« Ça y est, c’est reparti. Daniel dans la fosse aux lions… Encore. »
C’est ce que je me suis dit, alors que j’assistais à la réunion de témoignage hebdomadaire de notre église filiale de l’Eglise du Christ, Scientiste. La lecture de passages bibliques venait de commencer par cette histoire bien connue. Pendant mon enfance je l’avais souvent entendue à l’école du dimanche de la Science Chrétienne et, une fois adulte, je l’avais enseignée à mon tour à mes propres élèves de l’école du dimanche. Au cours des années, ce récit avait été repris maintes fois dans les Leçons bibliques hebdomadaires tirées du Livret trimestriel de la Science Chrétienne, et je l’avais entendu bien souvent lors des services religieux.
Comme je connaissais très bien l’histoire, j’ai été tentée de laisser vagabonder ma pensée pendant le service. Mais je me suis ressaisie et j’ai prié : « D’accord, mon Dieu. Apprends-moi quelque chose de nouveau. » Puis j’ai écouté attentivement la lecture.
Quand Darius, le roi de Babylone, envisagea de nommer Daniel, un prisonnier étranger, administrateur en chef de son royaume, cela suscita la jalousie des officiers babyloniens. Ces hommes cherchèrent des informations compromettantes sur Daniel, et comme ils n’en trouvèrent pas, ils complotèrent pour le piéger. Sachant que Daniel priait Dieu trois fois par jour, ils trompèrent le roi et le convainquirent de promulguer un nouveau décret interdisant à quiconque de prier un dieu quelconque pendant trente jours.
Mais Daniel ne s’arrêta pas de prier. Ses rivaux informèrent le roi de la faute commise par Daniel et ils lui rappelèrent que, même en tant que roi, il n’avait pas le droit de changer la loi. En conséquence, Daniel fut jeté dans la fosse aux lions. Le lendemain, le roi se rendit en hâte à la fosse et découvrit que Daniel était indemne. Dieu l’avait protégé. On sortit Daniel de la fosse, et le roi décréta que tous les habitants de son royaume devraient désormais adorer le Dieu de Daniel (voir Daniel, chapitre 6).
A la fin de l’histoire, j’avais reçu une inspiration nouvelle. J’en ai fait part au cours de la réunion, lorsque la personne qui dirigeait le service nous a invités à donner des témoignages de guérison par la prière ou à faire des remarques sur la Science Chrétienne. J’ai expliqué que, jusque-là, je n’avais jamais relevé le fait, souligné plusieurs fois, que la loi ne pouvait pas être changée, pas même par le roi. Ce dernier n’avait apparemment pas le choix. Il était obligé de jeter Daniel aux lions faute de pouvoir modifier le décret qu’il avait signé. Mais après avoir sorti Daniel de la fosse, il rédigea un nouveau décret qui contredisait le premier. « A présent, il a le pouvoir de prendre un nouveau décret, et hop, celui-ci est mis en place ! » Voilà ce qui m’a frappée ce soir-là (même s’il est possible qu’un certain temps ait pu s’écouler entre les deux décrets).
Cette pensée m’a inspirée. Elle m’a rappelé que les lois physiques peuvent ressembler à des décrets immuables. On peut être dupé et croire qu’une maladie doit suivre son cours ou qu’un état mental est incurable, sans qu’on ne puisse rien y faire. Mais en cessant d’attribuer un pouvoir à ces lois physiques, et en ayant foi uniquement dans la loi omnipotente de Dieu, l’Esprit, on recouvre la liberté.
Après mes remarques, un autre assistant à la réunion s’est levé pour faire part de sa nouvelle inspiration au sujet de l’histoire de Daniel. Pâques approchait, et il avait remarqué des similitudes entre Daniel et Jésus. Tous deux enfreignirent des lois injustes. Daniel connaissait le nouveau décret du roi, mais il choisit de continuer de prier Dieu. Jésus guérissait le jour du sabbat, en opposition à l’interprétation de la loi juive par les autorités religieuses. Aucune loi humaine ne pouvait empêcher Daniel ou Jésus de servir Dieu. En outre, tous deux furent condamnés à une mort cruelle : Jésus sur la croix et Daniel dans la fosse aux lions. Puis chacun fut enfermé dans un lieu clos par une grosse pierre – Daniel dans une fosse aux lions, et Jésus dans un tombeau – comme pour sceller leur sort (voir Daniel 6:17 et Marc 15:46) ; mais tous deux surmontèrent ce qui s’apparentait à une mort certaine. Les lions épargnèrent Daniel et, par sa résurrection, Jésus prouva à toute l’humanité et pour toujours que la mort est dépourvue de la réalité qu’elle paraît avoir.
Après les remarques de cette personne, une autre a expliqué ce qu’elle venait de comprendre concernant le roi Darius. Elle avait toujours pensé que le roi avait passé la nuit à faire les cent pas en s’inquiétant pour Daniel. Mais pendant la lecture, elle a remarqué que, selon la Bible, le roi avait passé la nuit à jeûner : il lui est apparu que le roi aussi avait passé la nuit à prier. De même que Daniel pria dans la fosse aux lions, le roi pria à sa manière.
Je n’avais jamais remarqué jusque-là le lien entre Daniel et Jésus, et je n’avais pas relevé le fait que le roi jeûnait. J’avais demandé à Dieu une idée nouvelle, et Il avait pleinement répondu à ma prière ! J’ai quitté la réunion de témoignage enrichie par toutes ces nouvelles idées. Avec humilité, j’ai remercié Dieu de m’avoir montré qu’une même histoire entendue mille fois a toujours quelque chose à nous apprendre.
Même la rédaction de cet article m’a permis d’en apprendre davantage au sujet de Daniel. A mes yeux, l’histoire de Daniel dans la fosse aux lions avait trait à la sécurité et à la protection, mais je comprends maintenant combien elle est en relation avec la loi. Les ennemis de Daniel pensaient pouvoir le piéger en lui interdisant d’obéir à « la loi de son Dieu », mais leurs plans se retournèrent contre eux. Comme le souligne Mary Baker Eddy : « La loi de Dieu atteint et détruit le mal en vertu de la totalité de Dieu. […]
« La loi de Dieu tient en trois mots : “Je suis Tout” ; et cette loi parfaite est toujours présente pour réprouver toute prétention d’une autre loi. » (Non et Oui, p. 30)
J’attends avec impatience qu’une autre histoire familière se retrouve dans la Leçon biblique, car je sais que, tel un kaléidoscope qui fait voir des motifs sans cesse renouvelés, l’Entendement infini, Dieu, me montrera des points de vue nouveaux et pleins d’inspiration.
