Anéantir ! Effacer ! Détruire ! Vaincre !
Ces termes forts peuvent susciter de vives émotions et doivent être employés avec précaution et à bon escient – par exemple dans des circonstances pénibles et dangereuses. Hésiteriez-vous à éradiquer une maladie ou à éliminer la pauvreté ? Ou à réduire à néant la dépendance à la drogue ou à l’alcool ? En pareils cas, il n’est pas question de laisser le moindre vestige du problème. On voudrait qu’il soit à jamais banni.
La découvreuse de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, explique carrément comment le Christ – qu’elle décrit comme la véritable idée spirituelle de Dieu – délivre une humanité aux prises avec le mal. Non seulement on retrouve dans ses écrits les verbes cités au début de cet article, mais elle les utilise sous une forme ou une autre plus de cinq cents fois. Par exemple, dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, elle écrit ceci : « De même que la lumière détruit les ténèbres et qu’à la place des ténèbres tout est lumière, ainsi (dans la Science absolue) seule l’Ame, ou Dieu, communique la vérité à l’homme. » (p. 72)
Quelles sont donc, exactement, ces ténèbres qui doivent être détruites ? Il s’agit de la croyance subtile et erronée que l’homme est matériel et mortel, voire un mélange d’éléments matériels et spirituels. La vérité est que l’homme est spirituel, à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’Esprit (voir Genèse 1:26, 27). Chacun de nous reflète la perfection et la totalité de Dieu, qui est aussi l’Entendement infini.
La croyance que quiconque possèderait un entendement mortel, susceptible de s’écarter de la perfection, est un mensonge qui pourrait obscurcir notre perception de la façon dont Dieu nous a créés. En refusant d’accepter cette fausse suggestion mentale, nous rejetons les ténèbres, et nous nous tournons au contraire vers la lumière du Christ, la véritable idée de Dieu, qui nous libère du péché, de la maladie et de la mort. Ainsi, les ténèbres qui semblent vouloir nous infliger ces maux sont non seulement battues, mais détruites.
Pour résoudre un problème, il faut en éradiquer la cause profonde au lieu de se contenter de n’en traiter que les symptômes. Dans Science et Santé on lit ceci : « Le prétendu entendement mortel ou l’entendement des mortels étant la cause lointaine, prédisposante et déterminante de toute souffrance, la cause de la maladie doit être effacée par le Christ en Science divine, sinon les prétendus sens physiques remporteront la victoire. » (p. 230) L’entendement mortel ne doit donc pas seulement être masqué, toléré, ignoré ou apaisé, mais bel et bien effacé.
Il n’y a aucune raison de s’accrocher un tant soit peu à une perception erronée – non spirituelle – de l’homme, ou de regretter son empreinte présente ou passée dans notre pensée. Cette manière de penser lui laisserait la porte ouverte pour se réinstaller dans la conscience. Une fois qu’il a été démontré qu’un concept est erroné, il ne peut plus nous duper.
Vaincre une façon de penser erronée demande-t-il un effort mental considérable ? Bien qu’il soit parfois difficile d’affronter les prétentions du mal, surtout lorsqu’elles font peur, on se sent plus fort en sachant que la création de Dieu est, comme Lui, entièrement bonne, et que l’omniprésence et l’omnipotence de Dieu, en tant que Vérité, Vie et Amour, est un fait, non une supposition. Face aux problèmes, nous pouvons être sûrs que notre travail ne consiste pas à rendre bon l’univers, mais à reconnaître que le bien établi et maintenu par Dieu est déjà présent. Soyons également certains que « la Vérité, la Vie et l’Amour sont une loi d’annihilation contre tout ce qui leur est dissemblable, parce qu’ils n’expriment rien d’autre que Dieu » (Science et Santé, p. 243). Le pouvoir se trouve dans la loi de Dieu, et non dans une capacité personnelle.
Christ Jésus était capable de guérir toutes les afflictions parce qu’il comprenait que Dieu était la seule présence et la seule puissance, si bien que la question de l’existence d’un problème ne se posait même pas. Si ce qui semble être réel est en fait une fausse croyance au mal – une prétention – qu’y a-t-il de plus efficace pour l’éliminer que de ne pas y croire ? Une claire compréhension de la réalité rend impossible la croyance à un mensonge qui lui est contraire.
Le fait de s’efforcer d’aimer tout comme le faisait Jésus n’implique pas d’être timoré face à des croyances erronées. Notre Maître détruisait la maladie et le péché parce qu’il aimait tout le monde, y compris les pécheurs. Il guérissait, non pas en ignorant les actes malveillants et les conditions inharmonieuses, mais en réfutant leur prétention à la réalité, comme il le faisait pour toute situation discordante.
Il y a quelques années, j’ai souffert d’une grave blessure. J’ai fait un faux mouvement en jouant au basket-ball et j’ai ressenti un craquement dans le bas de la jambe. C’était très douloureux, et tout à coup je ne pouvais plus bouger le pied. Une grande peur m’a envahi alors que je quittais le terrain en sautillant. Je me suis assis dans le vestiaire, seul, et je me suis efforcé de me calmer en pensant que Dieu prenait tendrement soin de l’homme et le protégeait. Mes amis m’ont aidé à rentrer chez moi ce soir-là. J’ai appelé un praticien de la Science Chrétienne pour lui demander un traitement métaphysique, c’est-à-dire de m’aider par la prière.
Je n’avais jamais fait face à un défi aussi grand jusque-là ; je craignais de ne plus jamais pouvoir courir ni faire de sport. Mais je savais que la Science Chrétienne pouvait guérir n’importe quelle maladie ou accident. Je me suis appliqué à démontrer le pouvoir guérisseur du Christ, la Vérité divine.
Ma prière a consisté à accepter sans réserve mon être véritable, spirituel et parfait, tel que Dieu l’avait créé, et à refuser d’entretenir la croyance que j’étais un mortel doté d’un corps vulnérable et matériel. Chaque fois que la crainte de ne pas retrouver une entière mobilité s’est manifestée, j’ai récusé cette suggestion jusqu’à ce que je parvienne à l’annihiler et à la remplacer par une calme confiance dans la capacité omnipotente de Dieu à maintenir mon activité et ma liberté.
Au cours des semaines suivantes, j’ai prié avec persévérance, ne laissant aucune place dans mes pensées pour la crainte de ne pas retrouver ma mobilité. Par la suite, cette sombre perspective ne m’a plus effleuré. Une fois la peur dissipée, mon état physique s’est rapidement amélioré. J’ai d’abord pu marcher, puis trottiner doucement, et enfin courir à nouveau librement. J’ai reconnu avec gratitude et émerveillement le grand pouvoir de guérison de Dieu.
Les pensées agressives ou pleines de colère ne servent à rien dans la destruction de l’erreur, car pour guérir il faut insister avec fermeté sur ce qui est vrai. Il ne faut pas non plus chercher à effacer énergiquement quelque chose de concret, mais simplement reconnaître avec gratitude l’irréalité de l’erreur à la lumière de la totalité de Dieu. Une fois qu’une erreur est perçue comme un mensonge et qu’elle est corrigée dans la conscience, on n’en subit plus les effets. Comprendre Dieu entraîne naturellement et inévitablement l’éradication de tout ce qui ne vient pas de Lui.
Anéantir ! Effacer ! Détruire ! Vaincre !
Mary Baker Eddy était une orfèvre en matière de mots. L’utilisation qu’elle fait de ces verbes actifs et puissants révèle un point métaphysique important : on n’a jamais aucune raison de s’accommoder d’une erreur. Aucune suggestion allant à l’encontre de notre nature spirituelle ne doit être prise en compte, avoir l’occasion de se reformer, occuper la pensée, ne serait-ce qu’un instant. La prière dans laquelle on reconnait que l’erreur n’est rien parce que Dieu, l’Esprit, est le seul créateur et la seule cause, cette prière détruit complètement l’erreur, et apporte la guérison.
