demeuraient plusieurs familles qui s'opposaient ouvertement à ce qu'elles s'imaginaient qu'était la Science Chrétienne. Les voisins, par conséquent, accueillirent les nouveaux arrivés avec un profond sentiment d'hostilité et de ridicule. Or, il arriva que les Scientistes se virent en présence d'une situation difficile relative à leurs affaires; et pour un temps, la perspective n'était rien moins que brillante, en effet. La femme congédia sa servante, et de grand cœur, elle se livra aux soins du ménage. Pour elle, laver la vaisselle était l'objet de sa plus grande aversion; aussi, après chaque repas, pour la surmonter, elle plaçait son Livre de Cantiques ouvert au-dessus de la bassine à vaisselle, et tout en travaillant elle chantait des cantiques, l'un après l'autre. Après qu'elle eut fait cela pendant quelques jours, deux personnes, qui habitaient à côté, lui rendirent visite et la prièrent de leur causer un peu de la Science Chrétienne. Elles étaient au courant des difficultés financières des Scientistes, et elles sentaient toutes deux qu'elles désiraient en savoir davantage au sujet d'une religion qui mettait une femme à même de chanter, alors qu'elle et son mari passaient par des moments si difficiles. De nouveau, c'était le chant sur le tombereau de cendres! Et à cause du chant et de la fidélité et de la compréhension qui accompagnaient le chant, les difficultés financières furent bientôt résolues; et peu après, la femme se trouva elle-même lancée dans la pratique générale de la Science Chrétienne. Ce que dit un des versets préférés du Livre de Cantiques est bien vrai:
“S'ils sont accomplis sous Tes lois,
Même les travaux serviles brillent;
Le labeur est béni, si telle en est la cause,
La tâche la plus abjecte est divine.”
Votre tombereau de cendres, est-ce quelque problème domestique, fâcheux et pour lequel vous avez de l'aversion? Est-ce l'obligation où vous êtes de fraterniser quotidiennement avec des confrères de votre profession qui sont peu aimables? Est-ce la routine matérielle, fatigante et continuelle du travail, qui ne promet pas un avenir semé de roses? Est-ce la rencontre journalière que vous faites en accomplissant votre travail en tant que praticien ou garde-malade, d'arguments physiques ennuyeux et contrariants, ou le fait que vous entrez perpétuellement en contact avec ces mentalités mortelles déprimantes qui semblent s'attacher au moi et ne céder que lentement à la vérité spirituelle? Oui, la Science Chrétienne enseigne aux mortels à chanter même dans des circonstances apparemment aussi difficiles que celles-là; car, pour le Scientiste, les épreuves ne doivent plus être considérées comme calamiteuses. Dans “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” à la page 267, Mrs. Eddy interprète admirablement le verset bien connu de St. Jacques comme suit: “‘Heureux est l'homme qui endure [surmonte] la tentation: car quand il aura été éprouvé, [prouvé fidèle], il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment.”
De sorte qu'après tout, notre tombereau de cendres peut encore devenir une opportunité bénie pour être prouvé fidèle; et à mesure que notre pensée s'élève, grâce à de telles expériences purificatrices, pour prendre possession de notre “couronne,” notre domination sur le mal, une merveilleuse transformation se produit. Nous ne sommes plus des charrieurs de cendres, ni de ceux qui s'occupent de cendres; car l'Amour divin, suivant les paroles d'Ésaïe, nous a donné: “un diadème remplaçant les cendres, une huile d'allégresse au lieu du deuil, un manteau de fête au lieu d'un esprit abattu.”
