La Bible mentionne souvent la compassion, et plusieurs fois en référence à Christ Jésus. Il est clair que cette qualité rayonnait chez le Maître dans son activité quotidienne qui consistait à enseigner et à guérir. Mais qu’est-ce que la compassion et quel rôle joue-t-elle, ou devrait-elle jouer, dans notre vie de disciple de Jésus ?
Une définition du mot « compassion » est : « La qualité humaine permettant de comprendre la souffrance des autres et traduisant le désir de faire quelque chose pour y remédier ». La compassion est souvent confondue avec un sentiment humain de pitié, un sentiment de chagrin causé par la souffrance des autres. Mais la compassion va plus loin, insufflant un profond désir d'aider à soulager la douleur ou la souffrance d’autrui.
Mary Baker Eddy écrit : « Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres. Sa pitié s’exprime dans des formes au-dessus de l’humain. [...] La compassion de Son Entendement éternel est pleinement exprimée dans la Science divine qui efface toutes nos iniquités et guérit toutes nos infirmités. La pitié humaine apporte souvent la souffrance. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 102)
Pour illustrer ceci, un sentiment de pitié inutile envers une personne submergée par la peur pourrait être : « Oh, mon pauvre ami, je comprends à quel point tu dois être effrayé. » Une compassion d’inspiration divine élève la pensée au-dessus de la peur, comme Jésus l’a fait lorsqu’il a dit à un homme confronté à la mort apparente de sa fille : « Ne crains pas, crois seulement, et elle sera sauvée. » (Luc 8:50)
La fausse pitié accepte l’évidence de la souffrance comme étant réelle et elle attache le problème à la personne. Elle découle de la croyance qu’il existe quelque chose en dehors du Dieu infini, le bien. La compassion du Christ, à l’inverse, rejette le témoignage des sens matériels et cède à la vérité spirituelle que Dieu est tout et gouverne tout harmonieusement. Ce point de vue corrige les fausses prétentions du mal par la vérité spirituelle, et apporte un changement salvateur à la pensée et à l’expérience humaines.
Dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, Mary Baker Eddy résume ainsi le pouvoir transformateur de la compassion du Christ : « Jésus voyait dans la Science l’homme parfait, qui lui apparaissait là où l’homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l’homme guérissait les malades. » (p. 476-477)
La Science Chrétienne met l’accent sur le fait que Dieu est Amour et que l’Amour divin est une force de guérison qui élève, réconforte et bénit l’humanité. J’ai eu l'occasion de démontrer ce pouvoir il y a plusieurs années lorsque j’enseignais à des élèves souffrant de problèmes émotionnels et comportementaux graves. L’une de mes élèves était une jeune fille qui avait un comportement autodestructeur. Après plus d’un an de travail avec elle, nous avions noué des liens étroits et nous avions mis en place des schémas à suivre chaque fois qu’elle se fâchait. L’un d’entre eux consistait à marcher ensemble dans le couloir pendant que je lui tenais les mains pour l’empêcher de se blesser.
Un jour, alors que nous terminions une promenade, quelque chose l’a surprise et elle a explosé de colère. J’essayais de la maintenir debout, mais elle a perdu l’équilibre et a commencé à tomber, alors que je la tenais toujours. J’étais consciente de l’importance de continuer à la retenir, ainsi que de ne pas tomber directement sur elle. J’ai effectivement évité d’atterrir sur elle, mais ma tête a heurté le sol avec une telle force que le bruit a alerté d’autres personnes qui sont venues à mon aide. L’élève n’a pas été blessée et un autre enseignant l’a aidée à retourner en classe.
Je n’ai pas pu me lever tout de suite, mais j’ai accepté de l’aide avec gratitude et j’ai été conduite à l’infirmerie. On m’a proposé des analgésiques, mais je les ai refusés et je me suis assise tranquillement pendant quelques minutes, remplie de gratitude pour le soutien affectueux que l’élève et moi avions reçu. Puis j’ai décidé que le mieux était de rentrer chez moi.
Une fois à la maison, j’ai commencé à prier sérieusement, m’accrochant au fait que ma relation avec Dieu était ininterrompue. Malgré l’évidence des sens physiques, j’ai affirmé le fait spirituel que je n’avais jamais chuté hors de la sollicitude aimante de Dieu. Je savais que ma véritable identité en tant qu’image et ressemblance de Dieu était à jamais intacte et parfaite.
La douleur a diminué et mon sentiment de calme a augmenté, mais la bosse sur ma tête était toujours douloureuse et disgracieuse. Je ressentais fortement que je passais à côté de quelque chose d’important et j’ai humblement demandé à Dieu ce que j’avais besoin de savoir.
Les mots « ému de compassion » me revenaient sans cesse à l’esprit. Cette expression est utilisée plusieurs fois dans le Nouveau Testament pour décrire la réponse de Jésus aux personnes qui venaient à lui pour être guéries. Au début, je pensais que ce ne pouvait pas être le message que j’attendais, car j’aimais vraiment cette jeune fille et je la traitais toujours avec patience et douceur. Mais ensuite, j’ai réalisé que j’étais émue d’une pitié humaine pour elle, pas de la compassion du Christ. Plutôt que de la voir comme Jésus l’aurait vue, comme l’enfant bien-aimée de Dieu, intouchée par le mal, je l’associais à un passé traumatisant et je me sentais mal pour elle. Ce que j’avais besoin de faire, c’était de voir qu’elle était libre et que Dieu prenait toujours soin d’elle. Et j’avais besoin de chérir toutes les qualités qu’elle exprimait.
En ouvrant ma Bible, j’ai lu les récits où Jésus prenait soin avec compassion de ceux qui avaient besoin d’être guéris. Lorsque deux aveugles lui ont demandé de les guérir, il ne les a pas regardés avec une fausse pitié, et il n’a pas discuté de leur état avec bienveillance. La Bible dit qu’il était « ému de compassion », et cette compassion voyait, au-delà de l’apparence extérieure, la nature véritable de l’homme en tant qu’expression spirituelle et parfaite de Dieu. Et ils ont été immédiatement guéris (voir Matthieu 20:30-34).
Cette étude m’a remplie d’inspiration et m’a apporté un soulagement physique immédiat. La douleur et la grosseur ont rapidement disparu, et j’ai pu assister à un évènement dans la soirée comme prévu. Mais la bénédiction ne s’est pas arrêtée là. Ce que j’ai appris a profondément changé ma pensée et mon expérience. Mes élèves avaient généralement vécu des histoires horribles, et la lecture de leurs dossiers m’avait toujours remplie de pitié humaine et d’indignation face aux injustices qu’ils avaient subies. Bien qu’il puisse être utile de connaître certains éléments de base au sujet des gens, il est plus important encore de ne pas les limiter ou les définir en raison de leur passé humain.
Elever la pensée depuis un sens humain de pitié jusqu’à la compassion du Christ m’a permis de voir au-delà des limites supposées des élèves et de les aider à progresser. Eux et moi avons été témoins de merveilleux changements. Lorsque des problèmes de comportement survenaient, ils étaient résolus plus rapidement, et cela apportait plus d’harmonie dans la classe. Et le comportement de la jeune fille que j’ai mentionnée plus haut est devenu moins instable et moins autodestructeur.
J’ai également réalisé que cette compassion devait être exprimée envers tous ceux avec qui j’entrais en contact. S’efforcer de voir le monde avec des yeux compatissants, plutôt que de sympathiser avec les erreurs du sens matériel devant être détruites, oriente notre pensée vers les idées de guérison enseignées en Science Chrétienne. En nous détournant de l’image mortelle vers la vérité de la création sans défaut de Dieu, nous pouvons nous considérer les uns les autres à l’aune d’un amour authentique, libérés des opinions ou des codes humains, y compris lorsque ces points de vue semblent être bien intentionnés.
Chacun de nous peut y parvenir parce que la véritable compassion a sa source en Dieu. C’est une qualité qui n’est pas donnée seulement à quelques élus, mais à tous ceux qui veulent vraiment suivre l’exemple de Jésus. Cette compassion nous élève spirituellement, elle nous apporte de l’espoir, ainsi que l’harmonie, et nous permet de nous attendre à la guérison et de la voir se réaliser.