Le mot expectative a été ainsi défini: “conviction qui exclut le doute.” Or, tandis que le genre humain nourrit toujours des convictions de ce genre, la difficulté est qu'elles sont généralement fondées sur une si ferme croyance au mal que les expectatives que l'on a sont uniquement celles de désastre, d'échec, de détresse,—à la vérité, de tout ce qui résulte d'une cause maligne; d'où l'habitude de prophétiser le mal, à laquelle s'adonnent si fréquemment les mortels. Le Chrétien lui-même qui parle beaucoup de sa foi en Dieu serait sans doute étonné si on lui rappelait combien de fois par jour il jette le poids et de son penser et de sa langue du côté de l'expectative du mal. Est-il étrange, vu cette habitude de prophétiser le mal, cette expectative de l'opposé du bien, que le monde ait semblé récolter le fruit de sa foi en toutes choses désastreuses et terribles auxquelles il s'est attendu? Ces paroles: “Qu'il vous soit fait selon votre foi,” devraient être pour nous un coup de trompette, nous appelant à examiner la qualité de notre foi, à voir sur quoi elle est fondée et de quelle nature sont ses expectatives.
Lorsque la Science Chrétienne commence à nous réveiller au besoin d'analyser la pensée, il nous semble presque que les mortels ne s'attendent qu'au mal, tant le flux incessant de l'expectative du mal qui est versée dans sa conscience, du dedans ou du dehors, paraît continu. L'une des raisons en est celle-ci: c'est que l'éducation du monde a été faite principalement du point de vue du mal considéré comme pouvoir. Si l'on croit au mal en tant que pouvoir, l'expectative de son activité, accompagnée de résultats également néfastes, semble s'ensuivre tout naturellement. Une raison de plus qui fait que le mal a été considéré comme étant puissant, c'est qu'on a fréquemment accepté la croyance que Dieu le soutenait et que, par conséquent, l'on n'a jamais su à quoi l'on devait s'attendre, puisque Dieu a été non seulement censé sanctionner et permettre le mal, mais souvent même le vouloir et l'avoir pour objet.
Le psalmiste devait avoir un point de vue très différent lorsqu'il chanta: “C'est sur Dieu seul que mon âme se repose en paix, Car mon espoir est en lui.” Il est évident qu'il ne s'attendait pas à ce que le Dieu sur lequel il se reposait lui donnât quelque chose de moindre que le bien comme récompense d'une telle confiance. Aussi, en dépit de la tendance humaine presque universelle à s'attendre au mal, il y en a eu qui ont du moins saisi une lueur de la possibilité de s'attendre au bien et de le recevoir. St. Paul ne voyait que le bien positif en fait d'expectative lorsqu'il écrivit: “En effet, la création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés,”—à savoir la perception et la manifestation de la filialité de l'homme à l'égard de Dieu. En enseignant que Dieu est tout-bon, la Science Chrétienne met en lumière la possibilité de ne jamais avoir que de saintes expectatives. Puisque Dieu, le bien infini, est le seul Dispensateur, quelle raison aurait-on pour s'attendre à moins qu'au bien parfait?
En réfléchissant un moment, nous verrons combien même ce monde actuel semblerait merveilleux, si au lieu de cette attente de toutes choses mauvaises auxquelles les mortels croient maintenant pouvoir se livrer, ils changeaient de système et ne s'attendaient qu'au bien que Dieu leur a préparé! Quelle merveilleuse transformation cette seule réforme même produirait dans la pensée et la vie humaines! A la page 426 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” Mrs. Eddy écrit: “Quand le but est désirable, l'expectative hâte nos progrès.” Donc, si nous commencions par reconnaître que Dieu seul a pouvoir et est tout bon,— que le bien seul est réservé à chaque enfant de Dieu,— quelle joie serait pour nous l'expectative, et combien elle hâterait l'avancement des mortels de la terre vers le ciel! Lorsque nous nous rendons bien compte que, s'attendre à quelque chose en dehors du bien, c'est nier Dieu, nous nous réveillons au fait que la santé et la sainteté, l'harmonie et le ciel, sont les seules expectatives que nous ayons le droit d'avoir.
Il nous reste encore un autre aspect de l'expectative à considérer. A la page 230 de son livre intitulé “The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany” notre bien-aimée Leader nous dit: “La pathologie scientifique explique que la digestion de la nourriture spirituelle est à la fois douce et amère,— douce en tant qu'expectative et amère en tant qu'expérience ou pendant que les sens se l'assimilent.” Cela nous explique qu'il y a une nécessité et un privilège: la nécessité de ne pas perdre de vue le fait que le bien doit s'assimiler, grâce à la bonne volonté constante d'abandonner ce qui est faux pour ce qui est vrai; le privilège de permettre à la douce expectative de nous accompagner à travers ce qui, selon le sens matériel, peut sembler être l'amertume du renoncement à soi-même. Donc, notre devoir aussi bien que notre privilège est de nous attacher constamment à l'expectative sainte,— l'expectative de la bénédiction constante de Dieu, l'expectative que tout bien, et rien de moins, est ce que Son cher amour réserve et destine à chacun de nous qui sommes Ses chers enfants.
Dans la mesure où nous nous attacherons à cette merveilleuse expectative, quelle que soit apparemment la voie que nous ayons à suivre pour y arriver, nous trouverons la joie, la paix et l'assurance nous accompagnant tout le long du chemin, et nulle autre chose que la victoire finale ne pourra couronner ce voyage.
