De nombreuses personnes qui traversent la douleur ou la souffrance qui proviennent d’une injustice ou d’une parole blessante ont trouvé du réconfort dans les paroles du célèbre poète Alexander Pope : « L’erreur est humaine, le pardon est divin. »
L’humanité semble souvent sujette à des pensées erronées et à des actes incorrects, ce qui peut conduire à la justification courante selon laquelle l’erreur est en fait naturelle. Pourtant, nous aspirons à la consolation et à la libération des torts que ces offenses entraînent. Les leçons de la vie nous enseignent peu à peu que seul un pardon sincère peut y conduire. Pour expérimenter pleinement les bienfaits du pardon, il faut comprendre spirituellement que Dieu est Amour, et que la vérité au sujet de l’homme est qu’il est le reflet de cet Amour.
Pierre a demandé un jour à Jésus : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? » Jésus, sentant le désir de Pierre d’avoir une règle fixe pour la tâche parfois difficile du pardon, a répondu : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois. » (Matthieu 18:21, 22)
Sa réponse nous conduit à réaliser que le pardon est une exigence divine qui n’a pas de fin, et Jésus a montré par sa façon de vivre qu’une réponse ou un jugement dénué d’amour ne peut jamais nous conduire vers le salut ou démontrer notre unité avec notre Père céleste. Sur la croix, il a prié ainsi : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » (Luc 23:34)
Cette supplication exprimait le point de vue humble et compatissant qui s’élève au-dessus des circonstances mortelles. Ses paroles jaillissaient d’un cœur rempli de miséricorde pour ceux qui commettaient le crime le plus odieux, la crucifixion d’un être sans faute, qui avait apporté à tant de gens la présence de l’Amour divin qui guérit. Comprenant que Dieu est Amour, et que l’homme existe afin de manifester l’Amour de toutes les manières possibles, Jésus savait que son ennemi n’était pas une personne ni un groupe de personnes, mais l’ignorance qui sous-tendait une perception remplie de crainte de ce qu’était sa mission – l’ignorance de Dieu et de Son idée spirituelle.
Lorsqu’il était dans le tombeau, Jésus s’est élevé au-dessus de la croyance selon laquelle il était à la merci d’une animosité ayant pour fondement la matière, et il a démontré que la résistance mortelle au Christ – l’activité de l’amour de Dieu qu’il a si parfaitement exemplifié – ne pouvait pas le tuer. Si la pensée de Jésus avait été à un moment ou à un autre entachée de ressentiment ou d’apitoiement sur lui-même, la pierre n’aurait jamais été roulée de devant l’entrée du tombeau. Sa compassion a écarté la dureté qui l’aurait maintenu dans le tombeau, qui aurait bloqué sa capacité à expérimenter la grâce de Dieu qui apporte la liberté, au moment où elle était tellement nécessaire.
Et pourtant, au-delà de cette compassion, de ce pardon tendre mais puissant, il y avait une étape supplémentaire à franchir. C’était une étape qui allait élever pleinement Jésus au-dessus du mépris et des outrages de ceux qui en voulaient à sa vie. Ses trois jours dans le tombeau, loin de tous ceux qui le persécutaient ou qui s’accrochaient à lui en tant que personnalité, lui ont donné l’occasion d’accomplir la mission que Dieu lui avait confiée pour l’humanité. Mary Baker Eddy le décrit ainsi dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures : « L’enceinte solitaire de la tombe offrit à Jésus un asile contre ses ennemis, un lieu où résoudre le grand problème de l’être. Ses trois jours de travail dans le sépulcre mirent le sceau de l’éternité sur le temps. Il prouva que la Vie est immortelle et que l’Amour est maître de la haine. » (p. 44)
Jésus savait que lui, le Fils de Dieu – le Christ –, n’avait jamais été déchu de son état d’être spirituel accordé par Dieu et qu’il n’avait jamais été crucifié par le faux concept de la vie dans la matière, qui s’oppose à l’Esprit. Ce n’était pas l’homme de Dieu, l’image pure et parfaite de son Créateur, qui avait cloué Jésus sur la croix, mais la conception matérielle erronée de l’homme, liée à tout ce qui constitue un faux sens mortel de la vie dans la matière. L’étape suivante franchie par Jésus, qui a consisté à accepter de manière constante que l’homme est totalement exempt de toute matérialité, a assuré sa libération des blessures de l’égoïsme et de la haine de l’ignorance mortelle, et a permis à sa pensée de s’élever entièrement au-dessus du rêve mortel.
La compréhension que Jésus avait du fait que la Vérité est réelle et l’erreur irréelle faisait enrager l’entendement charnel, mais c’est cette compréhension qui l’a finalement libéré des éléments persécuteurs de la terre. Et, comme Jésus est notre exemple, notre guide, nous devons, pas à pas, imiter tout ce qu’il a fait et enseigné afin de travailler à notre propre salut. Cette exigence s’applique à tous les domaines de notre vie. Jésus a illustré le pardon pur, inaltéré, et nous devons faire de même. Nous devons nous aussi comprendre que même si nos difficultés peuvent sembler très réelles dans l’expérience humaine, elles n’ont aucune réalité en Dieu, l’Amour divin. Nous devons nous élever au-dessus de la croyance en une création matérielle avec des personnalités mortelles capables de mal agir, et franchir l’étape supplémentaire, au-delà de la matérialité, pour réaliser que nous avons notre être en Dieu, dans l’Amour, où il n’y a pas d’offense, pas de tort, ni aucun besoin de pardon. De cette façon, nous finirons par obtenir – comme Jésus l’a prouvé pour nous dans sa propre victoire sur la mortalité – notre libération complète de la douleur et de la tristesse.
Mary Baker Eddy aborde ce point précis dans son article « Aimez vos ennemis » dans Ecrits divers 1883-1896. Elle écrit : « Considérez uniquement comme votre ennemi ce qui souille, défigure et détrône l’image-Christ que vous devriez refléter. Tout ce qui purifie, sanctifie et consacre la vie humaine n’est pas un ennemi, quelles que soient nos souffrances au cours de ce processus. » (p. 8)
Aimer les autres comme Jésus l’a enseigné exige que nous les voyions dans leur véritable identité spirituelle, comme des enfants bien-aimés de Dieu ; et cela annihile les tourments du faux sens matériel, détruisant ainsi la tristesse et le remords qu’une fausse perception matérielle favorise souvent. Cette destruction du faux sens matériel exige souvent un grand effort. Les bénéfices que l’on retire de cet effort sont mis en avant dans le même article : « Cette destruction est une chimicalisation morale, dans laquelle les choses anciennes passent et toutes choses deviennent nouvelles. Le penchant des affections et des visées humaines pour les choses de ce monde et de la matière est ainsi annihilé ; et ceci est l’avènement de la spiritualisation. Le ciel descend sur terre et les mortels apprennent enfin cette leçon : "Je n’ai pas d’ennemis." » (p. 10)
Au fil des années, j’ai fait l’expérience des défis que l’on rencontre lorsque l’on abandonne les représentations souvent élaborées et déchirantes du sens personnel. J’ai appris qu’alors que nous pouvons, et que nous devons, nous élever dans l’Amour jusqu’à l’accomplissement du pardon, l’étape qui culmine finalement dans l’élimination de toute souffrance et de toute tristesse est la réalisation de l’irréalité totale de l’offense qui nous avait autrefois semblé si réelle. Une fois que nous avons cédé à la vérité selon laquelle l’homme créé par Dieu n’a jamais vraiment fait partie du rêve illusoire de la vie dans la matière, nous libérons notre pensée de la récrimination, du ressentiment, de la tristesse, etc.
Cela est vrai même si, au cours de ce processus de guérison, une séparation est nécessaire entre l’autre et nous-mêmes. Dans de telles circonstances, nous pouvons, avec douceur, confier cette personne à Dieu. Et tandis que nous poursuivons notre chemin, nous n’avons pas besoin de lui tourner le dos, mais nous pouvons plutôt la voir enveloppée de l’amour de Dieu. En affirmant la véritable identité spirituelle de la personne concernée – sa perfection dans l’Entendement, sa pureté dans l’Ame, son état non déchu dans l’Esprit – nous libérerons la vision que nous avons d’elle du rêve de la mortalité, et c’est là l’amour le plus élevé que nous puissions offrir. De cette façon, nous ne retirerons pas notre amour, mais nous l’élèverons vers l’amour supérieur de l’Amour divin, qui apporte la guérison.
La Science Chrétienne nous apprend qu’en toutes circonstances, « l’Amour est le libérateur » (Science et Santé, p. 225). Ainsi, abandonner le désir de s’engager uniquement sur un plan humain et chercher plutôt à trouver ceux que nous aimons en Dieu, dans leur véritable être spirituel, c’est laisser les flots guérisseurs et régénérateurs de l’Amour se déverser. Cet Amour n’est ni personnel ni possessif, mais rend tout à Dieu, en qui l’on trouve la plus grande sollicitude et l’enrichissement le plus profond. Ce lâcher-prise altruiste est la quintessence de la vie telle que Jésus la vivait, et de l’amour divin que Jésus exprimait d’une manière dépourvue de tout égoïsme.
 
    
