Il y a quelque temps, je vendais des espaces publicitaires pour un quotidien régional. Un conflit avait opposé l’ancien éditeur et le plus gros annonceur du journal, un concessionnaire automobile de la localité. En raison d’un tel contexte, mes collègues avaient peur de ce concessionnaire, et moi également.
Un jour, aux alentours de Noël, cet homme est venu à notre bureau pour déposer un cadeau. J’avais cru avoir affaire à un monstre, mais quand je l’ai vu, il avait l’air tout à fait normal. Pour la première fois, j’ai pensé qu’il n’était peut-être pas aussi mauvais qu’on le prétendait.
Quelques mois plus tard, son annonce a été bâclée à l’impression par mégarde, si bien que toutes les voitures qui y figuraient étaient déformées. La direction a demandé qui allait le lui annoncer. Je me suis entendu dire : « Je le ferai. » On m’a regardé avec soulagement.
J’étais la personne la plus jeune et la moins expérimentée de notre service, et cette situation ressemblait un peu, mais en plus modeste, à l’histoire de David et Goliath (voir I Samuel 17). Dans ce récit, David s’est porté volontaire pour une tâche qui effrayait les autres, alors même qu’il n’était pas le plus aguerri. Je me suis souvenu de la manière dont il avait abordé la situation : il n’était pas impressionné car il était conscient de la totalité de Dieu, et il avait confiance dans Sa présence à ses côtés.
Ressentant la présence de Dieu, j’ai entendu un message-ange me dire qu’il valait mieux surmonter ma peur avant ce rendez-vous. Alors que je priais pendant le trajet en voiture, j’ai demandé à Dieu de me dire ce qu’Il savait au sujet de cet homme. Il m’a été rappelé qu’il était l’enfant de Dieu, aussi ai-je prié pour le voir comme Dieu le voyait : l’homme parfait de Dieu, aimable, compréhensif, indulgent et naturellement réceptif à la vérité.
Une fois introduit dans le bureau du concessionnaire, je lui ai montré l’annonce en présentant nos excuses, et je lui ai expliqué comment l’erreur s’était produite et ce que nous allions faire pour la rattraper. « Très bien », a-t-il simplement répondu.
Je l’ai remercié, et je m’apprêtais à partir quand il a soudain ajouté : « Attendez ! Dites à votre patron que je veux que ce soit vous qui gériez mon compte dorénavant. »
Comme j'étais rémunéré uniquement à la commission et que j'étais père d’une jeune famille à nourrir, il s’agissait pour moi d’une affaire importante. Grâce à ce client, mon salaire mensuel a doublé sans qu’aucun collègue ne soit privé de sa commission, puisque le directeur de la publicité, qui avait lui-même géré ce client, était ravi que quelqu’un d’autre s’en charge. Cependant, la véritable guérison a été d’apprendre à voir tout le monde, et notamment ce concessionnaire automobile et les vendeurs en général, comme des enfants de Dieu.
Plus récemment, je me suis rendu chez un concessionnaire automobile pour acheter un nouveau véhicule. En priant pour savoir que Dieu me donnait ce dont j’avais besoin, j’ai pris conscience du fait que mon achat fournirait au vendeur la somme nécessaire pour acheter, par exemple, des produits alimentaires, ce qui aiderait l’épicier à rembourser son emprunt, et ainsi de suite. Cette idée est joliment illustrée dans ce passage de la seconde épître aux Corinthiens : « Car il s’agit, non de vous exposer à la détresse pour soulager les autres, mais de suivre une règle d’égalité : dans la circonstance présente votre superflu pourvoira à leurs besoins, afin que leur superflu pourvoie pareillement aux vôtres, en sorte qu’il y ait égalité. » (8:13,14)
Tout s’est bien passé puisque j’ai pu négocier le prix d’achat d’un véhicule tout électrique. Ce soir-là, cependant, je me suis rendu compte qu’il mettait bien trop de temps à se recharger, et qu’il ne me convenait pas pour diverses raisons. Mais je n’allais pas me présenter au comptoir de vente avec le ticket de caisse comme si je retournais un T-shirt qui n’était pas à ma taille !
Aussi, le lendemain matin, alors que j’allais à la concession pour tenter de rendre le véhicule, j’ai écouté en conduisant la Leçon biblique de la Science Chrétienne de la semaine, qui contenait l’histoire de Jésus dans le jardin de Gethsémané. En toute humilité, je me suis demandé si mon plus gros problème était, en fait, qu’une voiture flambant neuve mettait un peu trop de temps à se recharger. Même si je n’avais toujours pas l’impression que c’était le véhicule idéal, j’ai décidé que si mon trajet quotidien me prenait quelques heures de plus chaque semaine à cause de la nécessité de recharger la voiture, en toute humilité je serais prêt à ce faire et je consacrerais ces moments à l'étude et à la prière. Tout comme Jésus dans le jardin de Gethsémané, j’ai prié de cette façon : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. » (Luc 22:42)
En arrivant chez le concessionnaire, je lui ai présenté mes excuses pour l’erreur que j’avais commise en choisissant cette voiture, et j’ai rassuré le vendeur en lui disant qu’il avait bien fait son travail. Je lui ai dit que finalement la voiture ne me convenait pas et que je voulais récupérer mon ancien véhicule.
J’avais imaginé un certain nombre de réactions possibles de la part du concessionnaire, mais je ne m’attendais pas à ce qui allait se passer. Le directeur des ventes a apprécié que je ne leur en veuille pas. Ils voulaient tous que je sois satisfait. Pour cela, il m’a proposé d’annuler le contrat de vente, et tout simplement de me rendre mon véhicule.
J’ai été profondément touché par cette attitude compréhensive et généreuse. J’ai fait moi-même amende honorable, m’étant débarrassé de la croyance que les vendeurs auraient pu me tromper ou être malhonnêtes. J’ai compris que je pouvais toujours m’efforcer de voir toute l’humanité, y compris ces personnes, comme des enfants de Dieu honnêtes, bons et parfaits. Lorsque nous maintenons dans nos pensées le concept juste de Dieu et de l’homme, de belles choses se produisent pour chacun d’entre nous.
